© www.wmrt.com
Les scénarios possibles
Avec cinq podiums, dont trois victoires cette année, les Bleus pouvaient difficilement rêver d’une meilleure saison. Les quinze points qui les séparent de leurs poursuivants constituent un matelas si confortable qu’il faut remonter à 2006, année du 4ème sacre de Peter Gilmour, pour voir un challenger aborder le dernier round dans une telle situation de domination.
Pourtant, on est encore loin de fanfaronner dans le camp français. « Ils ont toutes les cartes en main, ils ne dépendent de personne mais ils doivent tout de même rentrer un résultat » résume Benjamin Bonnaud, l’entraîneur qui les accompagne sur place.
Au sein de l’équipe, on a fait chauffer la calculatrice et il en ressort une seule certitude : une place en finale leur assurera le titre. A l’inverse, les Bleus auront du souci à se faire s’ils n’atteignent pas les quarts de finale. Ce scénario, plutôt sombre, ne ruinera pas leurs espoirs à coup sûr mais leur destin serait alors directement lié aux performances de leurs concurrents avec en premier chef ceux de leurs dauphins, le kiwi Adam Minoprio ou le Britannique Ben Ainslie. Entre ces deux situations extrêmes, le champ des possibles est vaste et le coach prévient : « il ne faudra pas se mettre dans une position de défenseur. Il ne faudra pas subir mais tout de suite attaquer. Tout le monde est affuté et les autres n’ont rien à perdre. Il faut être dans un état d’esprit conquérant ».
La concurrence internationale
Peu connu en France, où la course au large est reine, le match racing est une discipline internationale exigeante qui réunit, parmi les quinze premiers skippers mondiaux, huit nationalités différentes et des leaders qui pèsent lourd. Ainsi le Britannique, Ben Ainslie, 3ème du classement général, est une star en Grande Bretagne où des quotidiens prestigieux comme le Times ou le Guardian lui consacrent des pleines pages. A 33 ans, « Big Ben » cumule 4 médailles olympiques, dont trois en or, et son talent dépasse l’univers de la voile légère. Il s’est converti au match race par la grande porte, en intégrant le Team New Zealand en 2005, et il était le skipper de Team Origin avant que le défi anglais pour la Coupe de l’America ne jette l’éponge. Le deuxième prétendant au titre est le Néo-zélandais Adam Minoprio qui a bousculé la hiérarchie mondiale lorsqu’il est arrivé sur le circuit en 2008. A seulement 24 ans et pour sa deuxième saison sur le Tour, « Mino » s’empare du titre 2009 au nez et à la barbe des ténors de la discipline. Il est aujourd’hui le plus proche concurrent de Mathieu puisqu’il devance d’une courte tête Ben Ainslie. En dehors de ces deux favoris, l’Australien Torvar Mirsky ou le Britannique Ian Willams peuvent, mathématiquement, encore jouer le titre. On notera également la présence de Peter Gilmour. Quadruple champion du monde, l’Australien n’est plus en course pour jouer le titre cette année mais il reste un redoutable concurrent.
Une préparation normale, ou presque...
« La préparation pour la Monsoon est dans la continuité de la saison et nous ne laissons rien au hasard » explique Mathieu Richard. L’équipage a donc passé, mi-novembre, une semaine sur le plan d’eau de Pornichet afin de se confronter à Damien Iehl, un autre skipper de l’équipe de France. Pour reprendre ses marques sur le bateau, et également atténuer le décalage horaire, Mathieu et ses hommes se sont envolés dimanche dernier pour l’Australie où ils participent cette semaine à une régate d’entraînement qui se déroule sur le même bateau que la Monsoon, le Fondation 36. Ils rejoindront Kuala Tuerenganu dimanche prochain. Sur le plan tactique, Mathieu et Greg Evrard, le tacticien du bord ont analysé les habitudes de leurs concurrents en visionnant des vidéos réalisées l’année dernière.
Interview de Mathieu Richard :
« La Monsoon Cup est une étape très spectaculaire. Pour commencer, c’est atypique de naviguer au fin fond de la Malaisie, c’est très dépaysant. C’est un pays musulman, toutes les femmes sont voilées et la vie se fait au rythme des prières. Le vendredi par exemple, la compétition s’arrête pendant deux heures pour la grande prière. Sur un plan sportif, la grande particularité de cette épreuve est qu’elle se dispute sur une rivière avec beaucoup de courant en raison de la mousson (d’où le nom de Monsoon Cup, ndlr). Ça peut faire des matchs un peu bizarres car il y a des veines de courant et il faut jouer avec. C’est donc un site qu’il est important de connaître. C’est notre cas car nous sommes déjà venus plusieurs fois mais c’est aussi le cas de nos concurrents. Les bateaux sont des Fondation 36 depuis plusieurs années donc on commence à les connaître. Pour trouver nos marques, nous passerons une semaine à Perth (Australie) pour participer à une régate d’entraînement qui se déroule sur ce support. Ce sera par ailleurs une occasion de rencontrer certains de nos adversaires, Ben Ainslie, Torvar Mirsky et Ian Williams. »
Composition de l’équipage :
Mathieu Richard (APCC Voile Sportive), Greg Evrard (APCC Voile Sportive), Olivier Herlédant (APCC Voile Sportive), Yannick Simon (SNBSM), Thierry Briend (CN Arradon)
Classement provisoire 2010 ISAF World Match Racing Tour (après 8 manches sur 9)
1. Mathieu Richard (FRA) French Match Racing Team 105 Points
2. Adam Minoprio (NZL) ETNZ/BlackMatch Racing 90 Points
3. Ben Ainslie (GBR) TEAMORIGIN 88 Points
5. Torvar Mirsky (AUS) Mirsky Racing Team 76 Points
5. Ian Williams (GBR) Team GAC Pindar sponsored by Argo Group 72 Points
6. Jesper Radich (DEN) Radich Racing Team 60 Points
7. Francesco Bruni (ITA) Azzurra 53 Points
8. Peter Gilmour (AUS) YANMAR Racing 51 Points
9. Bjorn Hansen (SWE) Hansen Global Team 33 Points
10. Magnus Holmberg (SWE) Sigma Racing Team 29 Points
Les points attribués à la Moonson Cup
1er : 38 points
2ème : 30
3ème : 22
4ème : 18
5ème : 15
6ème : 12
7ème : 9
Source : Effets Mer / FFV