ITW / Le MOD70 Foncia de Michel Desjoyeaux est né !

 Une fois n’est pas coutume : c’est d’un produit fini dont Michel Desjoyeaux prend livraison sans y avoir apporté sa patte personnelle. Mais le plaisir de pouvoir se mesurer sur un terrain exclusivement sportif compense largement le fait de n’avoir participé que de loin à la construction du troisième exemplaire de la série des MOD70. Objectif maintenant : naviguer encore et encore…

Crédit : E. Allaire

La règle du jeu est simple sur le circuit MOD70. Chaque skipper dispose d’un bateau clé en main, jusqu’aux longueurs d’écoute et la fourniture des voiles. Sur le bord du ponton devant la Cité de la Voile, à Lorient, Michel Desjoyeaux a attendu que le numéro 3 de la série des MOD70 ait touché enfin l’eau pour se l’approprier immédiatement. Entretien au bord de l’eau avant les premiers essais.

Ce retour au multicoque, c’est un vrai plaisir ?
« J’ai toujours dit que les multicoques sont les plus belles machines de course au large. Je me suis concentré un temps sur un autre objectif, le Vendée Globe 2008-2009, mais j’avais toujours ancré cette passion du multicoque… La création du circuit des MOD70 a été plus qu’une opportunité, puisque nous avons été, avec FONCIA, un des premiers à annoncer notre intention d’y participer. Ce sont des machines fabuleuses et de plus c’est un beau moyen de faire partager à d’autres notre passion de la voile de compétition. »

C’est à dire ?
« Quand on part pour une aventure comme le Vendée Globe, on fait vivre notre histoire par procuration. Sur un multicoque comme le nôtre, avec une plate-forme aussi large, on peut embarquer plusieurs personnes, même totalement néophytes et leur faire toucher du doigt les sensations que l’on peut éprouver à bord. Le multicoque est, en ce sens, un fantastique vecteur de communication. »


Pour quelqu’un dont on connaît la passion pour la conception des bateaux, la monotypie n’est-elle pas frustrante ?
« La monotypie, je sais ce que c’est… J’ai quand même passé pas mal d’années sur le circuit Figaro. Donc, je ne pense pas être celui qui soit le plus opposé à la monotypie. Se battre à armes réellement égales est quand même très satisfaisant sur un plan strictement sportif. Cela donne plus d’importance aux marins, on replace l’homme au cœur de l’action. La différence se fera sur l’utilisation de la machine. Et c’est un des meilleurs moyens pour attirer sur ce type de bateaux des compétiteurs étrangers qui ont été échaudés dans les années précédentes. »

A priori, quel regard portez-vous sur ce nouveau monotype ?
 « Il est à la fois plutôt élégant et plus simple que les 60 pieds ORMA. On n’aura pas le niveau de recherche technologique que l’on avait sur les 60 pieds, mais tout le monde est logé à la même enseigne. Ce sera un bateau un peu plus sage ; on risque de souffrir un peu dans les tous petits airs. Mais à partir du principe où tout le monde est à la même enseigne… Les étraves inversées ont de l’allure et je pense que les premières navigations en flotte devraient donner vite de belles images. L’idée est quand même d’avoir des bateaux performants puisque l’on passe l’essentiel de notre temps à naviguer… Les premières impressions suite aux quelques heures de navigation que j’ai pu faire à bord du bateau de Steve Ravussin ou Roland Jourdain sont que nous avons affaire à des bateaux très sains, à bord desquels on ne devrait pas manquer de sensations. »

Comment constitue-t-on une équipe autour d’un tel projet ?
« Il y a deux aspects. Sur le plan sportif proprement dit, on a déjà constitué un noyau de base autour de l’équipage qui navigue actuellement sur le Décision 35 dans le cadre du Vulcain Trophy. D’autres navigateurs risquent de nous rejoindre, mais la composition définitive sera annoncée en octobre. Sur le plan technique, tout le travail d’entretien du bateau pourra être assuré au sein de l’équipe de Mer Agitée. Avoir une structure de cette nature, c’est aussi réconfortant en cas de coup dur. Je sais que je peux compter sur la réactivité de l’équipe, j’ai déjà eu l’occasion de l’expérimenter…»


Dans l’immédiat le programme de FONCIA…
« Durant, le mois de septembre nous allons être fortement mobilisés par les deux dernières épreuves du Vulcain Trophy en Décision 35, dont nous sommes les leaders provisoires, qui ont lieu en Méditerranée à Beaulieu-sur-Mer (1er au 4 septembre) et à Antibes (22 au 25 septembre). Il faut donc que l’on profite des quinze derniers jours d’août pour naviguer le plus possible sur le MOD 70 avant la première confrontation, le Krys Match à la Trinité sur Mer (6 au 8 octobre). »

Est-ce qu’il est prévu des sorties d’entrainement en commun avec les autres monotypes ?
« Avec Roland Jourdain, on est quasiment voisin. En ce qui concerne les bateaux qui seront à Lorient, il ne faut pas oublier qu’entre les deux baies, c’est une heure de navigation à 25 nœuds de moyenne. Donc, on ne va pas se priver… »

Interview de Franck David, directeur exécutif Multi One Design SA
« On est forcément ravi. La mise à l’eau suit son rythme. Tous les trois mois, c’est une nouvelle unité qui sort du chantier. Sur ce numéro trois, on est d’autant plus content que Michel et FONCIA ont été les premiers à s’être engagés dès 2010. Cette mise à l’eau intervient en même temps que l’annonce d’Oman Sail de rejoindre le circuit. C’est notre volonté d’internationalisation qui se confirme. On devrait avoir d’ici peu l’annonce d’un concurrent anglo-saxon… On est dans la bonne voie. »

PROGRAMME A VENIR :
Août : essais du bateau et navigations comparatives notamment avec le MOD70 n°2 de Roland Jourdain.
Septembre : Vulcain Trophy sur Décision 35. Grand Prix de Beaulieu sur Mer (1er-4 septembre) et Antibes (22-25 septembre).
6 au 8 octobre : La Trinité sur Mer : premier Krys Match opposant les 3 premiers MOD70 et le trimaran Gitana XI.
Juillet 2012 : Krys Ocean Race New York – Brest

Source : Team Foncia