Entre Actual qui glisse au portant dans les alizés et le dernier Class40 à l’est des Açores, les 21 concurrents de la Transat Jacques Vabre s’étalent désormais sur 1400 milles (2500 km). Dans les trois séries, les écarts entre les leaders et leurs poursuivants commencent à être importants : 400 milles en Multi50, 200 milles en Imoca, et 100 milles en Class40. Mais nous ne sommes qu’à la mi-course et l’autoroute alizéen ne semble pas si fluide que cela…
Voilà plus de trois jours que Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou occupent le haut du tableau. Le fait est assez rare pour être souligné car jusqu’à présent, aucun équipage n’avait tenu tête aussi longtemps. « Je suis content parce que pour l’instant, nous sommes dans la vérité » analysait Jérémie Beyou à la vacation du jour. A bord du bateau bleu, les deux navigateurs ont résisté à la tentation du sud. Leur route, proche de l’orthodromie n’était pas la plus facile car elle exigeait de passer dans du vent fort, puis de persister au près dans une mer formée. Pendant plusieurs jours encore, les classements de la Transat Jacques Vabre risquent fort de leur donner raison.
Dans leur sillage et celui de leur unique chasseur Hugo Boss (2e à 27 milles), il faut passer la barre des 200 milles pour trouver le troisième, Bureau Vallée. Les frères Burton, bizuths de la Transat Jacques Vabre, ont réalisé un début de course intelligent, à leur rythme. Ils profitent pleinement de l’instant présent et de leur place sur le podium provisoire. A partir du 6e, Macif, le retard se monte à plus de 300 milles. Les retardataires n’ont plus vraiment le choix : mettre du charbon et prier pour que la météo se complique pendant les 2300 milles qu’il reste à parcourir jusqu’au Costa Rica. Les voici tous au portant, soulagés d’être sortis des grands calmes de la veille. La sinistrose s’est dissoute dans le souffle du vent qui fait désormais gonfler les gennakers et filer les bateaux à plus de 14 nœuds.
L’exocet Actual
Mais le bateau le plus rapide de la flotte aujourd’hui s’appelle Actual. A bord de leur Multi50, Yves Le Blévec et Samuel Manuard profitent d’un vent d’est-nord-est de 25 nœuds pour débouler à 20 nœuds de moyenne. Pieds nus à la barre, les deux homme se félicitent de la présence de leur pare-brise qui les protège des escadres de poissons volants… signe que les alizés sont là. Derrière, en compagnie des Imoca, Maître Jacques doit cravacher pour rattraper ses 391 milles de retard !
On souffle en Class40
Yannick Bestaven et Eric Drouglazet s’appliquent à augmenter leur avance sur ERDF Des Pieds et des Mains (plus de 110 milles). Pour la bagarre, il faut regarder plus loin, entre Groupe Picoty, 40 Degrees et Phoenix Europe Express qui se disputent la troisième place. Côté météo, la queue de peloton a vécu hier son dernier coup de vent et les conditions s’améliorent peu à peu pour tous.
Ils ont dit :
Louis Burton, Bureau Vallée Imoca, 3e à 17 heures : "C’est super on est très content de notre classement. C’est chouette, on a du vent, on ne va pas trop mal, c’est cool ! On a très peu dormi la première semaine, on a adopté une sorte de stratégie de repos depuis 24 heures, On dort sur les voiles à l’intérieur, habillés, avec des couvertures polaires, on essaie de laisser l’autre dormir pendant 6 à 7 heures d’affilée ! Dans la famille on adore dormir. On en a pris plein la gueule pendant une semaine, il est de bon ton de recharger les batteries. La météo est assez claire pour nous donc on en profite. On n’est pas dupes, les mecs derrière vont aller vite. Il va falloir qu’on allume sévère si on ne veut pas se faire rattraper. Que la force soit avec nous !"
Kito de Pavant, Groupe Bel, 9e : "On a enfin touché du vent cette nuit vers 3heures du matin : ça s’est mis à souffler, deux noeuds, puis cinq puis dix…jusqu’20 nœuds maintenant, on avance à 18 nœuds. Ça change d’hier où on a fait 100 milles en 36 heures ! On peut dire que c’est un record de lenteur… Ce matin on avait Maitre Jacques et Safran un peu plus au sud en vue. On a parlé un petit moment en VHF mais on n’était pas très fier des conditions dans lesquelles on était. Ce sont des moments où on n’a pas trop envie de causer, les voiles qui claquent, c’est laborieux … mais c’est de l’histoire ancienne ! Cette nuit j’ai fait un coma pendant trois heures, Yann a mis une heure à me réveiller. Là c’est lui qui dort et je crois qu’il pourrait y avoir un tremblement de terre, rien ne pourrait le réveiller !"
Eric Drouglazet, Aquarelle.com Class40, 1er : "Côté orientation du vent, ça tourne doucement, mais ça va quand même dans le bon sens. On a l’impression de débouler un peu plus vite, après une semaine de prés où on en avait plein les bottes ! Je ne connaissais pas le 40 pieds mais ça tape beaucoup quand même ! On ne se focalise pas trop sur l’avance qu’on a, on essaie de creuser l’écart, on navigue comme s’il y avait un bateau à trois milles derrière nous. On fait marcher, j’entends le winch qui n’arrête pas de tourner dehors avec Yannick, c’est plutôt bon signe. Si on se relâche trop c’est là qu’on fait des bêtises. Je n’ai pas l’habitude d’être tranquille comme ça,, c’est agréable : ça permet d’apprécier les moments en mer. Ça commence à devenir agréable, ça glisse et ça tape moins. Pendant huit jours on se demandait ce qu’on faisait là."
Jean-Christophe Caso, Groupe Picoty, 3e : "Tous les quarts d’heure, toutes les demi-heures, il faut prendre un ris ou envoyer le solent ou la trinquette. Il faut réduire dans les grains et renvoyer derrière. On essaie de se reposer mais ce n’est pas évident, on essaie de ne pas faire taper le bateau pour ne pas tout détruire, on essaie de ménager les organismes. On dort dans un pouf à billes calé entre la cloison et la coque, on ne bouge pas trop, ça permet de soulager l’organisme. Vues les conditions, on est tout le temps tendu. Quand on est dans le pouf, on arrive à se relaxer. Ensuite, le sommeil, c’est au gré des chocs, des bruits et des manœuvres, il reste quinze jours de course, il va falloir être assez frais."
Classement à 17 h:
Imoca
1 VIRBAC PAPREC 3 Jean-Pierre Dick - Jérémie Beyou
2 HUGO BOSS Alex Thomson - Guillermo Altadill
3 BUREAU VALLÉE Louis Burton - Nelson Burton
Multi 50
1 ACTUALYves Le Blevec - Samuel Manuard
2 MAITRE JACQUES Loic Fequet - Loic Escoffier
Class 40
1 AQUARELLE.COM Yannick Bestaven - Eric Drouglazet
2 ERDF - DES PIEDS ET DES MAINS Damien Seguin - Yoann Richomme
3 GROUPE PICOTY Jacques Fournier - Jean-Christophe Caso
Classements complets ici
Source : Transat Jacques vabre
Credit : TJV
Voilà plus de trois jours que Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou occupent le haut du tableau. Le fait est assez rare pour être souligné car jusqu’à présent, aucun équipage n’avait tenu tête aussi longtemps. « Je suis content parce que pour l’instant, nous sommes dans la vérité » analysait Jérémie Beyou à la vacation du jour. A bord du bateau bleu, les deux navigateurs ont résisté à la tentation du sud. Leur route, proche de l’orthodromie n’était pas la plus facile car elle exigeait de passer dans du vent fort, puis de persister au près dans une mer formée. Pendant plusieurs jours encore, les classements de la Transat Jacques Vabre risquent fort de leur donner raison.
Dans leur sillage et celui de leur unique chasseur Hugo Boss (2e à 27 milles), il faut passer la barre des 200 milles pour trouver le troisième, Bureau Vallée. Les frères Burton, bizuths de la Transat Jacques Vabre, ont réalisé un début de course intelligent, à leur rythme. Ils profitent pleinement de l’instant présent et de leur place sur le podium provisoire. A partir du 6e, Macif, le retard se monte à plus de 300 milles. Les retardataires n’ont plus vraiment le choix : mettre du charbon et prier pour que la météo se complique pendant les 2300 milles qu’il reste à parcourir jusqu’au Costa Rica. Les voici tous au portant, soulagés d’être sortis des grands calmes de la veille. La sinistrose s’est dissoute dans le souffle du vent qui fait désormais gonfler les gennakers et filer les bateaux à plus de 14 nœuds.
L’exocet Actual
Mais le bateau le plus rapide de la flotte aujourd’hui s’appelle Actual. A bord de leur Multi50, Yves Le Blévec et Samuel Manuard profitent d’un vent d’est-nord-est de 25 nœuds pour débouler à 20 nœuds de moyenne. Pieds nus à la barre, les deux homme se félicitent de la présence de leur pare-brise qui les protège des escadres de poissons volants… signe que les alizés sont là. Derrière, en compagnie des Imoca, Maître Jacques doit cravacher pour rattraper ses 391 milles de retard !
On souffle en Class40
Yannick Bestaven et Eric Drouglazet s’appliquent à augmenter leur avance sur ERDF Des Pieds et des Mains (plus de 110 milles). Pour la bagarre, il faut regarder plus loin, entre Groupe Picoty, 40 Degrees et Phoenix Europe Express qui se disputent la troisième place. Côté météo, la queue de peloton a vécu hier son dernier coup de vent et les conditions s’améliorent peu à peu pour tous.
Ils ont dit :
Louis Burton, Bureau Vallée Imoca, 3e à 17 heures : "C’est super on est très content de notre classement. C’est chouette, on a du vent, on ne va pas trop mal, c’est cool ! On a très peu dormi la première semaine, on a adopté une sorte de stratégie de repos depuis 24 heures, On dort sur les voiles à l’intérieur, habillés, avec des couvertures polaires, on essaie de laisser l’autre dormir pendant 6 à 7 heures d’affilée ! Dans la famille on adore dormir. On en a pris plein la gueule pendant une semaine, il est de bon ton de recharger les batteries. La météo est assez claire pour nous donc on en profite. On n’est pas dupes, les mecs derrière vont aller vite. Il va falloir qu’on allume sévère si on ne veut pas se faire rattraper. Que la force soit avec nous !"
Kito de Pavant, Groupe Bel, 9e : "On a enfin touché du vent cette nuit vers 3heures du matin : ça s’est mis à souffler, deux noeuds, puis cinq puis dix…jusqu’20 nœuds maintenant, on avance à 18 nœuds. Ça change d’hier où on a fait 100 milles en 36 heures ! On peut dire que c’est un record de lenteur… Ce matin on avait Maitre Jacques et Safran un peu plus au sud en vue. On a parlé un petit moment en VHF mais on n’était pas très fier des conditions dans lesquelles on était. Ce sont des moments où on n’a pas trop envie de causer, les voiles qui claquent, c’est laborieux … mais c’est de l’histoire ancienne ! Cette nuit j’ai fait un coma pendant trois heures, Yann a mis une heure à me réveiller. Là c’est lui qui dort et je crois qu’il pourrait y avoir un tremblement de terre, rien ne pourrait le réveiller !"
Eric Drouglazet, Aquarelle.com Class40, 1er : "Côté orientation du vent, ça tourne doucement, mais ça va quand même dans le bon sens. On a l’impression de débouler un peu plus vite, après une semaine de prés où on en avait plein les bottes ! Je ne connaissais pas le 40 pieds mais ça tape beaucoup quand même ! On ne se focalise pas trop sur l’avance qu’on a, on essaie de creuser l’écart, on navigue comme s’il y avait un bateau à trois milles derrière nous. On fait marcher, j’entends le winch qui n’arrête pas de tourner dehors avec Yannick, c’est plutôt bon signe. Si on se relâche trop c’est là qu’on fait des bêtises. Je n’ai pas l’habitude d’être tranquille comme ça,, c’est agréable : ça permet d’apprécier les moments en mer. Ça commence à devenir agréable, ça glisse et ça tape moins. Pendant huit jours on se demandait ce qu’on faisait là."
Jean-Christophe Caso, Groupe Picoty, 3e : "Tous les quarts d’heure, toutes les demi-heures, il faut prendre un ris ou envoyer le solent ou la trinquette. Il faut réduire dans les grains et renvoyer derrière. On essaie de se reposer mais ce n’est pas évident, on essaie de ne pas faire taper le bateau pour ne pas tout détruire, on essaie de ménager les organismes. On dort dans un pouf à billes calé entre la cloison et la coque, on ne bouge pas trop, ça permet de soulager l’organisme. Vues les conditions, on est tout le temps tendu. Quand on est dans le pouf, on arrive à se relaxer. Ensuite, le sommeil, c’est au gré des chocs, des bruits et des manœuvres, il reste quinze jours de course, il va falloir être assez frais."
Classement à 17 h:
Imoca
1 VIRBAC PAPREC 3 Jean-Pierre Dick - Jérémie Beyou
2 HUGO BOSS Alex Thomson - Guillermo Altadill
3 BUREAU VALLÉE Louis Burton - Nelson Burton
Multi 50
1 ACTUALYves Le Blevec - Samuel Manuard
2 MAITRE JACQUES Loic Fequet - Loic Escoffier
Class 40
1 AQUARELLE.COM Yannick Bestaven - Eric Drouglazet
2 ERDF - DES PIEDS ET DES MAINS Damien Seguin - Yoann Richomme
3 GROUPE PICOTY Jacques Fournier - Jean-Christophe Caso
Classements complets ici
Source : Transat Jacques vabre