Plus que toute autre, la journée du jeudi incarne l’esprit des Voiles de Saint-Tropez. Toute l’équipe d’organisation , le président Beaufils et le directeur de course en tête, se met à la disposition des coureurs et des armateurs pour laisser à chacun le loisir de lancer et relever les défis les plus audacieux ou les plus inattendus, certains se « résumant » à un simple duel à un contre un, et d’autres impliquant beaucoup plus d'unités. Mais c'est la voile dans son ensemble qui avait rendez-vous avec les Voiles, toute la voile, de l'Hydroptère qui a fait une quinzaine de run dans le golfe, au très exceptionnel duel entre les deux trois mâts Atlantic et Adix qui a donné la chair de poule à tous les spectateurs, passionnés, amateurs ou simples badauds venus en nombre vivre ce spectacle unique qui restera gravé dans le livre d'or des Voiles. Une ligne de départ fut mouillée à hauteur du Portalet et des procédures lancées avec régularité dès que le vent fit son apparition peu après midi. Chaque défi s’élançait alors, sur un parcours convenu entre protagonistes, vers une ligne d’arrivée là aussi convenue. Les protagonistes de la Club 55 Cup, Mariquita et Cambria, restèrent quant à eux fidèles à l’esprit fondateur des Voiles et empruntèrent le parcours « traditionnel » Tour du Portalet - hauts fonds de la Nioulargue - Portalet. Dans la plus pure des traditions d’honneur maritimes, les capitaines donnent au final eux-mêmes leur temps de course qui détermine le vainqueur. Les enjeux diffèrent également en fonction des duellistes, d’un simple repas à ce qui n’a pas de prix, l’honneur d’un capitaine. Et pour sceller définitivement l’esprit et la tradition, le grand carnaval burlesque des équipages clôturait une journée particulière à Saint-Tropez.
A Cambria la Club 55 Cup
C'était l'un des morceaux de bravoure de la journée, la Club 55 Cup, Défi parmi les Défis, qui voit le Defender vainqueur l'an passé, défier un challenger sur le parcours historique et fondateur de la Nioularge, départ au Portalet et déboulé face au vent de sud ouest vers la Nioulargue, et une arrivée jugée à Pampelonne face au célèbre Club 55, soit une distance théorique de 15 milles. Le grand cotre aurique Cambria (Fife 1927) s'est imposé cette année face au cotre aurique Mariquita (Fife 1911). Vainqueur sur l'eau et à la régulière, Cambria devra néanmoins, et selon les règles très précises de la Club 55 Cup, laisser son titre de Defender l'an prochain à Mariquita. Il est en effet stipulé que la Club 55 Cup ne peut être remportée deux fois. Charge donc au cotre aurique de désigner un challenger pour que perdure en 2011 ce beau moment des Voiles.
14 Défis au soleil
Star parmi les stars cette semaine à Saint-Tropez, le soleil éclaboussait de nouveau tout le golfe en début d'après midi lorsque Marc Renout, président du comité de course, perché en haut de la tour du Portalet, ouvrait à 14 reprises sa ligne de départ pour permettre à près d'une cinquantaine d'unités, Modernes comme Classiques, de se défier au gré de leurs humeurs, à deux, trois quatre et même cinq, sur un parcours décidé entre gentlemen-capitaines. Face à un vent de nouveau bien calé en mode "medium" pour 7 noeuds sur la ligne, fraîchissant jusqu'à 15 au milieu du plan d'eau, 14 coups de canon ont retenti, libérant des équipages fermement décidés à naviguer au mieux de leur compétence, pour le plaisir, beaucoup, et pour l'honneur, un peu. A noter parmi les belles images du jour, la yawl Argyll (Olin Stephens 1948), opposée à une autre yawl Olin Stephens, Stormy Weather lancée en 1934, sous l'arbitrage du sloop White Wings (Alden 1938). Belle quadrangulaire à suivre, entre deux ketchs marconi, Milena et Eugenia, et les deux sloops Running Tide et Galvana. La ligne se fermait en beauté peu avant 15 heures quand les quatre superbe cotres auriques du Maitre Fife, Moonbeam IV, Moonbeam of Fife, Mariska et Tuiga s'alignaient toutes voiles dehors sous le Portalet. Mariska, malheureuse depuis le début de la semaine après sa disqualification de lundi, prenait sa revanche et doublait l'arrivée au Portalet avec quelques encablures d'avance seulement sur Tuiga. Prime à la légèreté aujourd'hui puisque les deux Moonbeam se trouvaient assez nettement distancés au terme des 10 milles du parcours...
La belle image...
Les Voiles de Saint-Tropez célèbrent toutes les belles voiles ; la belle goélette Atlantic récemment arrivée en Méditerranée depuis son chantier néerlandais qui l'a vu naître, a déployé aujourd'hui dans le golfe écrasé de soleil ses grandes voiles auriques, flèches comprises. Elle saluait ainsi l'immense (66 mètres) goélette à trois mâts Alix ex Jessica (Dijkstra 1984) venue elle aussi ajouter sa touche à la magie du jour...
Le point sur les classements en temps compensé :
TRADITION :
Groupe Grands classiques :
La victoire finale samedi soir ne devrait pas échapper au 12 mJ Ikra vainqueur des deux manches validées dans ce groupe. Le ketch Bermudien White Dolphin fait mieux que se défendre avec deux secondes places. Le sloop bermudien Sagittarius est à égalité de points avec le plan Sivestro Fantasque pour la troisième marche du podium.
Petits classiques
Le cotre bermudien Maria Giovanna II ferraille dur face au redoutable Outlaw et au sloop Undina. le podium semble joué. Reste encore à en définir l'ordre...
Epoque marconi
C'est sans surprise Rowdy qui domine ce très joli groupe. Le cotre The Blue Peter semble condamné au rôle de dauphin. Il se consolera en laissant loin dans on sillage d'aussi prestigieux cotres que Oiseau de feu, Marjatta,Eilidh, ou le 12 mJI Emilia.
Groupe marconi 2
Apre lutte chez ces fins voiliers de 8 mètres, qu'emmène Anne Sophie, suivie du 30m2 Ludwig et du voilier rendu célèbre par Virginie Hériot, Aile VI.
Grands epoque 1
Le grand ketch Thendara tient la dragée haute aux belles goélettes Altaïr et Elena, qui auraient peut-être souhaité un début de semaine plus venté pour briller dans le golfe. Avec Sunshine, Milena et Iduna, ce groupe demeure l'un des plus spectaculaire du plan d'eau.
Grands Epoque 2 ;
Ce groupe réunit un peu toutes les "stars" de Saint-Tropez ; Moonbeam IV y règne sans partage avec autant de victoires que de courses disputées, 2. Le grand cotre aurique Mariquita tient magnifiquement son rang et devance Moonbeam of Fife. Le duel entre les quasi sistership des 15 mètres signés Fife tourne à l'avantage de Tuiga puisque Mariska, disqualifiée lors de la première manche, se voit reléguer en queue de classement derrière Cambria.
Tofinou
Les jolis day boat du chantier Latitude 46 disposent de leur propre classement. C'est Bellorophon qui mène la danse au sein d'un groupe fort de 13 unités, devant Speed Bird et Pitch.
MODERNES :
Wally : 11 engagés, 4 courses validées
Nouveau venu aux Voiles, Indio le dispute à l'immense esense en temps
réel, et s'impose en temps compensé. J One, très régulier avec des secondes et troisièmes places, est son dauphin au général, devant Magic Carpet, décidément toujours aussi à l'aise à Saint-Tropez. Le nouveau Y3K est sixième à mi-parcours de la compétition.
IRC A : Les J Class tiennent leur rating.
Les immenses cotres Bermudiens Velsheda et Shamrock V, Class J des années 30 aux gréements modernisés parviennent à équilibrer en temps compensé un rating logiquement pénalisant face à des adversaires aux mensurations plus modestes. Respectivement 3ème et 5ème au général provisoire, ils sont en mesure d'envisager un podium samedi soir à l'issue des débats. C'est le Minimaxi Jethou, plan Judel-Vrolijk à Sir Peter Ogden qui tient la tête de ce groupe à égalité avec Artemis, le Transpac 52 de David Hutchinson. Dominateur en temps réel, le maxiyacht Leopard 3 de Mike Slade n'apparait qu'en... 26ème position une fois appliquée son terrible rating.
IRC B : une affaire de Swan
Trois Swan 42 occupent ce soir les accessits d'un groupe terriblement compétitif. Les italiens Enrico Scerni, en tête sur son Kora 4 et Nicola Ardito et son Cuordileone, encadrent sur le podium les Marseillais de Ludovic Saint Jean et Dimitri Deruelle sur Kuujjaq. La lutte est sévère pour la victoire finale, ces trois superbes équipages se tenant en 3 petits points. Il faut chercher à la 5ème place pour voir apparaître un voilier autre que Swan, avec le Salona 42 IB Jubilations d'Olivier Duthoit et Alain Fédensieu.
IRC C : Les Méditerranéens "dans leur jardin"
Cyril Baillie et son First 40 Sayan Madrac de la Napoule dominent les IRC de 40 pieds. Geranium Killer et Charles Métanier mènent une meute d'A 40 très affutée et toujours en lice pour le podium avec Dominique Tian (Glen
Ellen V) et Patrick Testot Ferry (Lady V 2).
IRC D : A Hector la palme de la régularité
Si le First 35 Tahina de Pierre Alain Tocci a déjà signé deux victoires de manche, sa 5ème place hier le relègue pourtant en deuxième position derrière le A 35 Hector de Philippe Ettore plus régulier avec deux deuxièmes places de manche. Jean Claude Bertrand et son A 35 Tchin Tchin est en embuscade dans un groupe très ouvert et qui compte pas moins de 6 A 35.
IRC E : Les Dufour 34 à la fête
Les petits IRC E, de 30 à 34 pieds ont eux aussi validé 3 manches. Jean Marc Festino a placé son Dufour 34 Architeuthis en têt au classement général provisoire de ce jeudi soir. C'est un autre Dufour 34, Flawless à
Philippe Cospain qui le talonne. Distancé à plus de 8 points, le A 31 Mimosails de Laurent Camprubil ne semble plus en mesure de jouer a victoire à ces deux bateaux...
Ils ont dit :
Ludovic De saint Jean et Dimitri Deruelle, Kuujjuaq (Swan 42)
Ils sont en course pour la gagne en IRC B, le groupe le plus compact, avec 43 inscrits, et le plus homogène avec nombre de Sawn 42, 43 ou 45, sans oublier les Grand Soleil et autres Salona... le marseillais Ludovic de Saint Jean a su rassembler autour de lui les compétences méditerranéennes, du toulonnais Fabien Henry à Dimitri Deruelle, pour postuler à la victoire.
Ludovic de Saint Jean : "Nous tournons depuis le début de la saison avec une douzaine de garçons motivés, encadrés par Dimitri, et nous progressons à chaque sortie. Naviguer à Saint Tropez est un plaisir et un challenge. Plaisir car le contexte est fabuleux, et un challenge car aux côtés de nos rivaux habituels, on rencontre des équipages, italiens notamment, de très haut niveau, à bord de Swan extrêmement bien préparés, comme Kora 4 ou Cuordileone."
Dimitri Deruelle : "C'est Ludovic qui tient la barre, et je m'occupe de la navigation. Nous sommes plus entraînés à naviguer sur des parcours de type "bananes". Je suis moi-même entraîneur de Match-Race, mais les parcours côtiers offrent aussi des possibilités de bien s'amuser. Les italiens sont très forts sur les départs et cela crée chez nous une émulation. Les conditions météos sont très changeantes et là aussi, la bonne lecture du plan d'eau est primordiale..."
Météo du vendredi 1 octobre
Les côtes varoises demeurent sous l'influence de l'anticyclone qui s'étend vers le golfe du Lion. Le vent
s'installera à l'ouest nord ouest en milieu de journée pour 8 - 10 noeuds.
Source : SNST (Rédaction : Denis van den Brink )