Crédit : Patrick Thierry / Barcelona World Race
Comment s'est déroulé votre passage du Détroit de Gibraltar ?
LP : « Il a été laborieux. Nous dormons maintenant à tour de rôle pour récupérer de la nuit. C'est le pire moment du navire. Nous avons pris beaucoup de vent, 40 noeuds, avec une mer à tout casser. C'est encore le cas en mer d'Alboran. Bienvenue en Méditerranée, la mer la pire parfois. C'est joli pour se baigner, mais pas pour les bateaux quand on a le vent dans le nez. C'est notre cas depuis 15 jours. C'est un peu long. Nous n'avons pas choqué les écoutes depuis ce fameux Pot au Noir. Nous sommes depuis au près. En ce moment cela tape énormément. Cela fait mal au bateau, et quand cela fait mal au bateau cela fait mal aux bonshommes. Il n'a jamais autant souffert maintenant que tout au long de ces trois derniers mois. Pendant que je vous parle, je surveille par la petite fenêtre que nous n'allons pas percuter un cargo ou deux, car nous sommes en plein milieu du rail des cargos. »
Peux-tu nous parler de vos surfs sessions le long des côtes marocaines ?
LP : « Nous sommes passés proches des côtes marocaines pour nous changer les idées, mais surtout pour nous protéger des vagues. C'était souvent trop court, car il fallait repartir chaque fois au large. Le début de la nuit était assez sympa. Nous avons rasé le Cap Espartel, la pointe Nord-Ouest du Maroc. Le cap Espartel je le connais bien. Mon papa est né à Tanger. Ça me rappelle des souvenirs d'enfance. Nous allions nous balader sur ce Cap quand nous étions petits. C'est un peu comme un retour aux sources. C'était notre promenade pour aller voir l'océan. Aujourd'hui je suis sur cet océan. Nous sommes passés à quelques mètres, au ras des cailloux en pleine nuit. C'était magnifique. »
Damian, quel souvenir as-tu gardé de votre passage du Détroit de Gibraltar avec JP en 2008 ?
Damian Foxall*: « J'ai passé plusieurs fois le détroit de Gibraltar, mais jamais avec autant de vent qu'avec Jean-Pierre Dick lors de la précédente édition de la Barcelona World Race. Après 89 jours en mer, le plus dur n'était pas pour nous, mais bien pour le bateau. Avec quelques petits problèmes techniques, comme la casse de l'étai dans l'Atlantique Sud, nous faisions énormément attention au matériel, d'autant que l'on se rapproche de la fin. Nous sommes passés en Méditerranée sans soucis. Le passage de Gibraltar est toujours un moment de stress. Il faut toujours faire attention au matériel. Même si l'on est toujours en course, la priorité est au mode marin. »
* Damien Foxall a remporté la première édition de la Barcelona World Race au côté de Jean-Pierre Dick. Il est le plus français des marins britanniques. Damian est directeur sportif au sein du projet Groupama pour la prochaine Volvo Ocean Race.
Classement à 16h :
1.Virbac-Paprec 3 à 421 milles de l'arrivée
2.Mapfre à 268,9 milles du leader
3.Renault à 1014,4 milles du leader
Source : JP Dick