Velux 5 Oceans / Gutek prend les commandes, Bullens s'élance demain

Pour la première fois depuis le départ de La Rochelle dimanche 17 octobre, un nouveau leader est en tête de la flotte. Zbigniew 'Gutek' Gutkowski, qui avait tenté une option météo à l'ouest il y a deux jours, mène désormais les Eco 60, devant Brad Van Liew. L'outsider polonais sur le plus vieux bateau de la flotte, face à l'expérience américaine sur sa puissante monture...

Crédit : OnEdition

C'est la belle surprise de ce début de tour du monde. Alors que tout le monde attendait Brad Van Liew aux avant-postes, le jeune Polonais de 36 ans se montre particulièrement combatif depuis deux jours. Grâce à un beau coup tactique à l'Ouest, où il est allé chercher un couloir de vents portants à proximité de l'archipel des Açores, Gutek est actuellement premier de la flotte. Il a ainsi profité de l'hésitation du skipper Américain, un temps parti à la côte. "Je suis sur le dos de la dépression maintenant et je n'ai pas du tout dormi de la nuit car j'ai fait de belles pointes de vitesse à 20 noeuds", confiait ce matin le Polonais. "Je suis très heureux d'être en tête et j'ai un immense respect pour ceux qui ont construit ce bateau il y a 18 ans. Il marche vraiment très bien dans la brise et il est très fin à la barre".

Brad résiste
Mais Brad Van Liew n'a pas dit son dernier mot. Le skipper du Pingouin, qui participe ici à son troisième tour du monde en solitaire, est déjà reparti vers l'ouest pour marquer son adversaire. Il comptait en milieu de journée 16 milles de retard sur le nouveau leader, mais dans les mêmes conditions, il devrait logiquement se montrer plus rapide qu'Operon Racing. "Ce n'était pas facile pour moi tactiquement. En tête, je n'avais rien à gagner et tout à perdre. Il fallait protéger à la fois ma gauche, avec Chris qui me rattrapait derrière, et surveiller Gutek et Derek partis au large. J'ai mis du temps à réagir pour partir à l'ouest mais je crois qu'il n'était pas trop tard. Gutek a quelques milles d'avance sur moi, mais je ne suis pas trop mal placé pour la suite".

Le skipper américain se dit le premier étonné de l'attitude et de la performance du Polonais, mais semble apprécier la concurrence. "Cela me fait penser au film Top Gun, quand le personnage de Tom Cruise, Maverick, arrive à Top Gun et se retrouve confronté à des pilotes plus expérimentés qui se disent "il est sacrément bon ce gamin !". Et bien c'est un peu ce que je ressens pour Gutek. Et c'est génial. Je ne suis pas ici pour faire de la croisière. Ce type veut de la régate, il va en avoir ! Je ne vais pas le laisser filer comme ça".

Préserver le matériel
Ce premier duel en tête de la course n'est pas sans conséquence pour les machines. Gutek avoue ainsi avoir cassé sa drisse de gennaker hier et être monté au mât pour réparer. Une opération toujours délicate en solitaire. "L'ascension du mât s'est bien passée, la réparation aussi, mais c'était chaud ! J'ai eu une mauvaise surprise pendant cinq bonnes minutes parce que le pilote automatique a perdu le contrôle et le bateau a pris une gîte d'au moins 50 degrés d'un seul coup. J'ai du m'accrocher comme un fou au mât. Un sacré rodéo ! Heureusement, le bateau s'est redressé et a repris sa route. Je ne suis pas mécontent d'avoir réussi à réparer la drisse et d'être redescendu sans problème".

Cent milles derrière, Derek Hatfield n'a pas encore attrapé le train en marche et a perdu du terrain, mais contrairement à Chris Stanmore-Major, englué dans la pétole devant les côtes portugaises, le Canadien a pris la bonne option à l'ouest et pointe en troisième position. "Je suis juste à la limite du couloir de vent. Je suis parti du bon côté mais je n'en ai pas encore touché les bénéfices. Je crois que la journée va être assez pénible car je marche à 8,5 noeuds quand les autres se sont déjà échappés".


Départ demain pour Christophe Bullens
Le skipper belge est toujours à La Rochelle pour terminer la préparation de son nouvel Eco 60 Five Oceans of Smiles (ex Artech). Après avoir démâté pendant son convoyage vers le port français deux semaines avant le départ, Christophe Bullens s'était démené pour trouver une alternative et partir en même temps que les autres concurrents dimanche dernier. Il avait ainsi racheté in extremis un nouveau bateau. Mais faute de temps suffisant pour le préparer, il avait pris la décision de rentrer à La Rochelle une fois sa qualification de 48 heures validée.

Grâce au travail extraordinaire de toute une équipe de bénévoles, le Belge va pouvoir reprendre la mer vendredi vers 17h00. "Tout va bien, les pilotes sont en ordre. Nous avons encore un peu de travail sur le moteur aujourd'hui et nous attendons juste deux pièces pour mon standard C et pour mon aérien de girouette. Cela devrait arriver par express aujourd'hui, mais avec les grèves, c'est plus compliqué. Ensuite il ne restera plus qu'à embarquer la nourriture".

Cela devrait arriver par express aujourd'hui, mais avec les grèves, c'est plus compliqué. Ensuite il ne restera plus qu'à embarquer la nourriture".

Malgré ses cinq jours de retard sur le reste de la flotte, Christophe pourrait profiter de conditions plus favorables. "J'ai commencé à regarder la météo et cela s'annonce assez bien pour demain. Je vais pouvoir sortir du golfe très rapidement et après il semblerait que ça pousse vers le sud donc je vais pouvoir faire une route plus directe que ceux qui sont partis avant, ce qui va me permettre de revenir un peu. Le bateau adore le portant. C'est vraiment une bombe. Pendant ma qualification, je suis monté deux fois à 22 noeuds très facilement sans pousser.  Je suis très impressionné".

Source : Velux5Oceans