Imoca / Armel Le Cléac'h : "Il ne va pas falloir se tromper"

Depuis mardi, c'est en mode « match race » que les hommes du monocoque 60 pieds Banque Populaire tracent leur route sur la mer des Caraïbes. A 400 milles de l'arrivée à Puerto Limon, la bagarre s'intensifie pour Armel Le Cléac'h et Christopher Pratt, qui sortent pour l'instant vainqueurs du duel fratricide qui les oppose au duo François Gabart-Sébastien Col, embarqué sur le sistership du coursier aux couleurs de la Banque de la Voile. Mais à l'heure de fournir les derniers efforts avant la libération, certaines complications météorologiques s'invitent dans le tableau final.

Credit : Banque Populaire

Changement de décor pour les marins de Banque Populaire depuis leur entrée dans la mer des Caraïbes il y a deux jours. Contacté ce matin par son équipe à terre, Armel Le Cléac'h dressait un état des lieux de la nuit et ne cachait rien de la grande forme du moment : « C'est la nuit noire mais ça avance, on a du vent. C'est déjà pas mal. Ca commence à être moins humide sur le pont, ce qui n'est pas négligeable. C'est beaucoup plus agréable. On a vécu la première journée de l'autre côté de l'arc antillais dans des conditions difficiles, dues aux accélérations rencontrées le long de la République Dominicaine. C'était très chaotique, avec des rafales et une mer très formée. Pour une entrée en matière dans la mer des Caraïbes, l'accueil n'était pas franchement chaleureux. Depuis nous évoluons dans des conditions plus classiques avec des alizés et des grains. On en profite, d'autant que dans quelques heures, nous allons aborder la dernière phase, la plus compliquée, avec des zones de molle ».

Duel au soleil
A la lutte pour le meilleur des résultats en guise de cerise sur le beau gâteau que représente d'ores et déjà la première transatlantique du Mono 60’ Banque Populaire, Armel Le Cléac'h et Christopher Pratt se livrent depuis plusieurs jours à une bataille sans merci avec leurs concurrents de Macif. Ils orchestrent ainsi un véritable duel dans la course dont ils sortent vainqueurs depuis ces dernières heures, d’une vingtaine de milles. Avec des skippers - Armel Le Cléac'h d'un côté et François Gabart de l'autre - tous deux issus de cette école d'excellence qu'est la Classe Figaro Bénéteau, et deux équipiers - Christopher Pratt et Sébastien Col - licenciés dans le même club marseillais, le casting est de choix et le suspens destiné à durer jusqu'au bout : "Nous sommes assez satisfaits d'avoir réussi à bien marquer notre avance cette nuit. Macif est souvent moins rapide, ils ont peut-être un petit souci technique. Mais du coup on en profite pour prendre un peu d'avance... parce que tout est bon à prendre face à ce qui nous attend !"

Un finish sur le fil du rasoir
Ce qui les attend justement n'a rien d'un long fleuve tranquille et laisse présager un finish sous haute tension. Ainsi, l'instabilité annoncée sur l'arrivée, venant pimenter le jeu à coup de grains orageux et de ralentissements, pourrait-elle jouer les trouble-fêtes et torturer les nerfs des marins : " Nous allons avoir ces petites dépressions à bien contourner. Il va falloir s'en approcher mais pas trop. Ce sera un jeu sur le fil rasoir. Il ne va pas falloir se tromper. On va bien sûr continuer à surveiller jusqu'au bout la trajectoire de nos poursuivants, parce qu'il y a peu de chances qu'ils se retrouvent vraiment loin de nous. Mais on a aussi la chance d'avoir deux poissons pilotes - Virbac Paprec 3 et Hugo Boss - devant nous et j'avoue qu'on observe pas mal ce qui leur arrive. Tout va désormais être un jeu d'ajustement et à nous de faire marcher le bateau jusqu'au bout. Il y a une troisième place à aller chercher et nous la voulons vraiment ! On va continuer à se battre ".

On l'aura compris, nul répit ne sera accordé aux marins dans leur route vers le Costa-Rica. Demain, Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou devraient l'emporter à Puerto Limon dans la catégorie Imoca. Quelques heures plus tard, Armel Le Cléac'h et Christopher Pratt viendront eux aussi poser le point final à leur histoire avec cette 10ème Transat Jacques Vabre. Mais pour ce qui est des précisions horaires... tout reste à définir : " La version optimiste des choses nous donne une arrivée dans la nuit de vendredi à samedi et la moins encourageante, dans la journée de samedi, voire en fin d'après-midi si le vent faibli...".

Source : Banque Populaire