Oubliées pour l'heure les amicales et inconséquentes outrances du jeudi, journée singulière au coeur des Voiles, quand les équipages rivalisent sur l'eau en duels personnalisés, et laissent éclater à terre une exubérance bon enfant. Le golfe, agité d'un petit clapot soulevé par le vent du large et que les étraves des très nombreux bateaux spectateurs creusaient davantage encore, retrouvait aujourd'hui le cours des compétitions interrompues. Brise du sud oblige, c'est cette fois vers Cavalaire que Georges Korhel et ses équipes de la direction de course envoyaient les yachts classiques, pour 22 milles théoriques de course sous un soleil indéfectiblement fidèle aux Voiles. A 15 heures, le coup de canon libérait les grands voiliers Modernes pour de longs bords travers au vent vers les Issambres, et une journée de sport et d’action à nulle autre pareille. D'assidus Wally décidaient quant à eux de partir à l'assaut du Lion de mer, avec départ comme à l'accoutumée depuis Pampelonne.
Tout sourit à Cambria
Avec un anticyclone Méditerranéen en voie de désintégration, les rivages Varois connaissait aujourd'hui quelques bribes d'instabilité qui allaient à la vérité s'imposer comme l'élément déterminant de la journée. Le vent orienté franchement sud en milieu de journée, s'il autorisait en fond de golfe les départs toujours et aussi inlassablement admirables des 10 groupes de voiliers classiques vers Cavalaire, décidait ensuite de mettre à l'épreuve la réactivité et la lucidité des navigateurs. Légères puis franches rotations à l'est, accélération en milieu de plan d'eau et brutale disparition à la côte, telles étaient les premiers signes d'un changement radical du secteur de vent à venir. Après cet épisode tatillon, le vent se calait en effet au nord, éclaircissant les choix des tacticiens et navigateurs qui pouvaient enfin serrer le vent et débouler dans un flux établi vers le Portalet. Cambria, le grand cotre bermudien signé Fife (1928) oubliait un instant son adversaire préféré, l'autre cotre géant, aurique celui-ci Mariquita (Fife 1911) parti à la côte, pour se frayer un habile chemin au centre du golfe et aller vite chercher du vent frais au large des Salins. 25 noeuds, la limite de tolérance pour les grands Classiques était proche! Le grand cotre "déroulait" ensuite en souplesse, augmentant son avance avec chaque nouveau virement tactique. Dans son sillage, Mariquita limitait les dégâts, et les deux Moonbeam, IV et III se livraient un mano a mano qui plongeaient photographes et curieux dans le ravissement jusqu’à la ligne d’arrivée mouillée à La Moutte..
Vitesse, vitesse
Les Wally se lançaient de nouveau dans leur exercice favori, la vitesse à toutes les allures, tant leur longueur, leur forme de carène, et surtout la démesure de leurs plans de voilures, quels que soient les angles de vent, favorisent la recherche effrénée de la performance. Après quelques engagements dans les petits airs de la fin de matinée, ils montaient en puissance en trouvant vite de la pression au large, et déployaient alors tout l'éventail de leur magie, puissante carène poussant la vague et faisant jaillir l’écume, indifférent au clapot pour gagner rapidement dans l'est selon une hiérarchie à présent bien établie, l'immense Esense loin devant, suivi des indissociables Indio et Y3K, dont la rivalité trouvait en ce jour un arbitre de poids en Magic Carpet et son tacticien Marcel van Triest.
L'instabilité du vent sur la zone de départ en bordure du golfe des voiliers modernes retardait longtemps les procédures de départ et ce n'est que vers 15 heures que les grands yachts Modernes, Maxis et super maxis en tête, s'élançaient en prélude à la flotte des voiliers régis par la jauge IRC. Après un long bord de largue vers les Issambres, protos de course et rapides cruisers se jouaient des fluctuations du vent pour revenir avec de la pression vers le centre du golfe, après avoir brièvement mais spectaculairement croisé et mélangé leurs voiles avec celles des yachts classiques en route vers Cavalaire. Leopard 3 a de nouveau pris le meilleur sur Highlandfling et Ran. Plus incertaine la lutte en tête des IRC B, groupe où les italiens de Kora 4 et les marseillais de Kuujjuaq à Dimitri Deruelle et Ludovic de Saint Jean s'empoignent avec détermination pour la victoire finale. En IRC 3, même bagarre impitoyable entre les ténors du général, SayannMadrac, Geranium Killer et Glenn Ellen, les trois beaux 40 pieds IRC pour une fois libérés de la pression de Fastwave.
Prix "Série limitée" du Yacht de tradition.
Les Voiles de Saint-Tropez font partie et pour les trois éditions à venir , des épreuves sélectionnées pour l'attribution du « Prix du Yacht de Tradition – Les Echos-Série Limitée ». Décerné pour la deuxième année consécutive, ce prix récompense un voilier qui met à l'honneur les valeurs de la belle plaisance, qualité du bateau, éthique, accueil....Le bateau vainqueur est élu par un jury national à l'issue d'une sélection réalisée à l'occasion de régates et de rassemblements organisés en Atlantique et en Méditerranée.
Ce jury a choisi aujourd'hui 9 nominés, représentant trois catégories, inférieure à 15 mètres, de 15 à 23 mètres, et supérieure à 23 mètres. L'élection de samedi déterminera les trois yachts retenus, qui feront à nouveau l'objet d'un vote pour l'attribution du prix du Yacht de tradition de l'année. Le vainqueur sera révélé dimanche lors de la remise des prix des Voiles, et le prix sera officiellement remis le 3 décembre prochain à l'occasion du salon nautique de Paris. Les nominés du jour sont : catégorie inférieur à 15 mètres : Bonafide, Outlaw, Djinn. Catégorie de 15 à 23 mètres : Avel, Hasvornen, Partridge. Catégorie supérieure à 23 mètres : Cambria, Mariska, Altaïr. Pour la première édition, le trophée est revenu à Moonbeam IV, côtre aurique de 34 mètres.
Saint-Tropez honorée par « La Belle Classe »
Le Yacht Club de Monaco organisait ce vendredi un cocktail « La Belle Classe », sur le port de Saint-Tropez, à bord de quatre yachts de tradition : Tuiga (1909), Mariquita (1911), Elena (réplique de 1911) et Shamrock V (1930). Propriétaires de yachts d’époque et classiques (« La Belle Classe Tradition ») ou de yachts de plus de 40 mètres (« La Belle Classe Superyachts »), « La Belle Classe » rassemble les propriétaires qui souhaitent faire évoluer le Yachting autour d’une Charte défendant des valeurs essentielles. Il a ainsi été décerné un Prix Spécial « La Belle Classe », à Monsieur le Maire de Saint-Tropez Jean-Pierre Tuveri, pour les actions entreprises par la Municipalité tropézienne dans le Yachting. Ce cocktail fut également l’occasion de mettre à l’honneur Ed Kastelein, un véritable passionné qui n’a de cesse de diriger des projets de restauration (pas moins de 18 !), afin de faire revivre à l’identique des yachts de légende, tels que Thendara, Aile Blanche ou encore Zaca a te Moana, inspirée du célèbre Zaca (1929) d’Errol Flynn. Après avoir fait renaître en 2001 Westward (1910), en construisant Eleonora, sa copie conforme, Ed Kastelein, s’est attaqué à un nouveau défi : celui de faire revivre Atlantic (1903), la goélette légendaire, détentrice pendant soixante-quinze ans du record de traversée de l’Atlantique, sous le commandement de Charlie Barr.
Christine Briand (A 31 Aida) "Le groupe des IRC E est très dense et assez homogène en qualité. Je navigue avec équipage de néophytes très sympathiques qui met beaucoup de coeur à l'ouvrage. Nos résultats sont assez encourageants, compte tenu du peu d'expérience. Nous sommes 6ème au général et en constante progression. les gens ici naviguent différemment qu'en Atlantique, un peu moins agressif que sur un Spi Ouest France par exemple..."
Météo du samedi 2 octobre
Le vent tourne à l’est, et soufflera à partir de la mi-journée de 8 à 11 noeuds.
Source : SNST (Rédaction : Denis van den Brink)