Barcelona World Race / Entretien avec Jean Le Cam : "Nous n’avons plus de mât ni de voiles "

" Nous sommes à une cinquantaine de milles de notre port d’arrivée et à 25 milles sous le vent de la côte de l’île de San Antao. Nous progressons à 4 nœuds au moteur. Nous espérons arriver avant la nuit, mais pour l’instant nous sommes travers aux alizés donc nous ne progressons pas très vite. Nous devrions donc toucher terre cette nuit, un peu avant si la mer s’aplatit derrière les îles. Au niveau gazole nous avons tout ce qu’il faut à bord puisque nous avions le plein pour notre tour du monde.

Le démâtage s’est passé vers 19h00 TU, juste avant la tombée de la nuit. Il y avait 20-25 noeuds de vent. Nous étions sous gennaker et grand-voile haute. Nous avons planté dans un train de vagues d’alizés assez courtes. Cela n’avait rien d’exceptionnel. Le pourquoi du comment, je n’en sais rien. J’étais à la barre à ce moment-là alors que Bruno se trouvait à la table à carte.


Ce n’était même pas un enfournement, c’était un petit planté comme cela nous est arrivé une vingtaine de fois. Au niveau du mât nous avons planté, nous avons entendu « crac » est le fagot était par terre. Le temps que tu lèves la tête et il n’y a plus de mât ! Difficile donc de savoir ce qui s’est passé.


Le mât s’est cassé, il n’est pas parti sur l’avant. Le mât a dû se casser en plusieurs morceaux. Mais je ne peux pas dire en combien. Tout est tombé à l’eau. Le souci, qui est toujours le même, est d’éviter d’abîmer la coque. Le mât était sur le côté, il a donc fallu tout larguer le plus rapidement possible pour éviter d’endommager le bateau. Nous avons coupé les drisses et les écoutes jusqu’à ce que le bateau se sépare du gréement complet. Après vérification nous avons mis le moteur immédiatement pour nous diriger vers le port le plus proche.


C’est un coup. Nous n’avons plus de mât ni de voiles. Il nous est très difficile de repartir.


J’ai découvert ce bateau récemment. Globalement, nous en étions assez satisfaits. Ce n’était pas la dernière génération de bateau. Nous avions un petit manque de vitesse par rapport aux nouveaux bateaux même si globalement nous allions pas mal.


Pour revenir sur notre course, Mapfre et Groupe Bel nous donnaient du fil à retordre. Mapfre va vite, il est le plus rapide de la flotte. "

Jean Le Cam, joint par téléphone, ce mardi matin

Source : Barcelona World Race