Les Voiles de Saint-Tropez célèbrent le yachting et la régate de la plus belle des manières, pour la plus grand bonheur des 3 500 et quelques marins ravis de prolonger l'été de si sportive manière. En ce troisième jour de régates pour les voiliers Modernes et les Wally - et second pour les voiliers classiques – tous les ingrédients du plaisir étaient réunis sur le plan d'eau tropézien : le vent, la mer, le soleil... chaque jour valide sa course, et voit émerger les postulants à la victoire finale dans chacune des nombreuses classes en lice. Après le vent fort de lundi, et medium mardi, le thermique a complété aujourd'hui le panel des scénarios météo du golfe. Tout sied semble-t'il à merveille aux grands voiliers qui s'approprient avec une déconcertante facilité les moindres recoins d'un plan de course à la physionomie changeante et propice aux "mistoufles". Parcours tortueux vers Pampelone et Cap Camarat pour les Modernes, longue boucle à l'est vers Fréjus pour les Classiques, et toujours les puissants Maxis et les élégants cotres et goélettes auriques aux avant postes, toutes voiles dehors et au maximum de leur vitesse pour offrir toute la journée l'exceptionnel spectacle de leurs virevoltantes manoeuvres dans les drapés chatoyants de leurs voiles d'avant. Du spectacle, de l'émotion, et partout dans le
golfe les luttes à couteaux tirés, pour le gain d'un bord au vent ou d'une encablure à une bouée.
Highland Fling ne lâche rien...
Si, rating oblige, ni Highland Fling ni Leopard 3 ne joue la victoire en IRC A, groupe qui rassemble les plus grandes unités, maxis et super yachts compris, de la flotte Moderne des Voiles, ces deux voiliers n'en disputent pas moins chaque régate comme une finale de Coupe de l'America. Sur un parcours côtier de 19 milles proposé aujourd'hui sous un chaud soleil et dans un vent de secteur sud allant fraîchissant avec l'avancée de l'après-midi, ces deux géants pourtant partis dès le départ sur deux options différentes, se retrouvaient au hasard d'une marque de parcours placée au large, et disputaient un final bord à bord et à pleine vitesse absolument somptueux, conclu par la victoire d'une demi longueur par Highland Fling qui profitait de la déchirure inopinée du grand gennaker de son adversaire....Le 72 pieds Ran signé Judel Vrolijk faisait longtemps illusion à la faveur d'une très bonne option en milieu de plan d'eau, mais ne pouvait tenir la cadence imposée par les deux géants de tête. Le J Class Shamrock V en tête du général et en temps compensé, s'il ne peut rivaliser en vitesse pure avec les bêtes de course océanique, protège à merveille son avantageux rating en jouant placé à tous les coups.
Esense contesté
La superbe flotte des 11 Wally qui régatent sur leur propre "rond" devant la plage de Pampelonne est dominée en temps réel, et sans surprise, par le géant Esense, (Tripp 2008). Les nouveaux venus à Saint Tropez, les 100 pieds Indio et YK3 ne s'en laissent pourtant pas compter, et Indio avec les français Philippe Presti et Philippe Mourniac à la baguette, a tout au long du parcours côtier long de 19 milles menacé la suprématie du grand sloop noir allemand. Légèrement distancé en vitesse pure lors des longs bords de largue, Indio, au prix de choix tactiques parfois osés, a su revenir jusqu'à quelques mètres du tableau arrière du géant. Plus en retrait, Magic Carpet, habitué des honneurs tropézien, bataille cette année ferme avec Y3K et et ce duel offre là encore des engagements de toute beauté, façon match-race à grande échelle. Les 80 pieds ne manquent rien de la fête, régatant eux aussi bord à bord, loin dans le sillage d'Esense.
Les Classiques appellent le vent...
Les douze coups de midi qui résonnaient au clocher de Saint-Tropez semblaient sonner le glas des régates du jour pour les voiliers classiques alignés sous le Portalet dans l'attente du vent. Celui-ci se faisait quelque peu attendre, avant de rentrer franchement au secteur sud. Le comité de course mené avec autorité par le Normand Marc Renout s'empressait d'envoyer les 5 séries, marconis et auriques, grands et petits, vers une bouée de dégagement au fond du golfe, avant de mettre cap au large. Et plus les beaux classiques approchaient de la sortie du golfe, et plus le vent rentrait, accentuant la gîte des vénérables voiliers qui fendaient le clapot dans de grandes gerbes d'écume.
Le jeudi, les Défis...
Petite pause traditionnelle et appréciée en pleine semaine des Voiles de Saint-Tropez, la journée du jeudi, journée des Défis, est l’occasion de confrontations ciblées entre voiliers partageant qui une histoire, qui un trait commun, et qui, en marge de la compétition des Voiles, renouent avec l’esprit fondateur de la Nioulargue, en se défiant le plus amicalement du monde au large de la Cité du Bailli. La Direction de course, mobilisée comme pour une journée normale, mouillera un parcours selon les marques emblématiques des Voiles, Nioulargue et Club 55 à tribord, et lancera autant de départs que de challenges exprimés, entre 11 heures 30 et 15 heures. The Blue Peter, Hallowe'en et Oiseau de feu s'affronteront dans un duel à trois, Argyl défie Stormy weather etc... les concurrents ont toute la soirée et une partie de la matinée pour s'inscrire aux Défis...
Deux démâtages
Fait suffisamment rare pour être signalé, la direction de course a déploré deux démâtages aujourd'hui, en tout début de régate des voiliers classiques. Ces incidents de course sont intervenus à vue des côtes, et en tout début de régate ; Harlequin, le petit marconi de Jean Yves Redor perdait son mât suite à une collision, dès le début de la régate du jour lancée dans une dizaine de noeuds de vent de secteur sud. Trois hommes étaient précipités à la mer, vite récupérés par un des nombreux bateaux spectateurs présents sur zone. Un petit moment plus tard, c'est le ketch Bermudien Adria (Tiller 1934) de Cornelius Kotterer qui démâtait, sans dommage là encore fait aux équipiers...
Il raconte :
Daniel Souben, Mariska (Fife 1907) "Les Voiles sont pour moi une découverte car c'est ma première apparition ici. J'ai la chance de naviguer sur Mariska, un plan Fife quasi sistership de Tuiga. Vivre les régates de l'intérieur est assez fascinant et déconcertant car on ne navigue pas du tout comme sur nos bateaux modernes (Daniel est double vainqueur du tour de France à la voile, spécialiste du multicoque. ndlr) Les bateaux sont naturellement moins manoeuvrants, moins prompts à la manoeuvre. Il faut beaucoup anticiper, voir loin,tenir compte de l'inertie, et surtout beaucoup travailler à l'unisson d'équipage. J'ai été dimanche brièvement initié au bateau par Tom Schnackenberg (tacticien néo Zélandais de la Coupe de l'America), le tacticien-navigateur habituel. La barre est haute (rires) mais je prends beaucoup de plaisir...."
Météo du jeudi 30 septembre
Les côtes varoises sont toujours placées sous l'influence d'un anticyclone qui évolue dans le sud ouest de la Corse. En sa partie nord, il génère un léger souffle de Nord Ouest, tournant à l'ouest en cours de journée pour 5 à 8 noeuds.
Source : SNST (Rédaction : Denis van den Brink )