A 37 ans, l’enfant de l’Ile aux Moines vit au rythme du circuit Extreme 40 où il barre Alinghi, des épreuves de D35 où il skippe LadyCat et désormais des étapes des ACWorld Series où il officie dans l’équipage d’Energy Team. Toujours sur deux coques donc, et entre deux avions, cet expert du multi a navigué ce week-end en AC45 à Plymouth. Il réglait l’aile et tactiquait pour Loïck Peyron. Mi-novembre, Yann prendra la place de ce dernier (en stand by pour le Trophée Jules Verne) à la barre du bateau français pour l’étape de San Diego.
Pour toi, quelles sont les différences entre une épreuve d’Extreme 40 et d’AC45 ? :
"Les deux sont de la régate condensée à l’extrême. Si les parcours sont un peu plus grands en AC45, les bateaux vont plus vite et nous avons aussi la limite virtuelle à gérer, le rythme à tenir à bord est donc similaire. Il y a néanmoins la spécificité du bateau, l’AC45 est plus extrême, plus rapide, plus instable en latéral mais beaucoup moins en enfournement qu’un Extreme 40. Par contre, quand tu commences à lever, tu arrives vite à l’angle critique où tu es en équilibre instable et tu ne sais pas de quel coté le bateau va retomber."
Sur ces petits parcours, très denses en manœuvres, avez-vous le temps d’exploiter la pleine puissance du bateau ?
« C’est aussi ce que l’on entend en Extreme 40 mais c’est justement là où se fait la différence avec les meilleurs. Sur les ACWorld Series, quatre teams sont au-dessus du lot (Oracle Racing 4 et 5, ETNZ et Artemis). Quand ils arrivent à une bouée au vent et déploient le gennak’, ils sont réglés en 5 secondes et tirent tout de suite le max de la machine. Nous (Energy Team), nous sommes encore en recherche, nous nous interrogeons sur les réglages, sur la quête. Cela vient petit à petit mais l'expérience du support est la clef. »
L’aile rigide et les départs au reaching changent-il beaucoup de choses ?
"L’objectif est d’avoir la priorité à la première marque donc, soit tu pars dessous pour avoir l’engagement mais il faut éviter de se faire couvrir, soit tu choisis de partir plus extérieur et mieux lancé. Pour le barreur, la décision doit se prendre en quelques secondes et les équipes gagnent de plus en plus en agressivité. Il faut aussi considérer le fait que tu as beaucoup moins de trainée avec une aile qu’avec une grand voile normale. Tu doses vraiment la puissance dans l’instant, ce qui aide, mais par contre, l’AC45 ne s’arrête jamais, tu ne peux pas stopper le bateau ni partir facilement en marche arrière comme tu le fais en Extreme 40, ce qui m’a mis un peu de temps à appréhender."
La dimension de l’événement est aussi différente ?
"C’est l’environnement autour du sport qui est impressionnant, la logistique, la réactivité de l’organisation sur l’eau. Même si tout est encore en évolution, cela tourne déjà avec une précision bluffante. Et puis, on voit bien que c’est la Coupe. Samedi, il pleuvait et c’était noir de monde à Plymouth. Les gens viennent parce que c’est l’America’s Cup."
La Coupe t’attire-t-elle depuis longtemps ?
"Pas trop quand c’était en monocoque, mais oui maintenant que c’est en multicoque et la dimension technologique de l’AC72 va être passionnante. C’est là que l’expérience des Français et de marins comme Loïck et Bruno (Peyron) peut permettre de combler le retard déjà pris sur les gros projets. Il y a des équipes qui tournent sur le circuit AC45, comme les Coréens par exemple, qui marchent bien sur ce petit catamaran monotype mais pour le grand, ils vont devoir s’entourer. Je pense que les Français ont donc une carte à jouer. Surtout s’il y a 25 nœuds tous les jours à San Francisco. Tout sera possible et la fiabilité cruciale."
Ton regard sur Energy Team ?
"L’équipe s’est montée autour de deux grands Monsieurs de la voile. Le projet est clairement légitime mais le temps presse, il faut trouver des partenaires pour gravir les échelons et vite."
Source : America's Cup
Crédit : G. Martin Raget / ACEA
Pour toi, quelles sont les différences entre une épreuve d’Extreme 40 et d’AC45 ? :
"Les deux sont de la régate condensée à l’extrême. Si les parcours sont un peu plus grands en AC45, les bateaux vont plus vite et nous avons aussi la limite virtuelle à gérer, le rythme à tenir à bord est donc similaire. Il y a néanmoins la spécificité du bateau, l’AC45 est plus extrême, plus rapide, plus instable en latéral mais beaucoup moins en enfournement qu’un Extreme 40. Par contre, quand tu commences à lever, tu arrives vite à l’angle critique où tu es en équilibre instable et tu ne sais pas de quel coté le bateau va retomber."
Sur ces petits parcours, très denses en manœuvres, avez-vous le temps d’exploiter la pleine puissance du bateau ?
« C’est aussi ce que l’on entend en Extreme 40 mais c’est justement là où se fait la différence avec les meilleurs. Sur les ACWorld Series, quatre teams sont au-dessus du lot (Oracle Racing 4 et 5, ETNZ et Artemis). Quand ils arrivent à une bouée au vent et déploient le gennak’, ils sont réglés en 5 secondes et tirent tout de suite le max de la machine. Nous (Energy Team), nous sommes encore en recherche, nous nous interrogeons sur les réglages, sur la quête. Cela vient petit à petit mais l'expérience du support est la clef. »
L’aile rigide et les départs au reaching changent-il beaucoup de choses ?
"L’objectif est d’avoir la priorité à la première marque donc, soit tu pars dessous pour avoir l’engagement mais il faut éviter de se faire couvrir, soit tu choisis de partir plus extérieur et mieux lancé. Pour le barreur, la décision doit se prendre en quelques secondes et les équipes gagnent de plus en plus en agressivité. Il faut aussi considérer le fait que tu as beaucoup moins de trainée avec une aile qu’avec une grand voile normale. Tu doses vraiment la puissance dans l’instant, ce qui aide, mais par contre, l’AC45 ne s’arrête jamais, tu ne peux pas stopper le bateau ni partir facilement en marche arrière comme tu le fais en Extreme 40, ce qui m’a mis un peu de temps à appréhender."
La dimension de l’événement est aussi différente ?
"C’est l’environnement autour du sport qui est impressionnant, la logistique, la réactivité de l’organisation sur l’eau. Même si tout est encore en évolution, cela tourne déjà avec une précision bluffante. Et puis, on voit bien que c’est la Coupe. Samedi, il pleuvait et c’était noir de monde à Plymouth. Les gens viennent parce que c’est l’America’s Cup."
La Coupe t’attire-t-elle depuis longtemps ?
"Pas trop quand c’était en monocoque, mais oui maintenant que c’est en multicoque et la dimension technologique de l’AC72 va être passionnante. C’est là que l’expérience des Français et de marins comme Loïck et Bruno (Peyron) peut permettre de combler le retard déjà pris sur les gros projets. Il y a des équipes qui tournent sur le circuit AC45, comme les Coréens par exemple, qui marchent bien sur ce petit catamaran monotype mais pour le grand, ils vont devoir s’entourer. Je pense que les Français ont donc une carte à jouer. Surtout s’il y a 25 nœuds tous les jours à San Francisco. Tout sera possible et la fiabilité cruciale."
Ton regard sur Energy Team ?
"L’équipe s’est montée autour de deux grands Monsieurs de la voile. Le projet est clairement légitime mais le temps presse, il faut trouver des partenaires pour gravir les échelons et vite."
Source : America's Cup