WOW Cap Istanbul / Etape express entre Athènes et Didim

De la mégalopole grecque à la station balnéaire turque, les solitaires n'auront guère le temps d'admirer les Cyclades qui devraient être traversées à vive allure. Vingt-deux heures de traversée, c'est ce que prévoient les routages. Même si, à proprement parler, ce ne sera pas du Meltem, cela y ressemblera fortement. Quoi qu'il en soit, les navigateurs de la WOW Cap Istanbul s'apprêtent à vivre des heures toniques.

Crédit : WOW Cap Istanbul

Le petit temps qui règne sur la zone de départ n'abusera personne. Tous savent que dès l'embouchure du canal entre le continent et l'île de Kea, le vent devrait se renforcer notoirement et donner comme une sorte de coup de pied dans les fesses des Figaro Bénéteau. Dès lors, ce sera le début d'une longue cavalcade ponctuée par moments par les dévents des îles ou les effets venturi entre deux reliefs. Les questions auxquelles les navigateurs sont confrontés sont plutôt de savoir quelle sera la toile du temps : solent ou génois, grand ou petit spi ? Les prévisions météorologiques donnent des vents pouvant atteindre vingt-cinq nouds, mais comme l'analysait Erwan Tabarly (Nacarat) : « Dès que l'on est dans des vents générés par des faibles gradients de pression comme en Méditerranée, on peut avoir des décalages de dix à quinze nouds sur l'eau sans difficulté... » Ce qui veut dire, des rafales possibles à trente-cinq voire quarante nouds par effets de pointe. Les deux premières étapes imposaient de savoir durer pour préserver ses forces dans les dernières milles. Elles exigeaient des choix stratégiques audacieux, des calculs de trajectoires élaborés. Celle qui les attend demandera de l'explosivité, de se porter vite aux avant-postes et de s'y maintenir. Ce sera une étape de costauds, de durs à cuire, de manouvriers d'exception.

Crédit : J Vapillon / WOW Cap Istanbul

Chacun cherche son vent
Les premiers milles de course ont pourtant été laborieux. La brise thermique qui s'était levée en baie d'Athènes a vite été contrariée par le vent synoptique de Nord attendu. Résultat : un flux instable, variable qui a provoqué nombre de bouleversements dans la remontée jusqu'à la bouée de dégagement. Au final, c'est une fois de plus Ronan Treussart (Lufthansa) qui enroulait la première marque en tête talonné de près par Louis-Maurice Tannyères (ST Ericsson) qui n'avait pas été habitué à pareille fête. Suivait alors un paquet groupé emmené par Francisco Lobato (Roff Tempo Team), toujours aussi rapide, et Romain Attanasio (Savéol). Très rapidement, le vent de Sud allait s'essouffler, permettant à quelques concurrents de revenir au contact du paquet de tête à la faveur de quelques risées. Dans un premier temps, c'est Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) qui s'échappait en pointe sous le vent suivi par Eric Péron (Skipper Macif 2009) et Ronan Treussart. Mais c'était sans compter sur les caprices d' un vent encore très instable. Quelques milles plus loin, les premiers se voyaient contraints de tirer des bords quand, calés sur une route plus proche de la côte, un petit groupe composé de Mika Mergui (TPM- Hyères), Sébastien Josse (Vendée), Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), Frédéric Rivet (Vendée 1) et Selim Kakis (Türk Telecom) revenait sur le paquet de tête. Dès lors, toute la question consistait à savoir ce qui serait le plus payant : infléchir sa route au Nord pour chercher le vent à venir ou tenter de filer sur la route directe... Le type même de dilemme propre à griller quelques neurones. Pour le groupe au Sud, chaque contrebord pour tenter de revenir sur le paquet du Nord se payait cash. C'est ainsi qu'on retrouvait en queue de peloton quelques uns des ténors de la classe tels Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Romain Attanasio (Savéol), Erwan Tabarly (Nacarat) ou Gildas Morvan (Cercle Vert). Pour ceux-là, il allait falloir cravacher pour revenir au contact avec la tête de flotte au prix d'une débauche d'énergie qui pourrait se payer en fin de parcours. Au Nord de la flotte, Mikaël Mergui pouvait, pour sa première course en Figaro Bénéteau, goûter le plaisir d'observer tous ses adversaires dans son tableau arrière. Sensation fugace ou belle option à faire fructifier, à l'heure de la sortie de la baie d'Athènes, il était encore un peu tôt pour le savoir avec certitude. Mais le skipper Hyérois n'avait visiblement pas l'intention de bouder son plaisir.

Source : WOW Cap istanbul