Velux 5 Oceans / Négocier le Pot au Noir

Dans quelques jours, la flotte de la VELUX 5 OCEANS entrera dans l’Atlantique Sud et approchera de la mi-parcours. Mais pour gagner leur droit de passage dans l’autre hémisphère, les marins doivent d’abord traverser le fameux Pot au Noir, également appelée zone de convergence intertropicale. À cet endroit, généralement situé entre 4 et 6 degrés Nord, les systèmes météo des deux hémisphères se rencontrent et s’annulent. Les vents y sont donc très irréguliers et souvent très faibles, voire inexistants. D’où ”l’effet d’élastique” sur la flotte des Eco 60 dont parlait Brad Van Liew mardi, avec des leaders ralentis dans les calmes et rattrapés par leurs poursuivants, puis un redémarrage progressif, mais pas toujours équitable…

Pour l’heure, les concurrents ont plutôt tendance à s’étaler. Le leader Brad Van Liew compte désormais 86 milles d’avance sur Zbigniew Gutkowski, 314 sur Derek Hatfield, 578 sur Chris Stanmore-Major et 1868 sur Christophe Bullens, qui rappelons-le quand même, a quitté La Rochelle avec une semaine de retard. Assistera t’on à un resserrement de la flotte au Pot au Noir ? Pas si sûr. D’après les fichiers météo, les trois premiers pourraient réussir à se faufiler entre les mailles du filet, après quoi le piège risque de se refermer. ”Je commence à regarder la situation pour le Pot au Noir et cela n’a pas l’air si mal”, confiait Derek Hatfield hier matin à la vacation radio. ”Mais il faut que j’appuie sur l’accélérateur pour y arriver avant dimanche, sinon la porte risque de se refermer devant moi, alors que Brad et Gutek passeront sans trop de problème. Je compte bien monter dans le même train qu’eux

Pour gagner son ticket d’entrée dans l’Atlantique Sud, il faut parfois anticiper et accepter quelques sacrifices. C’est ce que vient de faire le skipper Canadien pour négocier au mieux son approche de l’archipel du Cap Vert et le passage du Pot au Noir. ”J’ai du tirer un long bord plein ouest et ça fait toujours mal de s’écarter de la route. Mais depuis le Cap Finisterre, j’étais trop décalé dans l’est et j’en paye le prix. J’ai passé huit heures à faire de l’ouest pour contourner l’archipel du Cap Vert et aborder au mieux la suite des événements. J’ai perdu environ 50 milles sur Brad. C’était très pénible, mais je me sens beaucoup mieux maintenant. Le bateau file de nouveau à 15 noeuds dans la bonne direction”.

Opération bricolage pour Gutek
Le skipper Polonais semble se remettre assez bien de sa blessure à la tête. Dans son carnet de bord envoyé hier matin, il évoque comment il passe ses journées sur Operon Racing… ”Je ne vais plus parler de mon accident d’hier. C’est fait, terminé. Il ne reste qu’une cicatrice. Il y a quelques jours, je disais m’ennuyer… Ça aussi c’est fini. D’abord il y a eu la lessure à nettoyer et j’ai réussi à faire quelques points de suture. Tout s’est bien passé (…) Maintenant je peux me concentrer sur les petits travaux à faire à bord”. Réparer une fuite d’eau, trouver un moyen de hisser le gennaker, régler son problème de pilote automatique, et surtout faire fonctionner correctement son hydrogénérateur. Quand le navigateur en solitaire doit faire avec les moyens du bord pour trouver une solution à ses problèmes, cela donne ça : ”J’ai déplacé l’hydrogénérateur sur la fixation du safran de secours que j’ai installée à l’arrière. Ca marchait pas mal. Mais la fixation du safran étant évidemment conçue pour le safran et non pour un hydrogénérateur, il y a pas mal d’espace entre les deux et l’eau s’engouffre dedans, ce qui ralentit le bateau et ajoute du poids sur la fixation. J’ai donc fabriqué un genre de protection avec une boîte en plastique et du cordage et ça a l’air de fonctionner…”

Une rencontre réconfortante
La série noire continue en revanche pour Christophe Bullens, qui en plus de souffrir du manque de vent au large des côtes portugaises, rencontre toujours des problèmes électriques à bord de son Eco 60 et tente désormais de résorber une voie d’eau dont il n’a pas encore trouvé l’origine. Petit réconfort dans ces moments difficiles : une famille de dauphins a ccompagné la route de Five Oceans of Smiles Too pendant quelques heures hier après-midi. D’après le skipper belge, joint au téléphone par son équipe, les cétacés n’arrêtaient pas de jouer et de crier autour de l’Eco 60. De quoi redonner du baume au coeur du marin.

Positions à 12h00 UTC ce mercredi :
1. Brad Van Liew – Le Pingouin : 4158 milles / 0 / 288 milles / 12 noeuds
2. Zbigniew Gutkowski – Operon Racing : 4244 milles / 86 milles / 268,9 milles / 11,2 noeuds
3. Derek Hatfield – Active House : 4472,2 milles / 314,1 milles / 186,2 milles / 7,8 noeuds
4. Chris Stanmore-Major – Spartan : 4736,8 milles / 578,7 milles / 242,6 milles / 10,1 noeuds
5. Christophe Bullens – Five Oceans of Smiles : 6026,8 milles / 1868,8 milles / 75,3 milles / 3,1
noeuds

Source : Velux 5 Oceans