La Route du Rhum / Attention, mou devant ! (ITW)

A 600 milles de l'arrivée, les conditions sur l'eau sur toujours délicates pour les Ultimes. En tête avec près de 220 milles d'avance au pointage de 4 heures ce dimanche, Franck Cammas (Groupama 3), poursuit sa route à plus de 20 noeuds de vitesse et commence sérieusement à regarder dans son rétroviseur. Dans son sillage à présent, Thomas Coville (Sodebo) qui n'a pas encore dit son dernier mot. Idem pour Francis Joyon (Idec), plus au sud, qui tente son va-tout et joue les cartes qu'il lui reste. Tous ont encore dû composer avec les grains, cette nuit et tous tentent de se positionner au mieux à l'approche des Antilles. Pas facile vu de la grande zone de calme qui pointe son nez.

Crédit : Y Zedda / Groupama

Si cette nuit encore, il a fallu composer avec les grains, la suite ne s’annonce pas moins délicate pour les leaders en Ultimes. Sur la route de Pointe-à –Pitre, une grosse bulle sans vent qu’il va falloir négocier au mieux. Certains, comme Francis Joyon, tentent de la contourner autant que possible par le sud. D’autres, comme Franck Cammas et Thomas Coville, situés plus au Nord, pourraient d’avantage la longer que de devoir la traverser et donc être un peu moins ralentis. Une certitude donc : les 24 prochaines heures de course s’annoncent assez atypiques. « Il va falloir essayer de garder du vent. Ce qui nous attend n’a pas l’air évident. Aléatoire disons. Il va nous falloir tirer des bords, au près, dans les îles. Cela sera doute joli, mais malheureusement pas très rapide » a commenté Franck Cammas à la vacation. Flashé au même moment à plus de 20 nœuds en instantané, le leader de la flotte bénéficiait toujours de 19 nœuds de vent mais s’apprêtait à changer de régime dans une poignée d’heures. Idem pour le skipper de Sodebo, qui a empanné juste derrière lui et qui reste plus que jamais à l’affût de la moindre opportunité de recoller au score. Le jeu du marquage est lancé !

Crédit : AFP

Devant, ça creuse
Chez les Imoca, Roland Jourdain (Veolia Environnement) continue de mener la flotte à une cadence infernale : plus de 15 nœuds de moyenne sur les dernières 24 heures. Ce matin, il possède 65 milles d’avance sur Vincent Riou (PRB) et 79 sur Marc Guillemot (Safran). Après un léger répit ce matin, les monocoques de 60 pieds vont rentrer dans une nouvelle dépression et ainsi poursuivre leur schuss sur l’atlantique plein gaz. Ca va encore dépoter certes, mais ça aussi continuer de tirer sur les organismes… Du côté des Multi50, ce sont surtout les nerfs qui sont mis à rude épreuve en ce moment. Toujours solidement accroché aux commandes, Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) a effectué un petit bord de recalage au sud et trouve désormais pile poil dans son sillage Yves Le Blévec (Actual) à 112 milles de son tableau arrière. En Class40, Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) continue de creuser doucement mais sûrement l’écart avec ses poursuivants (49 milles d’avance à 4 heures). Mais pour lui comme pour les autres, fini les grandes glissades. A présent, il faut trouver le bon angle, choisir la bonne voile et être attentif aux réglages, la faute à des conditions très instables. Enfin, en catégorie Rhum, on se bagarre aussi et on y croit aussi. Pierre-Yves Chatelin (Destination Calais) mène toujours la danse mais les écarts restent infimes.

Ils ont dit :
ULTIME :
Franck Cammas Groupama 3 (1er au classement de 4h00)
« On avance toujours pas mal : il y a encore 19 nœuds de vent, on va changer de régime dans quelques heures. Je penserai à me reposer à un autre moment. C'est agréable d'avancer vite. Il faut que Thomas reste derrière. A la fin du parcours le vent devrait basculer à l'Ouest. Je n'ai pas pu me reposer cette nuit, il y avait des grains et je n'ai pas pu récupérer … »

Francis Joyon – IDEC (3ème au classement de 4h00)
« En ce moment ce n'est pas simple : il y a des vents qui changent de direction et qui sont très forts. C'est très dur à gérer. Là je suis aux écoutes et j'essaie de progresser au mieux sur la route. Le but est de contourner la petite boule. Il y a encore des cartes à jouer et mon but est de tenter des coups… »

Multi 50
Franck Yves Escoffier (1er au classement de 4h00)
" Crêpes Whaou ! va vite : on s'est rattrapé . Je me suis réveillé je ne sais pas trop à quelle heure. Le vent que j'ai en ce moment me suffit pour le cap que je suis en train de suivre. L'arrivée va être intéressante : ça va être la bagarre entre les bateaux. Mon oreille n'entend pas trop bien : il y a un environnement plein de bruits. Cette course est particulière : ça va tamponner à l'arrivée en Guadeloupe… En fait ça a tamponné souvent : on a eu beaucoup de grains. La fin va plaire à tout le monde : ça va être la suspens. Par contre j'aime aussi les arrivées qui te permettent de trouver le temps de te faire la barbe… mais là ce n'est pas le cas. C'est la bagarre à tous les étages dans notre classe. ».

Class 40
Thomas Ruyant – Destination Dunkerque (1er au classement de 4h00)
« Je ne vais pas pouvoir rester longtemps parce que je suis en pleine manouvre. Je n'ai pas encore vu le classement de 4 heures…. Mais si on me dit que je suis encore en tête, ce n'est pas mal ! Ici j'ai plus de pression que dans le Sud. On va essayer d'aller vite. Mais les conditions sont bizarres, changeantes : on a eu des meilleures conditions hier en fin de journée. On était bâbord et il y avait de très bonnes conditions de glisse. C'était hyper plaisant. En ce moment on est moins dans la glisse mais il faut plutôt se concentrer pour trouver le bon angle, la bonne voile : on fait beaucoup de réglages. Pour l'instant ça restera comme ça pour un bon moment. Il n'y a pas beaucoup d'alizés... Sur le long terme je ne sais pas trop encore. Je surveille de près. On n'a pas des conditions faciles et stables ».

Source : Rivacom / la Route du Rhum