ITW / Le dur enfin passé, les skippers de la Jacques Vabre racontent

Jean-Pierre Dick, Virbac Paprec Imoca, leader à 17 heures :"Notre option semble payante"
« Nous naviguons actuellement devant le front, Hugo Boss est à côté de nous. Cela me rappelle la Barcelona World Race 2007 ! En ce moment, nous passons pas mal de temps à la table à cartes pour étudier la suite du parcours. Notre option nord-ouest semble payante pour l'instant. La stratégie semble claire jusqu'aux Antilles.»
Jérémie Beyou : « Nous sommes repartis dans l'ouest pour chercher une bonne pression. Nous naviguons vent de travers avec un vent de 20-25 nœuds. C'est un peu inconfortable, le bateau va vite dans les vagues, ça tape beaucoup, tout est mouillé à bord mais pour l'instant on tient la corde. Le moral est bon. »

François Gabart, Macif, 6e : "Ce n'est pas reluisant"
« Si on se fie aux derniers fichiers météo, ce n’est pas reluisant pour la suite. Les gars du nord devraient s’échapper. Maintenant, dans ce genre de situation, tout peut très vite changer. On regarde très attentivement l’évolution des systèmes. Ce qui est vrai aujourd’hui ne l’est pas forcément demain. De toute façon, on va continuer à se battre jusqu’au bout, on n’en est pas à la moitié du parcours. On va être patients, on va s’en sortir… reste à savoir quand. Comme tout le monde, on a eu notre lot de petits pépins techniques. On a notamment plié un des balcons suite à une déferlante sur le bateau. Mais, rien de grave, que des petites bricoles que l’on répare au fur et à mesure. »

Marc Guillemot, Safran, 8e : "la situation est compliquée"
« A l’intérieur, c’est un peu le bazar et on fait un atelier séchage. Yann est allongé et dors profondément. On entend les voiles qui faseyent car il y a très peu de vent. La vache (Groupe Bel, ndr) n’est pas loin mais sourit moins car elle est comme nous à chercher du vent. Il faut faire preuve de beaucoup de patience mais la situation est compliquée. Il faut assumer le choix d’avoir traversé cette zone anticyclonique en sachant qu’on peut se faire avoir. On essaye de régler au mieux, il faut soit jouer avec la houle ou le vent mais il ne faut pas casser le matériel et être très vigilant car le gréement est très sollicité avec des à-coups secs qui pourraient tout abimer. On est déterminé à sortir de cette zone mais ça peut être dans 50 milles. A 50 nœuds, ça prendrait une heure, mais à un nœud, ça peut prendre 50 heures donc on ne sait pas trop…. »

Nelson Burton, Bureau Vallée, 5e : "on a la grosse patate !"
« On a plutôt la grosse patate. L’option qu’on a choisie il y a quelques jours, fonctionne à fond ! On ressort fatigués des 6 jours de brise mais boostés, on a l’impression d’être dans la course encore, le but est de bien naviguer et aller vite. »
Louis Burton :
« L’adrénaline nous tient à donf carrément. Il ne fait pas beau mais bientôt, les embruns commenceront à se réchauffer. On a dormi 3 heures par jour depuis le départ, mais hier et cette nuit on s’est bien reposé. On n’avait jamais été dans du mauvais temps aussi violent que ça. Après les trois premiers fronts on était crevés, le bateau en vrac, on n’avait plus la force, on s’est motivés à deux, on a mis le bateau nickel. On a eu beaucoup de chance, un peu de réussite. Ca aide de naviguer avec son frère, on fait super attention l’un à l’autre. Quand un des deux n’a plus que 20% de batterie, il laisse celui qui en a 40% faire les choses

Loïc Féquet, Maitre Jacques Multi50, 2e à 17 heures: "On a zéro noeud"
« Ça irait mieux si on avait les conditions d’hier mais là on a 0 nœud… c’est le jeu. On s’ennuie et avec un Escoffier à bord, sans vent, il faut l’attacher à sa bannette car sinon il est impossible ! On va être patient, on n’est pas les seuls, mais Actual est parti par devant donc on verra bien. On a eu peu de souci à bord, une petite fuite de ballast et un petit souci de barre centrale mais rien de compliqué ».
Loïc Escoffier : « Il n’y’a rien de bien drôle, il faut prendre son mal en patience, on vient d’avoir notre routeur : on en a encore pour 12 h alors que notre petit collègue se barre, c’est un peu énervant. Si j’avais su, je me serais arrangé pour embarquer des palangres ! Il faut chaud, je suis en short, crocks, on a du savon pour l’eau de mer donc je pense aller faire un petit plongeon pour aller me laver. On met un bout, je plonge à l’avant du bateau et je remonte derrière… je ne vais pas aller faire un 100 mètre non plus… »

Samuel Manuard, Actual, leader à 17 heures : " on se fait plaisir"
« On est le seul bateau à être passé de l’autre côte de la dorsale. Alors que le groupe IMOCA avec Banque Populaire et Groupe Bel, sont en train de buter dans la dorsale ainsi que Maitre Jacques !
On est plein sud, on est dans du bon zef bien établi. La bonne nouvelle c’est qu’il fait chaud, alors qu’hier on avait encore les cirés. Là ça va vite ça glisse… C’est vraiment magnifique !
On a plusieurs scenarii qui s’offrent à nous. C’est encore un peu tôt pour décider, on verra demain soir si on fait route au nord pour arriver sur Saint-Barthélemy ou si on plonge au sud. Ça dépendra de l’évolution de la météo, c’est un peu confus pour l’instant. L’objectif à court terme est de rester dans du vent et de gagner dans l’ouest. On se fait vraiment plaisir à la barre, on vit de très très beaux moments. Après l’enfer qu’on a vécu, on se fait plaisir ! Au niveau nourriture, on a chaque jour un petit sac que Sandrine nous a préparé avant le départ, c’est très bon et très agréable. »

Yannick Bestaven, Aquarelle.com Class40, leader à 17 heures : "J'ai le temps d'écouter de la musique, enfin !"
« Encore du vent jusqu’à hier soir et là ça devient calme et paisible. Enfin !! J’ai le temps d’écouter un peu de musique, de taper quelques mails… Jusque-là c’était impossible ! On n’a pas encore retiré les cirés et les polaires. On aura encore 20 nœuds demain mais après-demain c’est l’été, on va pouvoir tout faire sécher.
Pour les prochaines 24 heures ça devrait aller parce qu’on a fait pas mal de décalage ouest sur ERDF, notre vitesse est plutôt bonne pour descendre dans le sud malgré l’affaiblissement du vent.
Il y aura pas mal de bulles de molles à éviter mais on est assez sereins. Ça ne m’étonne pas du tout de voir Phoenix Europe Express derrière parce que c’est un ancien Class40 bien costaud par rapport aux modernes. Et puis je connais très bien l’équipage : Stéphanie Alran est une ancienne perchiste de haut niveau, elle a fait beaucoup de prépa physique cet été à La Rochelle pour préparer cette transat ; et Jean-Édouard a le mordant qu’il faut pour attaquer sur le plan d’eau... ça ne m’étonne pas du tt de les voir là ! »