Samos, Khios et Lesvos, les trois îles orientales de la Mer Egée serviront de balises pour la lente remontée attendue des concurrents de la WOW Cap Istanbul, de Didim à Bozcaada. En longeant les côtes de la première d'entre elles, les solitaires pourront méditer une nouvelle variante du théorème de Pythagore qui vécut sur l'île. La navigation au près dans du vent fort promet nombre de triangles rectangles, dont l'hypoténuse marquera le gain au vent de la flotte.
Crédit : J Vapillon / WOW Cap Istanbul
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Dans un triangle rectangle, la somme des carrés des côtés est égale au carré de l'hypoténuse... » Ils ne seront sûrement pas nombreux à vouloir vérifier le théorème qui hante les cours de géométrie des classes de collège. Gageons même que, s'ils en avaient le choix, tous les solitaires opteraient volontiers pour des figures autrement plus directes vers Bozcaada, dernier acte avant l'arrivée sur Istanbul. Car si cette étape est une des plus courtes en distance, elle risque de peser sur les organismes et peut-être, pour la première fois depuis le départ, de creuser des écarts significatifs. C'est dans des vents forts de 25 à 30 noeuds que devrait être donné demain le départ de Didim. Compte tenu des effets de pointe, des accélérations possibles du vent descendant des reliefs qu'on appelle rabattants, les navigateurs de la WOW Cap Istanbul s'attendent à des rafales pouvant atteindre les 40 à 45 noeuds par instants. De quoi sortir la panoplie du parfait petit marin hauturier ; certains solitaires ont profité de l'escale à Didim pour vérifier que les longueurs de leurs bosses de ris, qui servent à réduire la surface de grand-voile, étaient bien appropriées. «
Nous n'avons jamais pris le deuxième ris de la saison ; mieux vaut prévenir que guérir », le justifiait ainsi François Gabart, leader de l'épreuve. Aux vents forts qui devraient durer une vingtaine d'heures, succédera, selon toute probabilité, un régime de petits airs typiques de la Méditerranée. «
Le problème de la Méditerranée, c'est que l'inertie des systèmes mé téorologiques est très faibles, puisque ces vents peuvent être générés malgré des gradients de pression très bas », soulignait Gérald Véniard, adjoint à la direction de course et lui-même habitué du circuit Figaro Bénéteau.
Des écarts significatifs ?
Pour les concurrents, un tel cas de figure signifie que les écarts en distance qui se seront créés dans les vents forts se convertiront, dès que le vent mollira, en précieuses minutes qui auront tendance à faire des petits au fur et à mesure que les vitesses des voiliers diminueront. En bref ! Il faudra être dans le match d'entrée, savoir se faire mal, trouver la bonne carburation dans la brise, choisir ses bords de manière intelligente entre s'abriter de la mer sous le vent des îles et jouer avec les variations d'angle du vent. Dès que la brise tombera, il faudra être réactif, ne pas s'endormir sur ses lauriers, choisir la toile adéquate. Entre temps, il aura fallu s'alimenter correctement pour ne pas subir de coup de fringale, savoir voler quelques minutes de sommeil à bon escient, de manière à être frais sur l'arrivée. C'est une étape qui ne devrait pas laisser beaucoup de place au hasard. Elle pourrait aussi consacrer le vainqueur de la WOW Cap Istanbul, compte tenu de la faiblesse des écarts entre les neuf premiers, qui se tiennent encore en un peu plus d'une heure. Il n'y a que 190 milles entre Didim et Bozcaada, mais ceux-là risquent de valoir leur pesant d'or.
Source : WOW Cap Istanbul