crédit : L Vidal / Photomer
Moins imposants que les Ultimes mais non moins performants, les Multi50 sont eux aussi dans le coup. En tête depuis trois jours, Franck-Yves Escoffier poursuit, imperturbable, malgré des conditions de navigation humides et difficiles avec 25 nœuds de vent et une mer désordonnée. Tout juste le triple vainqueur de l'épreuve avouait-il ce matin manquer de confort à bord et envier le sort des adeptes du monocoque ou de Philippe Laperche (La mer révèle nos sens) troisième des "petits" multicoques à l'heure actuelle, à la barre du premier bateau du Malouin... Son dauphin, Yves Le Blevec (Actual) voit la centaine de milles d'écart se consolider.
Bilou rit, Kito pleure
Ca creuse aussi en monocoque ! Leader en Imoca depuis le 3 novembre au soir, Roland Jourdain dispose ce matin, d'un matelas qui gagne en épaisseur et affiche 40 milles sur son dauphin Armel Le Cléac'h. Troisième à moins de 49 milles, Vincent Riou (PRB) garde ses ambitions. Tenant du titre, Bilou prend une option sur le doublé dans des conditions irrégulières qui finissent par confier au pilote la conduite de la machine. La tendance de ce samedi est à l'empannage pour poursuivre dans le contournement de la bulle anticyclonique et achever la négociation d'un premier obstacle avant la suite. C'est du côte du sourire de la Vache qu'est venue la mauvaise nouvelle de la nuit, Kito de Pavant étant contraint à l'abandon suite à la défaillance de l'axe de la tête se quille. Dans l'impossibilité de poursuivre en course, le skipper de Groupe Bel fait actuellement route vers les Açores.
Enfin, les Chtis ont le vent en poupe en Class 40 et en catégorie Rhum. Thomas Ruyant occupe ainsi toujours la tête de la flotte des 40 pieds devant Samuel Manuard (Vecteur Plus) et Yvan Noblet (Appart' City). Petite révolution à la barre des "Rhum", Pierre-Yves Chatelin s'emparant des commandes au nez et à la barbe d'Andrea Mura (Vento du Sardegna) installé en tête depuis le départ de Saint-Malo. On dirait le Nord...
Ils ont dit...
Roland Jourdain (Veolia Environnement)
"J’ai trouvé un petit boulot de veilleur de nuit. Par contre c’est du boulot veilleur de nuit sur un 60 pieds comme ça ! La nuit s’est bien passée, je dormais d’ailleurs. Le début de nuit était délicat avec un vent très irrégulier, avec une route pas carrossée et de la mer, on fait des sorties de routes. J’étais en terrasse en début de nuit et là je suis rentré. Il fait beau, on est dans des températures assez bonnes.
Il y a de l’ordre d’une vingtaine de nœuds de vent, mais en début de nuit ca allait de 21 à 29 nœuds. Quand on navigue au portant, le bateau prend les creux de vague un peu n’importe comment, donc tu ne peux pas trop le toiler, car dans les rafales il butte dans la vague et il peut faire des bêtises.
A un moment il faut faire confiance en ses collègues de boulot et Albert mon copain le pilote a été embauché pour travailler 24/24, on peut compter sur lui, même si pour un délit de sale gueule, on a tendance à ne pas faire confiance.
Je lui ai fais la causette pour être certain qu’il était utile, ensuite j’ai été faire des petites travaux dans le bateau, épongeage et un peu de rangement. Je me suis aperçu qu’Albert n’avait pas besoin de moi, alors si c’est comme ça ; Albert, à demain ! Pour la suite il va y avoir de l’empannage dans l’air, on fait le tour de l’anticyclone.
Pour le classement ce sont des petits riens qui font plaisir mais à l’échelle de ce qu’il nous reste … Tout ça c’est pas mal, on est bien comme ça ! "
Franck Yves Escoffier (Crêpes Whaou!)
"J’étais dehors à surveiller après avoir dormi 45 minutes, je sortais le bout de mon nez. J’ai croisé un cargo, si je n’avais pas abattu, ça aurait pu être dangereux.
La mer n’a pas très bel état, et après avoir passé le front j’étais d’une sacré humeur… Quand tu vois ton concurrent direct revenir autant tu as un peu les boules. La mer était forte et le vent aussi. J’ai fait des choix de voiles pas très judicieux et après j’étais fâché, donc je suis allé me coucher. Avant le pointage je viens de dérouler la trinquette avec 2 ris dans la grand-voile. Ce n’est pas le temps que j’aime sur ce genre de multicoques. Ce n’est pas la tempête, mais la mer est toujours un peu croisée, ce n’est pas établi. Ce n’est pas marrant mais ça fait partie du jeu, mais avec ce bateau je n’aime pas, je préférai être en monocoque ou à bord de mon vieux Gamin ! Les prochaines heures vont être humides, je vais passer la serviette éponge, attendre le jour pour voir l’état de la mer et si j’ai bien toilé car la nuit ce n’est pas évident à dire, pas facile de ressentir les choses. J’aurai aimé passer le front de jour".
Source : Rivacom / la Route du Rhum