Régates Royales de Cannes – Trophée Panerai : Édition spéciale !

Pour ces 32èmes Régates Royales - Trophée Panerai, les conditions météorologiques ont été particulièrement favorables aux soixante Dragon et soixante-trois yachts classiques qui ont pu enchaîner les manches pour le plus grand plaisir des spectateurs cannois. Si le Russe Anatoly Loginov sort une nouvelle fois grand vainqueur sur le monotype de 1929, la bataille a été âpre au sein des gréements auriques et marconis pour se départager sur quatre manches…

Crédit : Régates Royales

Le quotidien des Régates Royales ne pouvait que titrer en Une : « merci Eole ! ». Car à l’exception du premier jour de course, les journées se sont succédées essentiellement sous le soleil et avec une brise paisible, parfois coquine, mais souvent suffisamment bien établie pour que les plus centenaires des voiliers de tradition se parent de leurs plus beaux atours… Certes les rotatives d’Eole ont parfois été en panne, comme vendredi lors du parcours côtier en baie de La Napoule où une masse orageuse a fait disjoncter la brise. Mais en ce samedi de clôture, les équipages étaient sous presse : la topologie des lieux avait des allures de typographie à l’ancienne ! L’écriture était plutôt à l’anglaise, toute en courbes et en liés, mais la lecture du plan d’eau était souvent aussi hermétique qu’un hiéroglyphe égyptien… Les Britanniques ont l’habitude de pratiquer le scoop, mais pour cette 32ème édition des Régates Royales - Trophée Panerai, les sujets de sa Gracieuse Majesté avaient dicté le synopsis avant même le coup de canon libérateur !

Le sommet russe !
Il en était pratiquement de même parmi les Dragon car le tenant du titre 2009 des Régates Royales arrivait en pleine forme à Cannes ! Anatoly Loginov (Annapurna) n’a pas failli à sa réputation de cracheur de feu : à l’exception d’une troisième journée de régate en demi-teinte, l’équipage russe n’a jamais fait pire que quinzième, ce qui à ce niveau de compétition, confirme une constance dans l’intelligence tactique et la capacité à performer qui est la marque des très grands champions. Même en cette dernière journée où une seule manche a pu être lancée, le Russe acquiert de haute lutte une cinquième place. Son dauphin a dû aussi sortir les griffes pour que son Dragon se hisse sur la deuxième marche du podium à l’issue d’une ultime régate pleine de suspense : Ivan Bradbury (Blue Haze) s’adjuge l’ultime régate devant le Finlandais Christian Borenius (Thouban) et le Français Christian Boillot (Tamm Ha Tamm) du Yacht Club de Cannes qui réussit la performance de s’intercaler au classement général à la quatrième place !

Crédit : Régates Royales

Grand chelem…
Dernier parcours côtier ce samedi pour les yachts classiques avec un triangle en baie de La Napoule dans une brise de secteur Sud-Est inférieure à huit nœuds, mais sur une mer lisse comme une table de billard. La notation n’est pas innocente puisqu’il a fallu jouer les bandes pour s’extraire de la flotte et attraper les petites risées qui perlaient ce tour de baie d’une petite dizaine de milles… Comme l’an passé, le Britannique Rowdy n’a pas fait de quartiers chez les Epoque marconi ! Le Fighting Forty dessiné par Nathanaël Herresoff en 1916 s’adjuge quatre manches sur quatre… L’armateur Graham Walker s’il est nouveau venu dans la série des yachts classiques, est un amateur plus qu’éclairé puisqu’il avait marqué de son empreinte les courses du RORC dans les années 90 avec ses successifs Indulgence.

Même suprématie parmi les Spirit of tradition pour Speedbird, le Tofinou de Jamet Hudleston, qui a réalisé le sans faute sur quatre manches ! Son sistership Pitch (Patrice Riboud) a eu plus de mal à contenir le Class-J Shamrock. Chez les Epoque marconi, la dernière journée s’annonçait chaude entre Leonore (Brad Swain), Anne Sophie (Hanns Georg Klein) et Cholita (Marilinda Nottis) puisqu’un seul point les séparait avant ce match ! Dans cette brise asthmatique de secteur Sud, le Q-Boat sur plan Anker marquait une dernière fois son territoire et Leonore s’imposait devant son dauphin du jour, Anne Sophie…

Crédit : Régates Royales
Dites trente-trois…
Dure bagarre aussi parmi les Epoque aurique puisque le classement final semblait ne plus se jouer lors de l’ultime manche qu’entre le plan Mylne Kelpie (Olive Pelham), un Solent One Design de 1903, et Oriole (Jean-Pierre Lostis) le redoutable dessin de Herresoff de 1905 : ils se sont départagés à la faveur de la victoire de l’élégant 10mJI Pesa (Jean-Yves Robinet) venu pour ces deux derniers jours de régates. Au final, c’est Kelpie qui rafle la mise mais devant Bona Fide (Giyseppe Giordano) très percutant pour ces dernières régates.

Les Antibois étaient bien présents parmi les « grands » Classique Marconi avec Sagittarius (Florence Urrutti) qui empoche toutes les courses tandis que les Italiens s’imposaient sans presque coup férir chez les « petits » : Chaplin (Bruno Puzone) ramasse deux manches en devançant White Dolphin (Fabrice Payen) et Emeraude (Vitorio Cavazzana) qui s’octroie l’ultime combat du samedi. Enfin, les Big Boats faisaient une nouvelle fois le spectacle : ces cathédrales de voiles portant grand spinnaker, trinquette, flèche, voile d’était et autres clin foc et foc ballon, filaient à près de dix nœuds dans une brise qui ne flirtait pourtant pas à plus de huit nœuds… La goélette à trois-mâts Atlantic étant restée au port tout comme Thendara suite à son bout-dehors abîmé, le 15mJI Mariska était déclaré vainqueur à la faveur de deux manches gagnantes dans l’escarcelle, devant Moonbeam of Fife à égalité de points avec Mariquita (Jim Thom).

Cette 32ème édition aura donc été un nouveau succès comme le déclarait Jean-Claude Montesinos, président du Yacht Club de Cannes : « C’est la troisième fois en tant que président du YCC que je suis impliqué totalement dans l’organisation des Régates Royales et c’est un très bon cru ! Il y avait un très beau plateau et je tiens à féliciter les 120 bénévoles qui ont fait la réussite de cette édition. Il y a eu beaucoup de convivialité à terre et de l’âpreté en mer avec un esprit sportif et amical très enthousiasmant. Dommage qu’il n’y ait pas eu le duel entre les géants Atlantic et Créole. Les animations dans le village avec le tir à la corde, les peintures, le championnat de baby-foot… montrent que les équipages sont heureux d’être à Cannes et de se rencontrer sur ces magnifiques bateaux. ». Place à la trente-troisième édition, fin septembre 2011 !

Source : Régates Royales