Les Voiles de Saint-Tropez / Les Voiles, c'est fini ...

Nouvelle journée de régate ce samedi et clap de fin sur le plan d'eau des 12ème Voiles de Saint-Tropez. Et un scénario final somme toute parfaitement en phase avec l'ambiance de cette semaine magique, marquée du sceau du sport, de la mer, de la bonne humeur, et de l'émerveillement permanent autour des plus beaux yachts du monde, fussent-ils Classiques ou Modernes. Les Modernes, précisément, étaient les premiers à 11 heures sonnantes à lancer les débats par une journée ventée à souhait, 12 noeuds de secteur sud est en fond de golfe, et jusqu'à 15 noeuds au large des Salins, d'où s’égayaient au rythme de leurs groupes IRC respectifs 170 voiliers. Une heure plus tard, bien alignés en face de la tour du Portalet, les petits voiliers auriques et bermudiens ouvraient la ligne d'un parcours de 20 milles nautiques vers Saint Raphaël spécifiquement concocté par Georges Korehl et sa direction de course à l'intention de magnifiques yachts classiques. Le soleil omniprésent cette semaine n'a pas fait défaut, attirant un nombre considérable de bateaux spectateurs, que les 3 500 marins s'évertuaient à satisfaire en tirant le meilleur parti de leur monture. En un peu plus de trois heures, les parcours étaient bouclés, et la lente et belle procession de la rentrée au port pouvait commencer, véritable revue d'effectifs finale avant une dernière fête à terre et la remise des prix demain matin dimanche à la Citadelle de Saint-Tropez.

Les Classiques trépignent!
Quelle impatience chez les beaux yachts classiques! Chaque départ lancé avec minutie par le Normand Marc Renout aura donné lieu à plusieurs rappels individuels, dont 5 pour le seul groupe des grands marconis. Parmi les plus pressés « pris par la patrouille », Rowdy l'impérial, le joli plan Herreshoff qui survole cette 12ème édition des Voiles, en lice pour le trophée Rolex, et qui se voyait contraint de repartir en queue de peloton. L'impatience prenait une tournure plussérieuse lorsqu’un équipier de Lucia se voyait précipiter à l'eau, immédiatement récupéré par l'un des nombreux semi-rigides de la sécurité, ou lorsque Oiseau de feu, le plan Nicholson, abordé par un autre concurrent se voyait contraint de rentrer au port. Tout cela se réglait à la Tropézienne, à quai et au champagne. Le vent bien établi favorisait la puissance, et les "lourdes" goélettes Elena et Thendara ne tardaient pas à occuper les avant-postes, tandis que tout à leur fraternelle rivalité, les deux 15 mètres signées William Fife, Tuiga (1909) et Mariska (1908) partait en match race vers les Canebiers.

Les Modernes sans mistoufle
5 jours de course, si l'on omet la journée très spéciale de jeudi consacrée aux Défis, et autant de régates dûment validées par le jury. Le soleil, la chaleur estivale étaient cette année accompagnés sur l'eau d'un vent certes parfois irrégulier en direction, de quoi "amuser" navigateurs et tacticiens, mais suffisamment constant en force pour donner une vraie légitimité aux lauréats de cette semaine tropézienne. Ce dernier jour se distinguait probablement par la belle constance d’Eole, calé au sud sud est pour 12 à 15 noeuds, et qui apportait aux maxis et supers yachts ainsi qu'aux rapides racer-cruisers ample matière pour s'exprimer. Les 25,5 milles du parcours vers la Nioulargue et cap Camarat étaient ainsi avalés à grande vitesse, et c'est dans un superbe déploiement de spis, spis asymétriques et grands gennakers que toute cette flotte venait défiler majestueusement devant les digues noires de monde de la Cité du Bailli. Comme ce fut le cas chaque jour de la semaine, le maxi Leopard 3 de Mike Slade, insensible à son rating si pénalisant en temps compensé, n'a laissé à personne le soin d'ouvrir la marche. Il devait néanmoins composer avec Highland Fling, le Farr 80 monégasque très inspiré cette semaine, et Ran, le 72 pieds Judel-Vrolijk de Niklas Zenstrom qui, en terminant en trombe sa semaine tropézienne, vient enlever le classement général en temps compensé à la sous barbe du Mini Maxi Jethou de Sir Peter Ogden. On aura observé sur ce parcours au long final aux allures portatives, l'excellent comportement des grands
ketchs Mari-Cha et Sojana.

Grosse bagarre chez les Wally
Parcours au dessin très varié pour les Wally qui se voyaient proposer toutes les allures au large de la Nioulargue. Si Esense, dans un vent soutenu a poursuivi son cavalier seul en tête de flotte, les trois grands animateurs de la semaine, Indio, Y3K et Magic Carpet se sont livrés sans retenue, le podium final dépendant pour bonne part des résultats du jour. Indio a fait mieux qu'assurer en s'imposant devant ses principaux adversaires au général en temps compensé. Il laisse J
One, Magic Carpet et Y3K dans son sillage.

Trophée Rolex ;
Un nouveau lauréat Rowdy et Ikra étaient ce matin au coude à coude à l’issue des trois journées de course. Autant dire l’importance des enjeux de la régate du jour. Est-ce cette pression qui poussait Rowdy à la faute ? En volant le départ, le plan Herreshoff amputait ses chances de succès. Il terminait deuxième de la course du jour, et laissait ainsi le champs libre à Ikra pour lui succéder à ce prestigieux palmarès.

Prix "série limitée" du yacht Classique de l'année ;
les « nominés » sont : 3 yachts classiques en lice pour le Prix "Série limitée" du Yacht de tradition 2010. Décerné pour la deuxième année consécutive, ce prix récompense un voilier qui met à l'honneur les valeurs de la belle plaisance, qualité du bateau, éthique, accueil.... Le bateau vainqueur est élu par un jury national à l'issue d'une sélection réalisée à l'occasion de régates et de rassemblements organisés en Atlantique et en Méditerranée. Ce jury a choisi aujourd'hui 9 « nominés », représentant trois catégories, inférieure à 15 mètres, de 15 à 23 mètres, et supérieure à 23 mètres. C'est Bonafide qui avait été nommé catégorie moins de 15 mètres, Cambria pour les plus de 23 mètres, et Avel pour les 15 à 23 mètres.

Ils ont dit :
Catherine Chabaud (Amadour) "Je ne suis pas une grande habituée des Voiles de Saint-Tropez, mais je trouve chaque année l'ambiance de plus en plus festive, ce qui n'enlève rien aux qualités des régates. J'observe les voiliers Classiques comme les Modernes, et je trouve le niveau très bon, et l'engagement des équipages très sérieux. Quand au spectacle de toutes ces voiles mêlées dans le golfe, il est tout
simplement somptueux..."

Mickael Creac'h (Moonbeam IV) Une belle semaine, fatigante car venant après une difficile régate Cannoise (Moonbeam IV y a été percuté par un autre concurrent...ndlr). Mais avec de bons résultats sur l'eau puisque nous sommes en tête, et de belles navigations, et la belle ambiance de Saint-Tropez... tout l'équipage est ravi. Mes inquiétudes vont au chapitre de la sécurité. je reconnais les efforts considérables faits par l'organisation des Voiles à ce sujet, mais il y a encore lors des phases de départ trop de gens sur le plan d'eau qui ne devraient pas y être. Je déplore aussi l'agressivité de certains concurrents qui naviguent ici comme si leur vie en dépendait !"

Dimitri Deruelle (Kuujjuaq -PMSIPilot) « Une très belle semaine, avec du vent chaque jour ! nous montons sur le podium au terme d ‘une superbe dernière journée, et c’est une belle satisfaction pour le propriétaire Ludovic de Saint Jean, comme pour l’équipage. Nous allons clore la saison avec le trophée Sémac chez nous à Marseille, où nous courrons pour briller… »

Source : SNST (Rédaction : Denis van den Brink)