Crédit : J Girardot
Il y a des sourires qui veulent tout dire… Celui de Servane Escoffier sur la ligne d’arrivée de sa deuxième Route du Rhum reflétait le bonheur et la satisfaction du travail bien fait. « C’est tellement d’émotion une arrivée de course, c’est incroyable ! Les dernières 24 heures ont été vraiment sport. Je trouvais le bateau physique mais là c’était définitivement trop dur, j’ai cru que je n’arriverais plus à régler le bateau au près. »
Heureuse de boucler son aventure, la jeune femme a même réalisé sa transat plus rapidement que Bruno Peyron en 1986 à la barre de ce même catamaran. Une belle récompense pour la navigatrice qui ne s’était pas fixée d’objectifs sportifs mais qui a livré une superbe régate jusqu’au bout avec Gilles Lamiré, l’ami et le voisin cancalais : « La bagarre avec Gilles n’était pas prévue, mais on a fait un beau match. On a bien porté les couleurs du Pays Malouin entre Saint-Malo et Cancale. On a montré qu’en Bretagne nord il y avait des marins, des gens qui ont envie de faire de la course au large et qui se donnent les moyens pour. Comme on me l’a appris quand j’étais petite les sacrifices ça paye, donc je suis très heureuse. Je suis contente pour tous les gens de Saint-Malo, d’ici et d’un peu partout qui m’ont suivie pendant toute la course.»
Crédit : J Girardot
L’option Sud pour plus de douceur
Malgré la fraicheur apparente de la malouine sur les pontons de Pointe à Pitre, cette Route du Rhum n’a pas été une sinécure. La sortie de Manche tout d’abord et une traversée du Golfe de Gascogne dans 25 nœuds au près serré, l’allure la plus inconfortable pour son catamaran. C’est ce qu’elle redoutait le plus et très vite, tandis que ses camarades de jeu prenaient la poudre d’escampette, Servane prend l’option du sud, « nous avons pris la décision avec Christophe Lebas, mon routeur, de prendre la route la plus adaptée au bateau. Le sud s’est imposé comme une évidence et j’ai été assez gâtée. Je me suis offert de beaux moments de glisse au soleil même si les derniers jours n’ont pas été évidents. C’est aussi pour cela qu’on fait ça ! D’ailleurs, je tire mon chapeau à Christophe qui n’a pas dormi pendant 16 jours pour m’emmener jusque là», ajoute Servane.
Elle s’attendait à vivre des heures difficiles. Manœuvrer une telle monture du haut de ses 1m64 n’était pas une mince affaire et pourtant jusqu’à la dernière minute, Servane Escoffier a su tenir le cap. C’est que la demoiselle a du caractère : « Sans ma famille, mes amis, je n’aurais pas tenu la cadence physiquement ! Il est beau ce bateau mais c’est comme les hommes, plus ils sont beaux, plus ils sont chiants ! Je ne sais pas si je le referais sur Saint-Malo 2015 ; sur un autre bateau bien sûr mais j’avoue que je suis heureuse que cela se termine. »
De ses 16 jours de course sur Saint-Malo 2015, Servane ne retiendra que le meilleur : « le départ était fantastique, il y avait tellement de monde à Cap Fréhel que j’ai failli ne pas partir pour rester faire la fête, plaisante encore la navigatrice, et évidemment, je retiendrai aussi l’arrivée, l’accueil est magique, les guadeloupéens sont souriants, il fait beau, c’est génial. Il y a des moments durs en mer et on se dit parfois qu’on ne recommencera jamais mais grâce à ces moments là, on y revient. Ça vaut toutes les peines du monde. »
A 29 ans, Servane Escoffier boucle ainsi sa deuxième Route du Rhum, un projet de longue haleine qui n’aurait pas vu le jour sans le soutien sans faille de l’ensemble de ses partenaires : « Le projet est bien né et il a bien abouti. Plusieurs entreprises m’ont suivi, c’était un pari audacieux pour eux mais aussi pour la ville de Saint-Malo qui au-delà d’être ville départ a cru dans le projet et s’est donnée à fond. »
Et la belle de conclure : « La solitude : c’est quand on est seul en mer qu’on se rend compte à quel point c’est bien d’être entouré. »
Source : Rivacom