© Alexis Courcoux
Passées les inquiétudes ressenties dans la journée d'hier, les voix du large allaient aujourd'hui dans le sens d'un retour à la normale et d'une évaluation plus ou moins optimiste des dégâts occasionnés par le bras de fer avec les éléments. Le coup de vent est dans le sillage des solitaires, laissant des traces plus ou moins prononcées. En la matière, il y a les taiseux, les "anciens" de la série, qui savent que la moindre information lâchée sur les ondes est une arme donnée à un adversaire qui saura s'en servir au moment voulu. Alors, quelle que soit l'étendue d'éventuels problèmes, on ne dit mot, privilégiant le plaisir d'une glisse retrouvée. Puis il y a les nouveaux venus, ces petits jeunes qui ont très souvent expérimenté sur cet épisode ibérique le premier tête à tête avec la frayeur, la peur, en solitaire. C'est par exemple le cas d'un Anthony Marchand (Bretagne - Crédit Mutuel Espoir) dont le bateau a enfourné jusqu'au mât avant de se retrouver couché après un malheureux enchaînement, de Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) victime de la perte de son petit spi et de chocs à répétition avec des billes de bois, ou encore de Frédéric Rivet (Vendée 1) qui confiait ce midi à la vacation avoir multiplié les figures de style. Visiblement sonnés, ces bizuths éprouvaient tous le besoin de revenir sur "leur" passage du cap Finisterre, pour raconter, partager et évacuer dans leur sillage une première confrontation virile avec le large. Mais loin de s'appesantir sur ce passé chahuté, tous savaient que l'heure était à l'attaque, à la maîtrise éventuelle d'une hémorragie de milles sur les premiers et surtout à la culture intensive d'un moral d'acier.
Gérer la transition
"L'avenir stratégique est vaste!", cette expression toute droit sortie de la bouche de Jeanne Grégoire (Banque Populaire) à l'occasion de la vacation de la mi-journée, résumait à elle seule la situation actuelle et à venir. Ainsi, sur l'échiquier, chacun a-t-il choisi une tendance plus ou moins marquée pour affronter le prochain obstacle. En cause, une zone de transition générée par la succession d'une dorsale, synonyme de petit temps pour la journée de demain, et d'une dépression à suivre qui se creuse au Sud des Açores. Pour résoudre cette équation et de se sortir au mieux de cette situation, les solitaires ont choisi trois tendances. Au plus proche de la route directe, le leader, Gildas Morvan et son dauphin, Thomas Rouxel (Bretagne - Crédit Mutuel Performance), ont choisi l'Ouest. Avec une centaine de milles d'écart en latéral, Eric Drouglazet (Luisina), Frédéric Rivet ou encore Yannig Livory (One Network Energies) ont choisi le plongeon et une voie sudiste. Rassemblant une large majorité de solitaires, l'inspiration centriste est emmenée par le duo Nicolas Lunven (Generali)/Erwan Tabarly (Nacarat). Première dissidence au sein de la flotte, ces choix marqués pour assumer la transition et contourner la dépression par le Nord pour une majorité, par le Sud pour un plus petit nombre, ne livreront bien évidemment pas leur verdict avant 48 heures. En attendant, il faudra aux marins composer avec du petit temps - un flux de secteur Nord Est faiblissant - et rester convaincus du bien fondé de leurs engagement ; moins de vent sur le chemin le plus court, ou une route plus longue mais plus rapide... Un peu de piment pour épicer une Transat Bénodet - Martinique déjà pourtant bien relevée !
Classement au 13/04/2011 à 19:00
1 Gildas Morvan CERCLE VERT à 818.7 milles du but
2 Thomas Rouxel BRETAGNE - CREDIT MUTUEL PERFORMANCE à 1.6 milles du leader
3 Nicolas Lunven GENERALI à 4.9 milles du leader
4 Erwan Tabarly NACARAT à 5.7 milles du leader
5 Romain Attanasio SAVEOL à 19.5 milles du leader
6 Francisco Lobato ROFF à 24.2 milles du leader
7 Fabien Delahaye PORT DE CAEN OUISTREHAM à 25.8 milles du leader
8 Jeanne Grégoire BNQUE POPULAIRE à 29.5 milles du leader
9 Anthony Marchand BETAGNE - CREDIT MUTUEL ESPOIR à 32.9 milles du leader
10 Jean Paul Mouren GOUPE SNEF à 35.2 milles du leader
Source : Rivacom