La Route du Rhum / Roland Jourdain vers le doublé (ITW)

Roland Jourdain n’est plus qu’à 95 milles de l’arrivée, mais se traîne à 1,8 nœud entre 4h et 8h du matin. Les prévisions météo ne sont pas très optimistes pour le tour final de la Guadeloupe. Le vent, qui a déserté l’arc antillais, contraint les skippers à s’armer de patience. Impossible dans ces conditions d’établir une ETA fiable. Avec du vent, ces 100 derniers milles pourraient être avalés en moins de dix heures. Mais dans ces conditions, cela peut aller jusqu’à deux jours ! Pour les nerfs, c’est une véritable torture chinoise…

Crédit : B Stichelbaut / Véolia Environnement

Dans ces conditions particulièrement tordues, Roland Jourdain (Veolia Environnement) a réussi à conserver une avance confortable sur son premier poursuivant, Armel Le Cléac’h (Brit Air), toujours pointé à 88 milles derrière. Normalement, un tel retard, équivalent à la distance restant à parcourir pour le premier, serait rédhibitoire. Mais sur ce Rhum, rien n’est acquis. La deuxième place d’Armel est également menacée par les trois suivants qui abordent l’arc antillais par la face nord. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), Vincent Riou (PRB) et Marc Guillemot (Safran) sont quasiment alignés sur une nouvelle ligne de départ axée est-ouest.

Depuis hier soir, ces cinq premiers concurrents se traînent à des vitesses déprimantes. « C’est pas super fun » se plaint Vincent Riou. « Quand il n’y a pas de vent, c’est gonflant ! » plaisante Marc Guillemot qui rit jaune. Avec Jean-Pierre Dick, ces trois-là se tiennent en 22 milles et pointent à un peu plus de 100 milles du leader. Bien que Bilou soit le mieux placé pour réussir un doublé historique en monocoque, la victoire ne sera acquise que sur la ligne d’arrivée. D’ici là, le stress d’un coup de Jarnac va peser de plus en plus lourd…

Ils ont dit :

 Roland Jourdain (Veolia Environnement) :
« J’avais hâte de voir le classement du matin, je flippais un peu comme il avait un peu de retard mais en positionnement et en écart c’est bon. Maintenant, la surprise du chef, c’est nos nordistes. Est-ce qu’un coup de Jarnac est toujours possible par le nord, ça de toute façon... je n’y peux guère. Hier, j’allais à la rencontre du petit front, on a viré et là, c’était un peu pénible parce que j’espérais que derrière ce front, il y ait du vent et en fait, ça a été plutôt mou. Comme Armel était sur le même côté du système météo que moi donc je savais bien que normalement il serait dans la région. Comme il était un peu plus nord, les fichiers sont extrêmement difficiles à décrire mais il avait un meilleur positionnement éventuellement donc j’avais peur qu’il fasse un peu de vent de travers et que ça allume mais, non, il n’a pas eu l’occasion, pas plus que moi. En revanche quand tu étais derrière comme Marco le premier, tu étais de l’autre côté de ce système-là au portant. Mais pour nous, de toute façon, ce n’étais pas possible de traverser la zone de transition. Elle était trop grande pour nous. Maintenant, on est dans deux systèmes météo différents. Marco et Jean-Pierre, il faut qu’ils descendent, et nous, on est plutôt contre le vent.
J’ai confiance ? Oui dans la mesure où quand je fais tourner des routages, ils arrivent toujours derrière. Maintenant quel crédit on peut apporter aux fichiers de vent ? Il y a toujours un doute ! Dans la pétole, entre un bateau qui va à 3 nœuds et un autre qui va à 9 nœuds, les écarts sont vite réduits. Donc évidemment que j’ai de la méfiance jusqu’au bout. En théorie, ça passe avec un peu de marge.
Toutes les arrivées en général, que la course fasse 60, 500 ou 5000 milles ou même pour un tour du monde, toutes les arrivées sont longues en général mais là, particulièrement dans ces pétoles-là, c’est un peu lourdaud. Je me suis déjà fait assez de cheveux et de poils blancs sur les courses précédentes pour savoir que ça ne sert à rien de dépenser inutilement son énergie. Ça n’enlève pas la teneur du problème mais ça aide à la supporter. Là, j’ai plus d’air que ce que les fichiers me donnent, c’est bien. Alors, est-ce qu’ils auront la bonne idée de rester comme ça jusqu’au bout ? On nous annonce 5 nœuds de vent pour finir... Ca peut faire 7 comme 2 nœuds. Ca peut être long et lent. »

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) :
« La nuit a été mouvementée. J’ai eu encore ces problèmes d’électricité. Je me suis couché sur l’eau car il y a eu des grains. J’ai perdu beaucoup de temps à remettre le bateau en route. Mais bon, je suis bien dans le match, la route est encore longue jusqu’à l‘arrivée et nous sommes tous proches. Des tas de choses peuvent encore se passer, on l’a vu cette nuit avec le retour de Safran. Bien malin celui qui pourrait prédire le classement final. Cela va être une belle bataille. Brit Air n’est plus très loin. Lui navigue au près et moi au portant. On va voir ce qu’Eole nous réserve.
Entre les différentes manœuvres, j’ai quand même réussi à dormir ce matin, l’allure s’y prêtait. Et heureusement, bien m’en a pris car il faut saisir toutes les opportunités pour essayer de gagner des places et d’en perdre le moins possible. "

Classement du jour à 12h :
1 Roland Jourdain Veolia Environnement à 88.7milles du but
2 Armel Le Cléac'h Brit Air à 80.0 milles du premier
3 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 102.6 milles du premier
4 Vincent Riou PRB à 112.0 milles du premier
5 Marc Guillemot Safran à 125.1 milles du premier

Source : L.L.B. / La Route du Rhum