Crédit : Courcoux-Marmara
Le marin morbihannais aura mis un peu de temps à entrer dans sa course dimanche au départ d'Ouistreham. Le long des côtes du Cotentin au reaching puis lors des passages de la pointe de Barfleur et du fameux raz Blanchard dans un vent fort, avec puis contre le courant, Generali connaissait quelques difficultés à trouver la vitesse. Mais peu à peu notamment lors de la traversée de la Manche au près puis en approche de la côte sud Anglaise, Nicolas, malgré des soucis de pompe de ballast, retrouvait la « vista » et se montrait inspirer anticipant formidablement bien les bascules du vent.
A l'enroulement de Land's End, porte obligatoire de la pointe de Cornouaille, Lunven pointait en troisième place. Au portatif en mer celtique et d'Irlande, Generali accélérait, cette bonne position galvanisant le navigateur fatigué par de longues heures passées à la barre et aux réglages des voiles. Enfin, ce matin, non loin du but, l'ambassadeur de Surfrider Foundation Europe, membre du pôle finistère course au large, tentait un coup prenant le large par rapport à ses adversaires. Une option gagnante qui permettait à Nicolas Lunven de franchir la ligne d'arrivée en deuxième position avec plus de 17 minutes sur Adrien Hardy, troisième.
Au classement général provisoire de cette 42èmeédition de la Solitaire du Figaro, force est de constater que les ténors de la discipline sont au rendez-vous. Les écarts en temps restent faibles et beaucoup prédisent un finish haletant façon Solitaire du Figaro 2009 !
Les impressions de Nicolas Lunven
« Sur la fin, je me suis retrouvé au large par dépit. Nous naviguions sous des grains et j'ai préféré prendre cette option. Quand j'ai vu que ce choix était bon, j'ai insisté. Pour le reste, je ne réalise pas un très bon début de course mais ensuite je passe à la vitesse supérieure en anticipant bien deux bascules hier après-midi. Je suis très fatigué voire « explosé » ! J'ai dormi cinq fois dix minutes sur l'ensemble de cette étape. Je suis content de prendre la deuxième place au classement général mais cela ne veut pas dire grand-chose car les écarts en temps sont infimes ».
Bonheur
C'est top cette 2e place. Il y a deux heures, quand on approchait dans la baie, je sentais le coup de Trafalgar avec les autres qui revenaient derrière. Je me suis dit ‘oups là, c'est quoi l'histoire ? ‘ .On était dans les grains avec 35 nœuds sous grand spi.
Je me mets un peu à la place de Thierry Chabagny et Erwan Tabarly. Ils doivent être déçus parce qu'ils se sont battus toute l'étape. Finalement, ils se font avoir à l'arrivée.
Objectivement, j'étais 4e, pas second. Mais je prends quand même avec bonheur cette seconde place parce qu'elle était dure. C'était une étape de montagne. Tous ces grains à l'arrivée, ce n'étaient pas trop prévus au programme… avec le vent qui passe de 5 à 35 nœuds… Mais ça fait du bien de se battre et d'être récompensé à la fin.
Bobos
J'ai mal à mon genou droit. On s'est cogné de partout, il y avait beaucoup de mer, avec du vent. J'ai sorti toutes voiles possibles à part le tourmentin. Tu les sors, tu les ranges, tu manœuvres, tu te cognes de partout. En plus, avec la fatigue, tu n'as plus trop les réflexes et tu te fais vraiment mal.
Dodos
Je suis fatigué, ça c'est sûr. J'ai dormi 5 fois 10 minutes, mais uniquement le deuxième matin. Après, cette nuit, quand c'était stable, je m'assoupissais sous pilote mais je gardais la barre dans la main pour me réveiller en cas de mouvement bizarre.
Dans le match
J'ai été dans le bon groupe tout le temps. Au début, j'étais entre 10 et 15. A Land's End, j'étais troisième et après j'ai essayé de tenir mon rang jusqu'à l'arrivée. J'étais super content de la manière dont j'ai navigué. Je me suis bien amusé.
Le classement général
Ce sont ceux de derrière qui m'intéressent. Pour l'instant, être 2e derrière Jérémie, moi, je veux bien signer ! On verra bien, je ne vais pas commencer à m'énerver avec ça maintenant, je n'en suis pas capable ! On n'a fait que la moitié. Il nous en reste encore deux. Et puis c'est pas le tout d'arriver en Irlande, il va falloir redescendre maintenant !
Matthieu Hacquebart, préparateur du voilier Generali
Il a 28 ans. Certains trouvent qu'il ressemble à son patron, Nicolas Lunven. Il sourit beaucoup, il est petit en taille, il est efficace… Matthieu Hacquebart est le préparateur du voilier Generali depuis trois années. « Nous sommes très différents avec Nicolas » précise t-il. « Je parle beaucoup, lui est moins expressif mais nous nous entendons vraiment bien. Nicolas a confiance en moi ce qui est super dans mon boulot. Du coup, je travaille sur de nombreux aspects de la technique du Bénéteau Figaro Bénéteau 2. Je suis, en quelque sorte, multicarte en intervenant sur le matelotage, la mécanique, l'électronique, la carène… Avec Nicolas, nous optimisons en permanence notre bateau ». Sur la Solitaire du Figaro, Matthieu est un peu comme l'ange gardien de Nicolas Lunven. « Je suis au départ et à l'arrivée de chaque étape. J'interviens sur le bateau et je fais en sorte de facilité la vie à terre de Nicolas qui est souvent fatigué après trois ou quatre jours de mer ». Et quand on lui demande de définir Lunven ? Il répond : lucidité et pragmatisme.
Classement général en Irlande :
1 BEYOU Jérémie BPI Arrivé en 115h52'20"
2 LUNVEN Nicolas GENERALI + 25'12"
3 DELAHAYE Fabien PORT DE CAEN OUISTREHAM + 30'02"
4 ROUXEL Thomas BRETAGNE-CREDIT MUTUEL PERFORMANCE + 39'45"
5 NICOL Jean-Pierre BERNARD CONTROLS + 49'49"
Source : Nicolas Lunven