© Groupe Bel
Légèrement distancé à la sortie de la Méditerranée, Groupe Bel cravache pour rattraper le peloton de tête. Le 11 janvier, avant le Cap Vert, alors que la flotte glisse à fond dans l’alizé de Nord-Est, le bateau part violemment « au lofe », endommageant le grand gennaker (voile de portant) qui est depuis inutilisable. Kito et Seb ont alors continué sous spi lourd qui, lui aussi, a cédé le lendemain dans un autre dérapage musclé.
Ces avaries ont eu des conséquences évidentes sur la marche de Groupe Bel. Dans des conditions de glisse avec un vent compris entre 15 et 25 nœuds, l’équipage n’a pas les voiles adaptées. Il dispose seulement de celles pour moins de 18 nœuds de vent ou pour plus de 25. « Si cela n’a pas été toujours pénalisant sur le parcours, le grand gennaker et le spi lourd nous manquent ces derniers jours. Il est important d’expliquer à ceux qui nous suivent pourquoi Groupe Bel n’est pas à 100% de son potentiel, » confie le skipper qui ronge son frein la tête haute depuis plusieurs semaines avec son coéquipier.
Magnéto Serge !
Si on rejoue le film de la course. A la sortie du Pot au Noir, Foncia puis Virbac-Paprec 3 décident d’opérer une courte escale technique à Recife (Brésil), une option tentante pour les « cow boys ». Mais ayant une centaine de milles de retard sur la tête de course, Groupe Bel serait reparti dans un autre système météo avec des prévisions de vent pessimistes. La décision est donc prise de continuer. Kito et Seb auraient aimé aller ensuite chercher le vent le long du Brésil comme les Espagnols de Mapfre. Ils doivent pourtant y renoncer car ils n’ont pas les bonnes voiles. Ils tentent donc un passage dans l’anticyclone de Sainte-Hélène.
Ensuite, la météo a plutôt servi nos compères tant les conditions dans l’océan Indien ont été atypiques. « Nous avons eu beaucoup de près et du portant dans un vent musclé ou alors plutôt faible, ce qui nous a permis de garder une bonne cadence, » poursuit le skipper. « En revanche, depuis quelques jours, tout est rentré dans l’ordre avec un vent portant d’une vingtaine de nœuds, là où le grand gennaker nous fait défaut. Nous sommes à 20% en deçà des performances de Groupe Bel. Conclusion, Estrella Damm avec lequel nous naviguions à vue il y a moins d’une semaine, s’est envolé à plus de 100 milles devant. »
Cruel dilemme
Que faire ? A partir du 140° Est (avant la Tasmanie), comme le règlement le stipule, toute escale doit durer au minimum 48 heures. Or, le parcours fait passer les bateaux entre les deux îles de la Nouvelle-Zélande où la capitale Wellington offre tous les services nécessaires. L’équipe technique de Groupe Bel se prépare à une escale éventuelle. Une course contre la montre qui ne doit pas dépasser deux jours à terre et qui demande une sacrée anticipation.
Nos marins sont devant un choix cornélien. Faut-il s’arrêter, perdre deux jours, mais attaquer le Pacifique et la seconde moitié de ce tour du monde avec un potentiel retrouvé, ou bien faut-il continuer amoindri mais ne pas perdre une minute à terre ? « Aujourd’hui, rien de vital ne nous pousse à nous arrêter, » analyse Kito. « Nous prendrons notre décision dès que nous aurons une vue précise des conditions météo autour de la Nouvelle-Zélande qui joueront ou non en faveur d’un stop plus ou moins pénalisant vis à vis de nos concurrents. Il est aussi possible que d’autres équipages s’interrogent comme nous actuellement. La course est loin d’être terminée…»
Source : Beltchiztour