Classe mini / Impitoyable sélection sur l'Atlantique

Nouvelle nuit agitée pour les 75 concurrents de la Charente Maritime/Bahia Transat 6,50. 75 ! car un nouveau démâtage (le troisième en 24 heures), celui du Méditerranéen Renaud Chavarria (596 – Béziers Méditerranée) est venu sanctionner une navigation à haut risque, sous spi et sur mer hâchée, à un moment de la course où les Minis 6,50 sont au maximum de leur poids avec l’avitaillement embarquée pour 3 semaines de course. Chacun demeure à l’attaque et en Série comme en Proto on assiste déjà à l’affrontement entre investisseurs à l’ouest, et conservateurs au centre…

Credit : Bateau accompagnateur Edulis

Eric Llull (566 - Noble Cocoa) se complait dans le fauteuil de leader des voiliers de Série qu’il occupe depuis déjà plus de 24 heures. Il s’appuie sur un flux mollissant de secteur nord/nord-est pour coller à la route la plus directe vers le passage obligé des îles du Cap Vert et signer de belles journées à plus de 210 milles. Le strapontin de dauphin a, quant à lui, changé de propriétaire. C’est l’étonnant Renaud Mary (535 – runo.fr), pourtant guère épargné par les soucis techniques, avec sa barre de flèche voilée, qui talonne désormais le leader, moins de 11 milles sous son vent.

Davy Beaudart (674 – Innovea Environnement) paie avec sa sixième place son investissement dans l’ouest. Sa route très « abattue », plus écartée du lit du vent, lui coûte à la mi-journée une grosse vingtaine de milles de retard sur la tête de course mais le place au coude à coude avec les grosses pointures de la classe, Pierre Brasseur (552 - Voiles Ocean), Gwénolé Gahinet (455 – Asso Watever–gwenolegahinet.com) , Vincent Kergouriou ((435 – CGG Veritas) ou Clément Bouyssou (514 – Douet Distribution)… Tous très menaçants aux avant-postes. Tout ce petit monde anticipe à sa manière à la fois le ralentissement du vent, mais aussi la petite rotation au secteur nord attendue à compter de ce soir et qui rendra la pertinence des empannages encore plus importante. Les concurrents les plus à l’ouest espèrent alors retrouver à leur tour un angle au vent propice à la vitesse sur un bord cette fois très rapprochant, et donc un gain sur la route supérieur à celui de leur petits camarades plus à l’est. Un scenario qui permettrait de revoir à son avantage Benoit Mariette (599 - Odalys Vacances), le vainqueur de la première étape pointé à la mi-journée en 19ème position à 46 milles d’Eric Llull.

La plus grande vigilance est cependant de mise pour l’ensemble des concurrents désormais informés des trois démâtages survenus depuis 24 heures. La présence de grains orageux, caractérisés par de violentes et subites rafales effectue une impitoyable sélection au sein de la flotte, les voiliers portant le maximum de toiles à l’avant subissant dans les creux de sévères impacts qui se répercutent naturellement dans les hauts et soumettent mâts et gréements à la torture.

Revoilà "Beber"
Il est l’un des grands perdants de la première étape : Bertrand Delesne (754 – Zone Large), malgré l’absence de partenaires, faisait au départ de la Charente-Maritime/Bahia Transat 6,50 figure de favori. Puni par son option ouest au large du Cap Finsiterre, il n’a signé qu’une très modeste 21ème place à Madère. On pouvait légitimement s’attendre à retrouver « Beber », un poil revanchard, à un rang plus conforme à ses qualités lors de cette seconde étape et le nantais ne déçoit pas ses supporters. Il réalise depuis hier un joli numéro de vitesse pure, épousant avec la qualité de son touché de barre les fluctuations du vent. L’écart avec Sébastien Rogues (716 – Eole Generation-GDF SUEZ) bien déterminé sur sa route plus à l’ouest est minime, mais Delesne, à la faveur des 247 milles couverts ces dernières 24 heures (10,29 nœuds de moyenne !), a relégué à respectivement 9 et 16 milles des « clients » aussi redoutables que Thomas Normand (787 – Financière de l’Echiquier) et Guillaume Le Brec (667 – OCCAMAT/ATD).

A noter dans ce petit « groupetto » de poursuivants, la présence en 5ème place de Sébastien Picault, à la barre de l’un des plus ancien et plus glorieux voiliers de la course, le presque mythique N° 198 - Kickers, plan Magnen de 1997 et vainqueur de cette même transat l’année de sa construction. A noter également le retour parmi les hommes de tête de Nicolas Boidevezi (719 – Défi GDE) bien discret depuis le départ et désormais en bonne position pour se rappeler aux bons souvenirs des leaders.

Dans deux jours au Cap vert.
Les îles du Cap Vert, avec un passage obligé spécifié dans les instructions de course entre les îles de Santo Antao, à l’ouest et sous le vent, et Maio dans les îles au vent, ne sont plus qu’à 430 miles des leaders, soit deux jours d’une navigation toujours rapide et exigeante pour les hommes sevrés de glissades lors de la première étape.

Le point sur les casses...
Deux protos sont en situation d’abandon sur l’île de La Palma, tous deux victimes de démâtages. Il s’agit des deux italiens Andrea Caracci (757 – Speedy Maltese) et Tiziano Rossetti (542 – Una vela per Emergency). Deux autres italiens, en Série cette fois, sont en difficulté et ne sont toujours pas repartis de Ténérife : Sergio Frattaruolo (769 - Bologna in Oceano) au niveau de Candelaria et Giacomo Sabbatini (554 - Scusami le Spalle) à Santa Cruz de Ténérife. Le navigateur chinois Guo Chuan (487 - Vasa) est sur l'île de la Gomera et déplore un safran brisé. Renaud Chavarria (596 - Béziers Méditerranée) se trouve actuellement à 96 milles dans le sud-ouest de l'île de Hierro (archipel des Canaries). Le bateau accompagnateur Edulis est à proximité de lui et Renaud a réussi à confectionner un gréement de fortune pour rallier l’archipel espagnol par ses propres moyens.

Classement des protos à 16 h
1 754 DELESNE Bertrand - ZONE LARGE
2 716 ROGUES Sébastien - EOLE GENERATION - GDF SUEZ
3 787 NORMAND Thomas - FINANCIERE DE L'ECHIQUIER
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Classement des séries à 16 h
1 566 LLULL Eric - NOBLE COCOA
2 535 MARY Renaud - http://www.runo.fr/
3 552 BRASSEUR Pierre - VOILES OCEAN
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Source : Charente Maritme - Bahia Transat 6,50