Crédit : B Stichelbaut / BPCE
Ce convoyage de quelques heures avec le Team du Trophée Jules Verne au grand complet, constituera la dernière navigation en mode entrainement avant le départ pour le grand large. En effet, dès la semaine prochaine, Pascal Bidégorry, Juan Vila et Marcel van Triest étudieront la météo quotidiennement afin de guetter toute fenêtre potentielle favorable à un départ pour une tentative de record.
Mais avant de rajouter quelques milles au compteur du Maxi Banque Populaire V demain matin et de se mettre une nouvelle fois en stand by, Pascal revient sur deux saisons fortes en émotions.
Flash back : Le 2 août 2009, Pascal et ses hommes « explosaient » le record de l’Atlantique Nord et des 24 h, puis ce fût au tour de la Méditerranée d’être « rétrécie » le 15 mai dernier. Entre les deux, le Jules Verne, une longue attente…
Comment avez-vous vécu cette période de stand-by débutée le 1er novembre 2009 ?
Comme une punition ! Une attente de 4 mois et demi a de quoi rendre fou même le plus patient des marins… J’avoue que c’est ce que j’appréhende le plus dans cette nouvelle saison. Si ça ne tenait qu’à moi, je partirais le 2 novembre ! (le stand-by officiel étant le 1er novembre). Il faut savoir que cette période où l’on est contraint de rester à terre est usante moralement mais aussi physiquement.
On est sur le pont 24 h sur 24, sur le qui-vive, paquetages prêts, hyper concentrés sur notre objectif. Dans un stand-by de cette longueur, il y a de l’intensité : toutes les 6 heures, nuit et jour, il faut analyser les fichiers météo, soit plus d’une quarantaine de modèles à bosser ! Ça en fait des calculs de probabilité… Entre-temps, il faut faire vivre toute une équipe, rester en forme, naviguer. Difficile de rester objectif par moments. Cette attente a viré à l’obsession ou du moins je l’ai vécue pleinement, trop peut-être ! J’ai dû vivre la course 25 fois à terre…
Si c'était à refaire ?
Nous avons fait un choix, respectable, celui de ne pas mettre en péril le bateau en partant dans des conditions difficiles et de s’accorder le maximum de chances dès le départ. Je n’ai pas de regrets de ce côté-là, puisque nous avons été sérieux et constructifs. Ceci dit, pour la période de stand-by à venir, on peut raisonnablement imaginer accepter davantage le côté aléatoire de la météo, prendre le « trou de souris ».
Ce qui est certain, c’est que nous partirons. Je me satisferai de conditions dont je ne me serais pas satisfait l’an dernier pour tenter l’aventure et aller le plus loin possible... Le problème des records, c’est qu’on n’est jamais totalement maître du jeu.
Comment va le bateau ?
Il est super sain, solide. On a pu le voir lors du record de la Méditerranée où il a encaissé des sacrés chocs dans une mer super agitée avec 55 noeuds établis, où même au portant, c’était très violent ! Sur le Maxi Banque Populaire V, on sait pourquoi on est sur l’eau, c’est au-delà de ce qui se fait sur mer, c’est exceptionnel. De ce point de vue-là, en termes de performance, c’est une réussite totale, que du bonheur… Bien sûr, on peut encore améliorer la fiabilité du bateau, mais globalement, on est à la hauteur de nos exigences.
Et les hommes ?
En super forme ! Pour un projet comme le Jules Verne, il faut que l’équipage soit en osmose. On a décidé de faire appel à un préparateur physique, Frédéric Pautler (ancien équipier sur les grands prix) qui nous a concocté trois séances complètes d’entraînement par semaine, avec une grosse base d’endurance, du vélo et du footing, de la musculation en salle sans charge lourde, plus pas mal de travail sur les appuis…Non seulement ça nous met en forme, mais faire du sport ensemble chaque semaine a renforcé la cohésion du groupe. Après les séances, on déjeune, on fait le point sur les manoeuvres, la sécurité…J’ai juste regretté de ne pas pouvoir prendre part pleinement aux séances, englué que j’étais dans mes fichiers météo.
L'équipage du Maxi Banque Populaire V
Pascal Bidégorry : skipper, hors quart
Juan Vila : navigateur, hors quart
Quart n°1
Yvan Ravussin : Chef de quart, responsable vidéo et composite
Brian Thompson : barreur-régleur
Thierry Chabagny : barreur-régleur
Pierre-Yves Moreau : Numéro un, responsable accastillage et composite
Quart n°2
Fred Le Peutrec : Chef de quart
Emmanuel Le Borgne : barreur-régleur, responsable médical
Erwan Tabarly : barreur-régleur, responsable électronique
Ronan Lucas : Numéro un, responsable sécurité
Quart n°3
Jérémie Beyou : Chef de quart
Kevin Escoffier : barreur-régleur, responsable vidéo
Xavier Revil : barreur-régleur, responsable avitaillement à bord
Florent Chastel : Numéro un, responsable médical et gréement
Marcel van Triest : routeur à terre
Source : Banque Populaire