Barcelona World Race / Des calmes et des tempêtes

Cette nuit, au large de l’Argentine, Forum Maritim Catala a essuyé la plus forte tempête depuis le début de la Barcelona World Race. Cette nuit, l’étrave pointée vers l’Equateur, Renault Z.E s’est embourbé dans les vents mouvants du Pot au Noir. Cette nuit, au large du Cap Vert, Loïck Peyron a savouré sa chance sous une lune magnifique. La mer est décidemment terre de contrastes !

Crédit : Hugo Boss

L’imminence de l’arrivée fait naître chez les marins des sentiments bizarres où l’urgence de profiter des derniers instants de navigation se mélange à l’envie de mettre le pied à terre. A bord de leur fier navire azur, au large du Cap Vert, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron en sont à ce stade : impatients de terminer, avides d’ultimes souvenirs. Ils sont attendus à Gibraltar dans 9 jours et à proximité des côtes catalanes à partir du 3 avril.

Des Basques collés aux basques
En ce 82e jour de course, ils caracolent au près sous un soleil radieux en direction des Canaries. A l’horizon, l’anticyclone des Açores s’étale sur une bonne largeur de l’Atlantique Nord. Pour s’en affranchir, la solution la plus raisonnable semble être de se coltiner les hautes pressions par l’Est, au près, quitte à raser l’archipel Canarien. Cette nouvelle difficulté (mais pas la dernière) sur la route de Barcelone va encore une fois relancer la bagarre entre le bateau bleu et son unique rival MAPFRE. Bientôt, le vent va mollir pour Jean-Pierre et Loïck, permettant aux deux Basques Iker Martinez et Xabi Fernandez de gagner un peu de terrain.

Calmes honnis ou bénis
Le vent a franchement molli aussi pour Pachi Rivero et Antonio Piris qui se plaignaient d’avoir passé la nuit au ralenti dans le Pot au Noir. A défaut d’être très active, la zone de convergence intertropicale est large donc laborieuse à traverser. Il faudra à Pachi et Talpi encore un peu de patience avant de franchir l’Equateur (demain) et d’être le 3e équipage à entrer dans l’hémisphère Nord.
Dans quelques heures, les langueurs du Pot au Noir happeront à leur tour Estrella Damm puis Neutrogena qui s’apprêtent à vivre une lente remontée entre les grains épars. Plus au sud, au large de Salvador de Bahia, les filles de GAES Centros Auditivos attendent ces vents anémiques avec impatience, pour pouvoir terminer la réparation de leur cloison de ballast avant.

60 nœuds, sous mât seul
Elles ne sont pas les seules à appeler l’accalmie de leurs vœux. Au large des côtes sud de l’Argentine, Hugo Boss et surtout FMC ont vécu une nuit et une matinée très mouvementées, dans la plus forte tempête de cette Barcelona Wolrd Race. Forum Maritim Catala, le plus exposé, a passé de nombreuses heures à sec de toile dans 60 nœuds de vent et une mer abrupte, au milieu de creux de 8 à 10 mètres. A la vacation du jour, le visage fatigué de Ludovic Aglaor trahissait la difficulté de ces dernières heures de navigation, mais aussi les conditions très exigeantes rencontrées depuis leur passage du cap Horn. Au classement de la mi-journée,FMC avait retrouvé un brin de vitesse (9 nœuds), preuve que l’équipage a dû renvoyer un peu de toile.
Autre tandem sur la liste des coups de vent à suivre : We are Water, actuellement à 950 milles du cap Horn. Demain après-midi, Jaume Mumbru et Cali Sanmarti seront à leur tour dans la tourmente.

Ils ont dit :
Ludovic Aglaor, Forum Maritim Catala: « Là, ça a l’air de vouloir se calmer un peu. Depuis hier soir, on a eu 60 nœuds vraiment constants et du vent froid très lourd. Là, il y a un énorme grain qui arrive à nouveau donc je viens de ranger le solent. On n’avait pas prévu que ce soit si fort et si long ! Cette nuit nous étions à sec de toile. Il ne restait plus que la corne de la grand-voile alors que nous avions quatre ris. On a rangé il était 22h TU et c’est monté à 60 nœuds, ça poussait bien ! Nous sommes toujours dans le Grand Sud et les Malouines, c’est un coin où les dépressions sont actives et c’est là qu’on prend le plus fort sur un tour du monde.Je suis fatigué, car les situations sont variées et changeantes depuis Wellington. C’est une fatigue due à la longue période de froid. Dès qu’on va choper un peu de soleil ça va être mieux pour l’organisme... »

Loïck Peyron, Virbac-Paprec 3 : « Le vent est très irrégulier depuis le Pot au Noir. Ça a bien navigué cette nuit, c’était relativement propre, mais on n’est pas dans de l’alizé très fort, juste 10-12 nœuds. Le vent est plus fort pour nos amis espagnols donc l’élastique va encore jouer. Avec MAPFRE, il va y avoir du suspense jusqu’au bout, car avec cet anticyclone devant nous, ça va forcément faire des choses bizarres et ça ne sera pas toujours à notre avantage. C’est dans le dernier grand bord entre Madère, les Canaries et Gibraltar, qu’on saura la distance exacte qui nous sépare. L’entrée en Méditerranée ne semble pas favorable, donc on va mettre pas mal de temps à finir ce tour du monde ».

Antonio Piris (ESP), Renault Z.E : “ Il n’y a aucun plaisir à profiter de ces calmes. Pour un régatier c’est une frustration totale. Les calmes sont extrêmement étendus. Nous voulons arriver dans les Alizés du Nord et enfin faire du près comme Virbac-Paprec 3. Pour l’heure, nous sommes sous Code 0 et nous avançons un peu. Il y a peu de vent. 6 nœuds. Un régal par rapport à ce que nous avons eu avant, lorsque nous étions englués ou avec du vent de face. L’horreur. J’espère que les prévisions météo vont se confirmer et que le bateau va pouvoir reprendre un peu vie. Nous sommes fatigués de voir que ceux de derrière reviennent sur nous. Pourvu qu’ils s’arrêtent à leur tour ».

Classement du 23 mars à 15 heures (TU+1) :
1 VIRBAC-PAPREC 3 à 2138,6 milles de l’arrivée
2 MAPFRE à 236,7 milles du leader
3 RENAULT Z.E à 1048,4 milles
4 ESTRELLA DAMM Sailing Team à 1221,4 milles
5 NEUTROGENA à 1259,9 milles
6 GAES CENTROS AUDITIVOS à 1775 milles
7 HUGO BOSS à 3810,1 milles
8 FORUM MARITIM CATALA à 4087,1 milles
9 WE ARE WATER à 5692,9 milles
10 CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 9411,7 milles
ABN FONCIA
ABN PRESIDENT
ABN GROUPE BEL
ABN MIRABAUD

Source : Barcelona World Race