Crédit : A Courcoux
« C’était un vrai combat tout du long. Il a fallu vraiment se donner beaucoup pour avancer. On savait avant le départ qu’il y avait un niveau très homogène dans cette classe. Toute la course l’a montré. Dès que l’un d’entre nous lâchait un peu, ratait une manœuvre ou avait un problème technique, la sanction était radicale. C’est le signe d’une classe homogène et forte. Il ne faut rien lâcher. Et dès qu’on lâche, on le voit au classement suivant. C’était une régate intense sur tout l’Atlantique avec des moments forts et d’autres encore plus forts. Dans la deuxième dépression, je suis descendu sous spi avec 36 nœuds de vent, le bateau sous pilote. Je n’avais jamais fait ça de ma vie ! Le bateau volait, c’était incroyable… Après, j’ai été trop gourmand et j’ai continué toute la nuit et j’ai couché le bateau. Quand on est trop gourmand, à un moment donné, il faut le payer. Le vent était tombé à 28 nœuds, je suis allé dormir, mais j’avais mal réglé le pilote. Je suis parti à l’abattée et mon spi s’est coincé sous l’étai. Ç’a été un bazar pour l’affaler pendant une heure… Au passage, j’ai perdu mes manivelles de winch. »
Heureux de cette 3e place ?
Plus que la 4e et moins que la 1ère. Mais je suis content d’être sur le podium car ce n’était pas gagné il y a deux jours. Et quand je vois comment la course a été intelligemment menée par Roland Jourdain et Armel Le Cléac’h, je leur dis un grand bravo. Autant j’aurais bien aimé la gagner, autant eux la méritent vraiment parce qu’ils ont fait une course superbe tous les deux. Je suis bien content de partager un podium avec deux marins que j’apprécie beaucoup, et de grandes compétences. Ça me fait vraiment plaisir d’être avec eux sur une des trois marches.
Le plus difficile ?
L’arrivée ! Ç’a été dur. C’est un peu besogneux l’arrivée. Les deux jours de pétole aussi ont été durs. J’avais imaginé un moment partir à fond à l’ouest. J’ai été un peu frileux sur le coup parce que je n’y suis allé qu’à moitié. Après j’ai vu Vincent Riou et Jean-Pierre Dick revenir. Je suis revenu vers eux stupidement parce que j’aurais mieux fait de continuer. J’aurais eu beaucoup moins de pétole. J’avais peut-être une chance de revenir jouer avec Armel la deuxième place. Mais j’ai été trop frileux et quand on fait les choses, il ne faut pas être frileux, il faut y aller à fond ou pas du tout. Je ne suis pas très content de ma demie option. Je n’ai pas eu le cran pour aller jusqu’au bout. J’avais prévu de passer sous le vent des îles. Dommage.
Doubler Dick pour prendre la 3e place
Je dois dire que cela ne m’a pas déplu. On arrivait chacun d’une trajectoire différente. Je me disais qu’il allait peut-être se retrouver collé sous l’île. Et quand je suis arrivé sur l’île, j’ai cherché et ne voyais rien. J’ai pensé qu’il était 15 milles devant. Et à un moment, j’ai vu une voile blanche avec du bleu à terre. Il est venu me chercher. J’ai empanné et j’ai trouvé un vent super favorable. Et en quelques minutes je me suis échappé. C’était incroyable cette limite de vent. Il a voulu me faire l’intérieur et a empanné le premier. Et du coup, on s’est retrouvé à 3 milles l’un de l’autre, à suivre la même route, mais lui était en bâbord amures et moi en tribord. Mais moi je marchais à 11 nœuds et lui à 4-5 nœuds. Je n’ai pas pleuré. La troisième place, je la voulais vraiment et je suis bien content de l’avoir. »
Le temps de course de Safran est de 14 jours 12 heures 28 minutes 02 secondes, sa vitesse moyenne sur l'eau est de 11,55 nœuds, sur une distance totale parcourue de 3 955 milles. Sur le parcours théorique de 3 539 milles, Marc Guillemot affiche une vitesse moyenne de 10,16 nœuds. Il est arrivé 19 heures 17 minutes 06 secondes après le vainqueur Roland Jourdain (Veolia Environnement).
Source : La Route du Rhum