Barcelona World Race / Dick et Peyron succèdent à Desjoyeaux et Gabart (Vidéo)

La vie est belle sous le soleil de Méditerranée. Elle est aussi intense et imprévisible pour les 14 monocoques de la Barcelona World Race dont les deux tiers se bagarrent à vue dans un labyrinthe de calmes et de risées. Au moment de doubler le Cap de Gata, Virbac-Paprec 3 vient de succéder à Foncia en tête de peloton.


6,5 nœuds de moyenne sur 24 heures
Les tandems ont encore subi cette nuit quelques passages à vide dans les calmes du golfe de Valencia. Et cette situation n’est pas prête de s’arranger. Dans la matinée, l’arrivée d’un petit vent de secteur ouest-nord-ouest obligeait les équipages à ranger les spinnakers et à sortir les génois et autres codes zéro pour une navigation au bon plein à l’entrée de la mer d’Alboran. Mais dans cet entonnoir d’une centaine de milles débouchant sur le détroit de Gibraltar, la situation météorologique est encore très confuse. Les vitesses des grands monocoques sont toujours erratiques et dépassent rarement les 8 nœuds. Dans ce contexte, chaque mille de gagné est un mille en or. Du coup, cette course de lenteur le long des côtes espagnoles est aussi d’une rare intensité. Au pointage de cet après-midi, les 8 premiers bateaux se tenaient en 14 milles, autant dire qu’ils naviguent à vue.

Dick et Peyron succèdent à Desjoyeaux et Gabart
Ce peloton de tête emmené pendant 36 heures par Foncia, est désormais tiré par son quasi-sistership Virbac-Paprec 3 qui a pris les commandes d’un cheveu. Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron sont les troisièmes leaders depuis le départ de la course, il y a 48 heures, mais leur position est fragile : derrière eux, à quelques centaines de mètres, Foncia, Groupe Bel, Mapfre, Président et Estrella Damm progressent pratiquement sur la même cadence. Il faut du coup s’attendre à de nouveaux changements tant les écarts sont ténus pour les deux tiers de la flotte.

Rester au contact
Sur les ponts des 60 pieds, malgré le soleil ambiant, la mer plate et les tièdes températures diurnes, l’ambiance n’est donc pas à la bronzette. L’urgence du moment est de ne pas se faire décrocher. Les heures de barre ne se comptent plus et certains comme les champions olympiques Iker Martinez et Xabi Fernandez (Mapfre) n’ont pas hésité à enchaîner les empannages pendant toute la nuit pour rester au contact de leurs camarades.

D’autres ont eu plus de mal à tenir le rythme et il y a désormais deux groupes de bateaux bien distincts au sein de la flotte. Central Lechera Asturiana, Hugo Boss et FMC sont relégués à plus de 100 milles de la tête de course, Renault Z.E à 70 milles. Leur retard pourrait encore s’accroître au sortir de la Méditerranée. Les leaders, eux, devraient atteindre le détroit de Gibraltar dans la nuit de lundi à mardi. Reste à savoir par quel chemin. Aujourd’hui, les 14 tandems vont devoir faire le choix entre deux stratégies en mer d’Alboran : longer les côtes espagnoles ou chatouiller celles de l’Afrique (Maroc).

Classement de 15h :
1 Jean Pierre Dick - Loick Peyron VIRBAC-PAPREC 3 à 24265,3 milles du but
2 Michel Desjoyeaux - Francois Gabart FONCIA à 0,8 milles du premier
3 Kito de Pavant - Sebastien Audigane GROUPE BEL à 1,1 milles du premier
4 Iker Martinez - Xabi Fernandez MAPFRE à 2,3 milles du premier
5 Jean le Cam - Bruno Garcia PRESIDENT à 2,8 milles du premier
6 Alex Pella - Pepe Ribes ESTRELLA DAMM Sailing Team à 4 milles du premier
7 Dominique Wavre - Michele Paret MIRABAUD à  7,6 milles du premier
8 Boris Herrmann - Ryan Breymaier NEUTROGENA FORMULA NORUEGA à 14,2 milles du premier
9 Dee Caffari - Anna Corbella GAES CENTROS AUDITIVOS à 23,4 milles du premier
10 Jaume Mumbru - Cali Sanmarti WE ARE WATER à 33,7 milles du premier
11 Pachi Rivero - Antonio Piris RENAULT Z.E à 70,5 milles du premier
12 Juan Merediz - Fran Palacio CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 102,3 milles du premier
13 Wouter Verbraak - Andy Meiklejohn HUGO BOSS à 104,9 milles du premier
14 Gerard Marin - Ludovic Aglaor FORUM MARITIM CATALA à 105,3 milles du premier

Ils ont dit :

Jean Le Cam, Président
« Ça se passe très bien. On a juste à côté de nous le bateau de la production vidéo. On a beau temps et mer plate. C'est quand même mieux que le Vendée Globe avec la première nuit à 35-40 nœuds. Il fait 18°, je vais enlever le ciré, parce que là, il commence à faire un peu chaud. Sous spi, on a pu voir qu'on n'avait pas de souci, c'est clair. Pour une course de portant, mieux vaut cela que d'attraper un coup de pied au cul. »

François Gabart, Foncia
"Une option semble se dessiner. On considère que c'est celle-là qui devrait être la plus raisonnable. Ensuite, nous allons devoir passer près d'un centre de basses pressions qui se profile devant nous. Comme toujours, sur des petits phénomènes et des centres d'action de cette nature, les prévisions ne sont pas forcément parfaites. Il y a toujours une part d'incertitude qu'il faut gérer au mieux en levant la tête, en essayant de s'adapter le plus vite possible et en faisant la différence entre ce qui était prévu et la réalité..."

Xabi Fernandez, Mapfre
« Nous avons eu une nuit mouvementée avec beaucoup de calmes et de changements de voile. Nous avons eu peur de rester scotchés, mais au final nous sommes restés accrochés à la tête de course. À l’heure actuelle, nous voyons Virbac-Paprec 3 devant notre étrave à 4 ou 5 milles. Nous sommes par le travers de Président qui doit être à 2 milles. Estrella Damm est un peu derrière alors que cette nuit nous étions à quelques longueurs seulement. La vérité est que les conditions sont très difficiles. Nous sommes passés dans des zones avec très peu de vent, mais avec quelques empannages nous nous en sortons bien. Nous avons une position qui, à court terme, devrait nous donner quelques bénéfices

Ryan Breymaier, Neutrogena
« Avec Boris, on navigue ensemble depuis le début de l'été. On n'est pas très structuré sur les changements de quarts. Pour l’instant, on fait des petites siestes quand on a besoin. Le reste du temps, on a toujours quelqu'un sur le pont pour essayer d'aller au plus vite dans la bonne direction. Dans le tout petit temps, on barre beaucoup, mais dès qu'il y a dix à quinze nœuds de vent, on laisse faire le pilote qui est plus efficace que nous à ces allures. »

Source : Barcelona World Race