Crédit : DCNS
C’est une histoire d’opportunités. J’avais rencontré quelques marins lors du trophée mer-montagne dont c’est le 20e anniversaire cette année. On s’est vite trouvé pas mal de similitudes entre les marins et les montagnards. J’avais rencontré Eric Loizeau et Yves Le Blevec, j’ai même été parrain du bateau de Le Blevec, et je suis un peu parti naviguer avec eux. Au fur et à mesure des discussions, je me suis dit que je ferais bien de la voile un jour et il fallait juste que je trouve la bonne opportunité. J’étais un peu comme un mec sur le port qui cherche une embarcation. J’avais aussi rencontré Marc Thiercelin lors d’un stage de préparation physique avec un sponsor commun. On s’est liés d’amitié et après ce sont eux, lui et DCNS, qui m’ont proposé de m’embarquer sur l’aventure des Filières du Talent. L’idée était sympa comme tout.
Cette opportunité vous a tout de suite attiré ?
Bien sûr. J’avais l’envie. Et comme je ne peux plus obtenir de licence pour rouler en sport automobile depuis mon accident de moto, et que j’avais du temps devant moi, je me suis dit que c’était un bon virage à prendre dans ma carrière. Et puis la voile m’a toujours botté. Mais ce qui me botte, ce ne sont pas les résultats ou les courses en premier lieu, c’est surtout apprendre et découvrir. En navigation, je pars de très loin et je suis bien conscient que je suis loin d’avoir le bagage d’un mec comme Marc. Mais j’ai très envie d’apprendre. C’est exactement comme lors de mes débuts dans l’automobile. Quand je suis parti pour la première fois sur le Dakar, je n’avais jamais vu une dune et je n’avais jamais fait une course en tout-terrain.
Comment imaginez-vous ce nouveau virage dans votre carrière ? Avec envie ou appréhension ?
Surtout de l’envie. Je ne vois ça que du côté positif. Après, il y a un peu de risques, un côté dangereux, mais si tu es bien préparé et le plus professionnel possible, c’est le meilleur moyen de te protéger. Je vais apprendre tout ça et j’ai confiance.
Le but affiché est de prendre part à la Transat Jacques Vabre, en fin d’année, avec Marc Thiercelin. Cet objectif vous fait-il peur ?
Ça va le faire. Il faut surtout que je navigue beaucoup. La Transat est en novembre, j’ai bloqué six mois complets dans mon année pour naviguer le plus possible. Quand je fais un truc, j’essaye de le faire bien et ça va être le cas, même si je vais bien sûr manquer d’expérience. On a ramené le bateau de la Guadeloupe en fin d’année 2010, après la Route du Rhum, une vraie expérience de mer même si ce n’est pas grandeur nature, et ça permet déjà de savoir si t’es malade et d’appréhender les conditions de vie à bord. Après, il y a de la technique et du maniement et je vais devoir bosser ça à mort. J’arrive de loin sur ce plan mais je vais travailler fort pour progresser. Je suis super motivé, comme un junior.
Vous avez réorienté votre carrière à plusieurs reprises dans votre vie. Cette façon de se réinventer, de se lancer chaque fois de nouveaux défis, ça fait partie de vous ?
C’est fait de rencontres, d’opportunités, de partage, et c’est ça qui est top. Là c’est un projet sur l’année 2011 mais après j’ai envie de continuer. De quoi sera fait l’avenir, on verra, mais pour l’instant j’ai une super opportunité, que peut-être beaucoup de marins aimeraient avoir. La chance qu’a eue Christopher Pratt de faire la Route du Rhum avec un tel bateau et un tel partenaire, alors que nous sommes à une époque où il n’est pas évident de trouver des partenaires, c’est génial.
La réorientation professionnelle a été au cœur de vos multiples carrières. Etait-ce important pour vous d’être lié à un programme qui met cette notion en avant comme peut l’être le volet social des Filières du Talent?
Je trouve que leur vision est pas mal. Si tu prends un marin pur, il préférerait peut-être un projet plus sportif, avec du développement et une recherche de performances accrue, mais moi je trouve que c’est top de faire vivre le projet en interne. Avoir une vision différente et sociale, c’est super. Là-dessus se greffe la tournée des centres et moi, j’adore la technique, je suis plutôt un manuel, donc ça me botte. Aller voir tout ces systèmes, comment ils fabriquent les bateaux, c’est génial.
Comment imaginez-vous votre relation avec Marc ?
Ce qui va compter, c’est sur le bateau. Après, il faut juste qu’on cadre les missions et les trucs mais pour l’instant, ça se passe super bien. Je lui pose beaucoup de questions, ça finit peut-être un peu par l’embêter, il m’a même donné un quota de questions par jour la dernière fois mais je suis là pour apprendre, découvrir, et mon côté curieux joue à fond sur ce plan. C’est tout nouveau pour moi, je lui demande toujours ce qu’on fait avec ci ou ça, mais j’espère avoir de moins en moins de choses à lui demander au fur et à mesure du temps.
Comment résumeriez-vous en quelques mots vos attentes sur ce programme ?
Cette saison est une superbe chance pour moi, une bonne mise à l’étrier, un bon départ. Après, il faudra que je trouve ma voie. Ce que j’attends, c’est d’apprendre le maximum, d’essayer de finir notre première course et de ne pas vivre de gros ennuis dans ce qu’on va apprendre. Je veux aussi redonner à ceux qui nous aident, DCNS, au travers de leur approche citoyenne et sociale du programme. Je veux leur donner tout ce que je peux leur apporter.
A long terme, au-delà de cette année 2011, avez-vous envie de rester dans le milieu de la voile ?
Bien sûr. Si je le fais, c’est pour continuer. C’est du long terme. Quand je commence un truc, c’est pour le faire sérieusement. Au moins quatre ou cinq ans. Je ne veux même pas me fixer de date. Je verrai où ça me mènera. Mais je ne fais jamais les choses à moitié, ça n’existe pas chez moi.
Attendez-vous beaucoup des rencontres avec les collaborateurs de DCNS et les binômes tuteur/apprenti dans le cadre du Volet Social ?
Bien entendu. Sur le plan humain, déjà, mais aussi au niveau technique où je vais voir des choses très intéressantes, notamment lors de la tournée des centres. La réorientation professionnelle, j’en suis l’exemple. Savoir se remettre en cause, repartir à zéro, c’est très important. Tu n’es pas assis sur tes acquis en train de faire juste ce que tu sais faire. Tu prends des risques, c’est une véritable remise en question, et c’est ça qui est intéressant.
Source : Les Filières du Talent