La Route du Rhum / Franck Cammas a le nez dans les fichiers

Quand est donné, en novembre 1978, le départ de la première édition de la Route du Rhum, le premier satellite de géo localisation est en orbite depuis moins d'un an. A cette époque, les prévisions météorologiques sont bien incertaines. Idem pour les communications qui ne sont pas téléphoniques mais radio.

Crédit : JP Guillou / Groupama

Trente deux ans plus tard, si la ville close n'a que peu changé, l'équipement des 85 bateaux concurrents n'a rien à voir. Les téléphones satellites ont remplacé les encombrantes BLU, les GPS ont remisé les sextants, Tamaya et autres Gonios au placard.

A quelques centaines de mètres de Groupama 3, à quai à la gare maritime du Naye, Franck Cammas cogite. Ordinateur sur les genoux, entouré de Charles Caudrelier et de Jean-Luc Nélias, le skipper de Groupama 3 fait tourner différents routages afin d'évaluer la meilleure trajectoire possible pour traverser l'Atlantique.

Crédit : JP Guillou / Groupama

Sur l'écran, les couleurs varient, mettant en exergue la route Nord ou la route Sud : « L'histoire retient qu'une année, Loïck Peyron avait choisi la route Sud, moins froide, parce qu'il avait oublié d'embarquer ses bottes » raconte Jean-Luc Nélias. Routeur de Roland Jourdain, vainqueur en titre en catégorie monocoque 60 pieds, le navigateur de la prochaine Volvo Ocean Race est en charge de l'analyse météo. Avec son compère Charles Caudrelier, il va décortiquer les fichiers météo qui tombent quatre fois par jour afin d'aider Franck dans le choix de sa route.

« Le choix de Jean-Luc et Charles a été assez évident dans la mesure où nous travaillons ensemble depuis quelques mois déjà pour la Volvo. Cette Route du Rhum est un bon exercice. Ils me déposeront plusieurs fois par jour leurs analyses sur un serveur FTP. De mon côté, je ferai tourner mes propres routages et, si jamais je n'arrive pas aux mêmes conclusions que les leurs, je les appellerai » précise le skipper de Groupama 3.

De retour d'Alicante où ils ont convoyés Groupama 70, Charles et Jean-Luc ont donc fait une escale rapide à Saint Malo : « Nous-nous sommes vus pour perfectionner notre relation et la communication entre les routeurs et le skipper alors qu'en fait, Franck est déjà dans ses fichiers météo. La situation est assez compliquée et très évolutive. Il faut donc attendre le plus longtemps possible avant de faire des choix stratégiques entre une route directe, plus courte mais plus dure et une route sud, moins physique mais moins pratiquée ».

Quant au fait d'être deux pour faire ce travail, Jean-Luc conclue : « Cela nous permet d'entretenir la discussion et aussi la contradiction. Sans parler de la fatigue qui sera moindre ».

Solitaire à bord du multicoque le plus puissant de la flotte, Franck devra composer avec les éléments : « On sait que les voiles sont lourdes à manoeuvrer. On ne conseillera pas à Franck des changements de voilure trop fréquents. Cet élément sera peut être déterminant car il est évident qu'il ne prendra la même route que s'ils étaient dix à bord » ajoute Charles Caudrelier.

En attendant, après plusieurs directs TV et une rencontre rapide avec des élus de Groupama Centre Manche, Franck plongeait dans la piscine des Thermes pour quelques longueurs délassantes, en attendant le prochain fichier... météo.

Source : Groupama