Crédit: J Vapillon / WOW Cap Istanbul
Ambiance studieuse pour le début de cette deuxième étape de la WOW Cap Istanbul. Portés par un vent d'Ouest modéré les solitaires ont enquillés les milles laissant les côtes de Sicile à plus de cent cinquante milles dans leur tableau arrière. Mais tous savent qu'ils ont, en quelque sorte, mangé leur pain blanc au vu du brouet peu digeste qui les attend d'ici peu. Petit à petit, le vent devrait monter en puissance pour atteindre les vingt nouds moyens, mais surtout un front orageux pourra générer des grains à forte instabilité. Ce qui, en clair, veut dire, risque d'orages, de foudre et de vents en rafales pouvant monter provisoirement jusqu'à trente-cinq voire quarante. Bref ! Un tableau apocalyptique, comme si les Dieux de l'Olympe voulaient imposer un examen de passage aux impétrants en route vers Athènes. Cythère a beau être l'île d'Aphrodite, les amours des concurrents avec les eaux Grecques risquent d'être, dans un premier temps, quelques peu tumultueuses.
Un leader menacé
En tête depuis le milieu de la nuit de dernière Francisco Lobato n'a pu que constater avec plaisir que dans l'ensemble la flotte s'était alignée dans son tableau arrière. Du groupe positionné hier au soir le plus au Sud, seuls deux concurrents résistent et persistent, Jeanne Grégoire (Banque Populaire) et Eric Péron (Skipper Macif 2009). Tous les autres sont revenus se caler sagement sur la route, à quelques milles derrière un groupe composé de Ronan Treussart (Lufthansa), Nicolas Lunven (Generali), Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham), Frédéric Rivet (Vendée 1), Erwan Tabarly (Nacarat), Marc Emig (Marcemigetmoi.com) et Sébastien Josse (Vendée). Séba stien retrouvait le sourire, en même temps que les moyens de lutter à armes égales, avec un spi médium réparé de main de maître à Ragusa. Quelques milles derrière encore, un autre groupe menée par Isabelle Joschke (Synergie), au vent et Gildas Morvan (Cercle Vert), sous le vent, tentait de garder le contact. Pour Gildas Morvan, cette étape ne s'enclenche pas sous les mêmes auspices que la première. D'une part, son grand rival pour le Championnat de France de Course au Large en Solitaire, François Gabart (Skipper Macif 2010) est, pour l'instant, le seul qui a réussi à s'accrocher à la locomotive portugaise Lobato. D'une autre, Gildas est toujours sous la menace d'une réclamation de la part du même Francisco qui estime avoir été gêné dans l'approche de la bouée au vent par Cercle Vert, bâbord amure et donc, non prioritaire. Reste à savoir l'issue de cette éventuelle réclamation : le jury aura à statuer sur les faits avant de juger la culpabilité éventuelle de Gildas Morvan. Francisco, par ailleurs, ira-t-il au bout de sa démarche ? Le jeune navigateur portugais semblait déterminé à la vacation de ce matin, estimant que certains anciens du circuit en prenaient parfois trop à leur aise avec les règles de course, comme si leur statut leur conférait des droits exceptionnels... Maintenant, la route est encore longue jusqu'à Athènes.
Ils racontent :
Francisco Lobato (Roff Tempo Team) « Je suis content parce que ça se répète, c'est un bon signe. Quand ça arrive une fois, ça peut être de la chance, quand ça arrive plusieurs fois, ça veut dire quelque chose. En comparant avec la première étape, c'est beaucoup plus agréable parce qu'on a pu dormir presque toute la nuit, j'avais du gaz, j'ai pu bien manger, bien me reposer, ce n'est que du bonheur. J'ai été bien dans les coups de mes bascules de vent. On n'a pas eu une molle prévue au Sud-Est de la Sicile avec l'anticyclone et on est passé très vite. Maintenant le vent commence à refuser et bientôt ou dans quelques heures on va passer sous génois. Depuis le début de la saison, je me sens progresser chaque jour. Au début, j'ai eu un peu de mal à prendre le bateau en main, les manœuvres, la façon un peu particulière de naviguer dans cette classe. Je fais des erreurs, mais de moins en moins, et ça explique ma régularité. Au Portugal ça fait rêver des gens. Jusqu'à la Mini Transat, on disait que c'était impossible ; maintenant c'est plus concret. Après il y a toujours le problème de financement qui existe partout et au Portugal c'est encore plus limité. »
Sébastien Josse (Vendée) « Avec un vrai spi, c'est déjà plus facile pour jouer avec les camarades. C'est plus sympa parce que je suis au contact. La première étape était plus frustrante parce que j'étais en déficit de vitesse. Là, en régate et au contact, c'est aussi pour ça qu'on vient. C'est mon retour dans la classe Figaro Bénéteau, il y a des nouvelles têtes, des petits jeunes qui sont bons et puis d'autres qui sont installés depuis des années. On peut venir dans la série en amateur mais si on veut figurer sur le podium ou dans les dix premiers, cela demande beaucoup d'entraînement. J'ai quelques bases, ça ne s'oublie pas mais il faut pédaler, pédaler, pédaler. Il faut retrouver ses repères et tous les petits réflexes, pour que dans ces conditions on ait la demi-longueur qui fasse la différence. Je reviens au bout de sept ans, je n'ai pas encore tous les automatismes. On est à la queue leu leu, ça peut durer deux jours comme ça et quand la transition arrive, j'ai un peu plus de mal. A 2-3 heures du matin, on s'était bien installé, on voyait tous les concurrents et on a profité pour dormir. C'était en ligne droite, assez stable et sous pilote automatique, les conditions s'y prêtaient. Et pour me tenir éveillé, comme tout le monde j'ai un Ipod que je me mets sur les oreilles. Je dis ça mais je ne l'ai pas sorti depuis le départ de Ragusa. Je l'avais beaucoup pendant la première étape parce que j'avais pas mal de temps. »
Relevé du 27/09/2010 à 18:00:00 UTC
1 Francisco Lobato ROFF / Tempo-Team
2 François Gabart Skipper Macif 2010
3 Nicolas Lunven Generali
4 Jeanne Grégoire Banque Populaire
5 Erwan Tabarly Nacarat
6 Ronan Treussart Lufthansa
7 Eric Péron Skipper Macif 2009
8 Fabien Delahaye Port de Caen Ouistreham
9 Frédéric Rivet Vendée 1
10 Sébastien Josse Vendée
Source : WOW Cap Istanbul