La Route du Rhum / Final à suspense pour les IMOCA

A deux jours de l’arrivée du vainqueur, Roland Jourdain (Veolia Environnement) conforte son avance avec 76 milles de mieux qu’Armel Le Cléac’h (Brit Air) et 130 milles sur Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3). Mais le dernier vainqueur de la Route du Rhum – La Banque Postale sait mieux que quiconque que la course peut se jouer jusqu’à la ligne d’arrivée. En 2006, Jourdain possédait 150 milles d’avance sur le deuxième la veille de l’arrivée et n’avait coupé la ligne que 28 minutes avant Jean Le Cam. Jourdain reste donc prudent, d’autant que les conditions météo légères et instables peuvent entraîner de nombreux arrêt-buffet et autant de remaniements. Seule certitude pour Jourdain, son recalage au sud mercredi soir lui a permis de recroiser la route de son premier poursuivant, Armel Le Cléac’h. Une situation de contrôle qui facilite la tactique du leader dont les adversaires sont presque tous alignés derrière lui. Réponse samedi lors du tour de la Guadeloupe…
Crédit : B Stichelbaut / Véolia Environnement 

C’est un jeu de patience. Et en même temps un test psychologique ! Ne pas craquer, rester zen. C’est la recette à adopter pour supporter le stress de la malchance. Celle qui vous assène un coup terrible au moral lorsque la pétole vous empêche d’avancer. Et dans ce genre de cas, il est rapide d’imaginer que les autres avancent de leur côté et vous laissent sur place… D’autant que, lorsque rien ne bouge, les heures paraissent des journées !

Roland Jourdain est un skipper d’expérience qui a connu le meilleur et le pire de la course au large. La victoire comme l’abandon sur avarie. La tempête comme la pétole. Vincent Riou (PRB), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) et Marc Guillemot (Safran) sont aussi passés par là sur des courses Imoca. Bonheurs de victoire et galères en tout genre. Leur aptitude à faire face aux pires situations est tout aussi remarquable. De son côté, Armel Le Cléac’h (Brit Air) est un redoutable compétiteur, surnommé “Le Chacal“ pour sa capacité à ne jamais relâcher ses proies. Autant dire qu’avec de tels skippers aguerris à toutes les techniques de la guerre psychologique, la fin de course s’annonce palpitante. Roland Jourdain ne lâchera rien. Les autres ne lui feront pas de cadeau. La moindre approximation sera sanctionnée sur le champ. La moindre opportunité saisie. Et tous se battront jusqu’à la dernière seconde.

Reste l’inconnue de la météo. La pétole au large de l’arc antillais va-t-elle créer un regroupement pour une nouveau départ autour de la Guadeloupe ? Bilou va-t-il continuer à s’échapper par devant ? Y aura-t-il une redistribution surprise des cartes ? Les prochaines 48 heures s’annoncent tendues pour un enjeu de taille. Remporter la reine des transats…

Ils ont dit :
Marc Guillemot sur Safran : « Ça n’a pas arrêté cette nuit. Depuis 45 minutes, c’est reparti et ça fait du bien parce que toute la nuit c’était la lutte pour avancer. C’était compliqué, donc je vais aller m’allonger un peu. Je suis content d’avoir retrouvé de la pression. Moralement ça va bien, le podium n’est pas complètement perdu, le bateau va bien. La seule chose qui manque c’est un peu de sommeil ! Mais il faut rester à l’attaque car même si je ne suis pas dans de super bonnes conditions, on verra ce que ça donne ! Je suis entrée dans la zone compliquée hier matin, donc depuis un peu plus de 24h. Dans ces genres de zone, tu peux entrevoir la porte de sortie ouverte et la voir se refermer très vite ! A priori, si je m’en réfère à mes fichiers, tout porte à croire que je suis très proche de la porte. C’est un vrai pot de pue, c’est le genre de phénomène qu’il faut passer quoi, c’est comme ca, ce sont des zones où il faut rester zen et serein. »

Vincent Riou (PRB) : « Je ne sais pas trop comment m’en sortir. Il y a un peu de vent qui va remonter, mais derrière il y a de la pétole aussi donc ça va prendre du temps pour descendre vers la Guadeloupe. On a des visions à très court terme, on essaye de se débrouiller avec mais entre hier soir et ce matin, les 2 modèles ne disent pas du tout la même chose. Pas un qui collait à la réalité, donc ça commence bien !
Là je suis avec une risée, les voiles ne faseillent plus, mais on a eu une très longue après-midi de pétole où ça n’avançait pas du tout du tout … Là ça avance un peu plus vite mais c’est très très lent en moyenne. La houle se calme doucement, hier c’était compliqué mais aujourd’hui c’est déjà mieux. Le bateau bouge mais les voiles tiennent mieux en l’air. Quand ça démarre c’est top, là ça démarre c’est impec, mais pour combien de temps ! C’est le problème de tout le monde pour aujourd’hui. Au début c’était dur, mais à un moment il être au-dessus de ça, on essaie de se détacher de la course, on fait avancer le bateau et voilà ! C’est le plus simple car vu le temps que ca va durer … Je ne suis pas résigné, je me bas. Ca fait 10 jours qu’on vit au rythme des classements, si on reste dans ce mode, dans ces conditions, ça pourrait générer un stress énorme. Il faut s’en détacher un peu sinon on devient dingue. Ca ne m’empêche pas de me battre à 100% pour faire avancer le truc. Je regarde les classements mais ma priorité c’est le chemin le plus rapide pour aller vers la Guadeloupe. »

Classement du jour à 20h :
1 Roland Jourdain Veolia Environnement à 314.0 milles du but
2 Armel Le Cléac'h Brit Air à 72.9 milles du premier
3 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 124.8 milles du premier
4 Marc Guillemot Safran à 151.1 milles du premier
5 Vincent Riou PRB à 175.5 milles du premier

Source : L.L.B. / La Route du Rhum