Transat / Aquarelle.com s'impose à Puerta Limon en Class40 (vidéo)

Yannick Bestaven et Eric Drouglazet (Aquarelle.com) ont franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre, ce jeudi 24 novembre à 08 h 59 mn 08 s, heure française, soit 01 h 59 mn 08 s, heure locale à Puerto Limon. Après avoir mené la course de bout en bout, les deux navigateurs signent une victoire convaincante dans le temps de 21j 17h 59mn 08s. Leur vitesse moyenne sur le parcours théorique est de 9,06 nœuds.


Tambour battant… Eric Drouglazet et Yannick Bestaven n’ont laissé le soin à personne de leur griller la politesse sur cette Transat Jacques Vabre. Arrivés en dernière limite au Havre, suite à une avarie de safran pendant leur convoyage, les deux hommes se sont démenés pour disposer d’un bateau en état de courir. Malgré cette préparation contrariée, Yannick et Eric ont rapidement pris la tête de la course pour ne plus la lâcher ensuite.

Durant les dix premiers jours, comme toute la flotte des Class40, ils ont lutté contre des vents contraires et des conditions de navigation particulièrement difficiles. Mais petit à petit, ils ont creusé l’écart sur leurs concurrents, seulement malmenés un instant par les deux « gamins » de Concise 2, les seuls à soutenir le rythme imposé par les leaders. L’abandon de Ned Collier Wakefield et Sam Goodchild offrait ensuite le champ libre à Eric et Yannick qui n’avaient plus qu’à contrôler leur nouveau dauphin, ERDF et des Pieds et des Mains.


Plutôt que de se reposer sur le matelas d’avance constitué, les deux marins ont continué de maintenir la pression, au point qu’Eric Drouglazet avouait hier à la vacation, que leur tandem n’avait connu que deux journées de répit, au grand maximum, sur trois semaines de course.

Cette victoire salue la performance d’un tandem qui a su trouver rapidement ses marques et construire une entente solide sur des valeurs et des manières de naviguer très proches. Elle offre aussi aux deux marins une revanche sur un sort qui ne les avait guère épargné ces derniers temps, prouvant ainsi, s’il en était besoin, que l’on avait affaire ici à deux formidables compétiteurs.

Leurs premiers commentaires :
Yannick Bestaven : "Belle Balade, Dur au début, dur au milieu et dur à la fin pour arriver parce qu’on tire des bords. Ca fait 4h- 5h qu’on tire des bords devant Puerto Limon"
Eric Drouglazet : "on a le sentiment d’avoir fait du bon boulot. Une transat pas facile avec simplement trois jours d’alizés où on pouvait vraiment se reposer. C’était vraiment physique. Le bateau, on lui a un peu tiré sur la couenne mais l’Aquarelle a bien tenu. Il y aura un peu de chantier pour la suite."

L'entente à bord
ED : "On a tous les deux un peu de bouteille. Même dans le gros mauvais temps il n’y a jamais eu de montée d’adrénaline mais beaucoup de sang-froid. On l’avait déjà testé ca avant de venir au Havre. On avait eu des soucis de safran et on avait failli couler le bateau. On avait vu que ça s’était bien passé, donc il n’y avait pas de raison [que ca se passe mal]. On a la même philosophie, on savait quand tirer sur le bateau quand il fallait, être plus prudent t. On était en phase aussi sur les choix météo. Quand ça passe comme ça, on creuse la distance et dans la bonne humeur. En plus de la course, j’ai passé un super mois en mer, ce n'est que du bonheur."

En pleine forme
ED :"Physiquement on est en pleine forme. Notre seule peur c’était de tomber à l’eau mais, à chaque vague, quand le bateau descendait de 4 ou 5 mètres et que le mât prenait un choc on avait plus peur pour le bateau en se disant ça n’est pas possible, il y a quelque chose qui va casser. Et finalement on a bien maitrisé les changements de voiles et fait le dos rond quand il fallait, je pense. Finalement avoir un peu de maturité, c’est pas mal."

YB: "Comme tout le monde, on a cassé plein de petits trucs qui ne se voient pas ou qu’on a su réparer. Des voiles qu’on a déchiré, des anémomètres qu’on n’a plus [en tête de mât] et qu’on a réinstallé à l’arrière. On a fait une belle installation précaire mais qui a bien fonctionné sur les 3/4 de la Transat. Notre expérience et notre sagesse ont fait qu’aux Açores, on a su plonger au sud pour éviter un quatrième front, ce que les Anglais n’ont pas fait – ils naviguaient très bien – et ils ont cassé leur bateau ; pas nous. La seule fois où on a perdu la première place c’est quand on a dit stop, il faut arrêter de faire souffrir le bateau. C’est un peu de sagesse. Je suis très content d’avoir navigué avec Eric car il a beaucoup d’expérience maritime et de transat et moi j’avais toujours entendu dire que « Droug » c’est du gros dans la baston. J’ai pu constater qu’il naviguait aussi en finesse et ça je tiens à le dire. Il sait anticiper les choses."


ED : "On n’avait jamais navigué ensemble avec Yannick, mais je savais qu’il avait de la bouteille et aussi l’expérience du gros bateau parce qu’il vient du Vendée. On sait que sur les Class40, les vitesses se rapprochent un peu plus du Figaro, mais l’anticipation des manœuvres c’est plus comme sur les 60pieds. On n’est plus à l’échelle humaine pour affaler les spis, donc c’est l’anticipation qui prime."
Pour la météo c’est pareil, Yannick est plus sur les fichiers, moi plus sur le feeling. On se complétait. Avec des méthodes différentes on arrivait aux mêmes aboutissements. Donc c’était assez sympa.

L'hydrogénérateur et la gestion de l'énergie
YB : "Le plein de fuel est intact. On a juste démarré le moteur dans la baie. Je n’étais même pas sur qu’il démarre. L’hydro générateur c’est un confort."
ED : " Je vous garantis qu’on n’a pas fait une minute de moteur. Même quand on descendait l’hydro générateur dans l’eau on n’avait pas de perte de vitesse. A la fin on ne le relevait même plus parce qu’on n’avait pas de perte au speedo."

Source : Transat Jacques Vabre