Credit : 2011 ACEA/Ricardo Pinto
L’épreuve en flotte s’est jouée sur un parcours d’une quarantaine de minutes, soit le double de celles disputées hier. Rapidement Terry Hutchinson (Artemis Racing) prend la tête, suivi de James Spithill et Loïck Peyron. Tandis que les Suédois abandonnent sur problème technique et qu’Emirates Team New Zealand opère une fois encore une remontée fulgurante dans le groupe de tête, Energy Team défend la troisième place. Mais pendant qu’ils bataillent bord à bord avec Russell Coutts, les Frenchies sortent de quelques mètres du parcours et sont pénalisés. De quoi laisser de l’air à ORACLE Racing Coutts pour prendre et garder cette place sur le podium. L’équipage de Loïck Peyron termine quatrième.
Trois sur le toit
Dans le second bord de reaching (travers au vent), l’AC45 tricolore d’Aleph plante les deux étraves et se couche sur le flanc bâbord. Le skipper Bertrand Pacé en assume ce soir l’entière responsabilité.
Le second sur la liste est Team Korea (KOR). Le bateau de Chris Draper passe pourtant un moment « entre deux » mais finit par se coucher lui aussi. Et sur la fin de parcours, c’est au tour de Green Comm Racing (ESP) de chavirer. Ces deux équipes avaient déjà expérimenté la chose en entrainements, Team Korea à Cascais et Green Comm à Plymouth lundi dernier. Ces cascades surviennent rapidement mais se déroulent relativement en douceur, laissant généralement le temps aux équipiers et à l’invité en 6e homme….de s’accrocher au filet pour retomber sur ses pattes.
Runs de folie !
Après le succès d’hier, les organisateurs ont décidé d'ajouter deux nouveaux contre-la-montre par bateau cet après-midi et le spectacle fut complet. Comme samedi, Russell Coutts a été le plus rapide avec un run à 25,92 nœuds de moyenne (48 km/h).
Dans leur premier essai, Oracle Racing Spithill et Energy Team s’envolent vraiment très haut mais les coques se reposent dans le bon sens. Loïck Peyron qui répète ne pas vouloir appartenir au club des « chavirés » de l’AC45 a donc failli y entrer aujourd’hui. Le Français n’a jamais chaviré à bord d’un multicoque de plus de 25 pieds et confiait ce soir regarder cela au travers de son expérience du large : "Ceux qui apprennent depuis six mois ou un an ont cette chance de l’innocence. Nous, nous savons aussi comment faire mais nous avons trop vécu de catastrophes au large en multi pour ne pas en être imprégnés."
Réactions du jour
Bertrand Pacé (FRA), skipper/barreur, Aleph (FRA) :
"Nous avons chaviré par l’avant, l’étrave a planté et le bateau a suivi. Personne n’a été blessé et nous avons juste abîmé le haut de l’aile. Nous naviguions sur un angle délicat (au reaching) mais nous allions très vite et nous pensions que ça passerait car cela arrive plutôt avec moins de vitesse. Ce sont des conditions dans lesquelles nous devons courir, il suffit juste d’apprendre à bien régater dans ces situations c’est tout. Mon manque d’expérience du multicoque a entrainé notre chavirage aujourd’hui. On ne peut pas avoir la régate et le multicoque, ça s’apprend et aujourd’hui nous avons touché les limites. On attaque plus en course qu’en régate, c’est normal. Le chavirage fait partie du jeu mais les conditions étaient maniables."
Loïck Peyron (FRA), skipper/barreur, Energy Team (FRA) :
"Belle journée avec un très bon départ pour une manche de 40 longues minutes car il fallait survivre avec beaucoup de vent et des angles de vent difficiles à tenir. C’est la première fois que l’on courrait dans des conditions aussi intenses. Le marin expérimenté du multicoque au large que je suis sensé être revient un peu trop, avec cette envie de finir et de ne rien casser, c’est « offshore » comme attitude. Je ne regrette pas car notre bateau est en entier en soir. Ceux qui apprennent depuis six mois ou un an ont cette chance de l’innocence. Nous, nous savons aussi comment faire mais nous avons trop vécu de catastrophes au large en multi pour ne pas en être imprégnés."
Yann Guichard (FRA), régleur d’aile rigide, Energy Team (FRA) à propos des différences entre les épreuves en Xtrem 40 et en AC45 :
"Les deux sont de la régate condensée à l’extrême. Si les parcours sont un peu plus grands en AC45, les bateaux vont plus vite et nous avons aussi la limite virtuelle à gérer, le rythme à tenir à bord est donc similaire. Il y a néanmoins la spécificité du bateau, plus extrême, plus rapide, plus instable en latéral mais beaucoup moins en enfournement qu’un Xtrême 40. Par contre, quand tu commences à lever, tu arrives vite à l’angle critique où tu es en équilibre instable et tu ne sais pas de quel coté le bateau va retomber."
Source : America's Cup