Figaro / JP Nicol, 3è à Caen sur Bernard Controls, peut "jouer la gagne"

Troisième de l’étape irlandaise en 2010, aux avant-postes de la Generali Solo cette année, Jean-Pierre Nicol affiche depuis quelques temps la mine des garçons promis à un bel avenir. En signant une première étape de la Solitaire du Figaro digne des meilleurs combats, le skipper de Bernard Controls vient de confirmer d’entrée qu’il était de ceux bien décidés à écrire le scénario de la 42ème édition. Sur la troisième marche d’un podium âprement disputé, à 11 minutes et 22 secondes du vainqueur, Fabien Delahaye, et à seulement 13 secondes de son dauphin, Gildas Morvan, le Breton installé en Méditerranée vient de démontrer une fois de plus qu’il est devenu une valeur sûre de la série.

Crédit : Courcoux-Marmara

Risquée, difficile, éprouvante… rares étaient les qualificatifs faisant de la première étape une promenade de santé au départ de Perros Guirec dimanche dernier. Bien conscient du danger et des écarts potentiellement enregistrables à l’arrivée dans les eaux normandes, Jean-Pierre Nicol lui même savait que ce premier morceau était de nature à faire chuter, même les meilleurs. Fidèle à ses habitudes de régatier averti et bien décidé à soigner son entrée en jeu malgré un départ à l’anglaise, le skipper de Bernard Controls y mettait les formes : « C’est toujours particulier ces départs à l’anglaise, avec autant de bateaux. Il y a pas mal de risques. C’était finalement à l’image de l’étape et je m’en suis bien sorti en optant pour le milieu de ligne avec du vent frais. J’ai fait simple mais efficace, ce qui fait que je me suis retrouvé dans le match dès le début de course. J’ai fait une bonne traversée de la Manche même si j’ai un peu pêché par excès de gourmandise ».

Installé dans le top Ten, Jean-Pierre attaquait alors la principale difficulté de ce premier acte de la Solitaire du Figaro, la négociation des côtes anglaises, avec un vent souvent aux abonnés quasi absents et un courant particulièrement présent. Un frugal repas partagé par tous, mais qu’un problème technique rendait indigeste à bord de Bernard Controls : « La nuit tombait sur les côtes anglaises et c’est là que je me suis aperçu que je n’avais plus d’alternateur. Ca a été la grosse panique. Ca voulait dire plus de batteries et donc plus de pilote. Je ne me voyais vraiment pas barrer constamment. Frédéric Rivet, qui s’y connait un peu en mécanique, m’a alors aidé pour trouver une solution avec mon alternateur secondaire. Ce n’était pas aussi efficace que le principal mais au moins ça fonctionnait. Le problème c’est que cet incident m’a quand même pas mal perturbé et j’ai commencé à perdre du terrain. A Start Point, j’ai décidé de prendre un peu tous les risques en allant à la côte. J’ai perdu encore plus et ça a été le début de la catastrophe… A ce moment précis, je me suis dit que ça ne pouvait pas plus mal commencer ! ».

Magistral dans les derniers milles
Touché mais loin de jeter les armes, il fallait alors à Jean-Pierre retrouver toute son énergie et solliciter l’expérience et les précieux enseignements des dernières confrontations pour revenir au plus fort. Un instinct que le solitaire ne tardait pas à faire ressortir et qui s’incarnait en un coup tactique magistral : « Je suis allé dormir pour me remettre les idées au clair. Ca a duré presque toute la nuit, par intermittence et j’ai continué à perdre des places. Une fois ma lucidité retrouvée, je me suis fait violence et mon but a alors été de me rapprocher au maximum du paquet de tête et de ne surtout pas compromettre mes chances de bien figurer sur cette Solitaire. J’ai réussi à le recoller et à finalement m’y installer, jusqu’à la fin de nuit dernière où j’ai sorti ce petit coup qui a fait la différence. Quand les autres ont mouillé, j’ai anticipé la renverse de marée et j’ai envoyé le spi. J’ai fini par me créer mon vent et par traverser la flotte à 3 nœuds quand les autres étaient arrêtés. Je slalomais littéralement entre eux, c’était magique ! Le fait de gagner des places m’a gonflé d’adrénaline et je n’ai plus rien lâché! ».

« Je peux jouer la gagne! »
A l’arrivée, extrêmement heureux et étonnamment en forme, Jean-Pierre Nicol pouvait savourer le chemin parcouru entre la 42ème position qu’il occupait lundi matin à 4 heures et cette troisième place enlevée à Caen après une remontée exceptionnelle. « Je suis très content, ça prouve que j’ai de vraies ambitions et que j’ai de quoi les concrétiser. Il y a déjà des écarts avec certains et forcément ça va changer ma façon de naviguer. Je sais que je peux jouer la gagne. Je ne pars pas sur la même régate. J’ai hâte d’être à la deuxième! ».

Mais avant la suite de cette Solitaire du Figaro et les retrouvailles avec le large, Jean-Pierre Nicol va pouvoir profiter d’un repos bien mérité avec ses proches. Prochain coup de canon, dimanche prochain à 16 heures pour mettre le cap sur l’Irlande, et inutile de dire qu’il faudra compter avec le skipper de Bernard Controls !

Source : JP Nicol