Crédit : E Allaire
Port-La-Forêt, 20 août 2010. Amarré au ponton, le coursier aux couleurs du Crédit Mutuel de Bretagne tire mollement sur ses aussières. Au pied du mat, un marin love ses bouts d’un geste assuré. Silhouette athlétique, regard clair, visage souriant… l’ancien perchiste n’a pas changé. Son quotidien, si.
« J’aurais pu vivre de mon titre, certains le font. Mais j’avais envie d’autre chose. Je crois qu’on peut avoir plusieurs vies. Pour moi, le challenge était de retrouver une activité qui puisse me procurer des sensations aussi fortes et intenses que celles vécues avec la perche ». Ce sera la voile.
D’une barre à l’autre
La mer a toujours fait partie de son univers. Breton par sa mère - « j’ai encore de la famille à Brest et à Camaret » -, son enfance a été bercée par les récits de navigation de son grand-père, médecin militaire dans la Royale. Plus tard, il navigue avec des copains férus de régate, loue des voiliers à l’occasion de vacances. Mais c’est en 2005 qu’il s’embarque véritablement dans l’aventure maritime et donne un nouveau cap à sa carrière. Le Défi français pour la 32e Coupe de l’America, Saint-Graal des régatiers, le recrute comme équipier et préparateur physique de l’équipage. S’en suivent deux années très denses. « A l’époque, je sautais encore. Un jour, j’étais parmi les 10-15 meilleurs athlètes mondiaux dans ma spécialité et, le lendemain, je me retrouvais à Valence, à nettoyer le fond de la cale... C’était parfois dur pour l’ego mais cela apprend à être modeste ! »
Dans la foulée de la Coupe, « avec l’envie de voir autre chose de la voile qu’une colonne de winches », il décide avec son partenaire Nivéa de s’attaquer à un nouveau défi : courir la Transat AG2R 2008. Et il s’y prépare, sérieusement.
Durant 8 mois, il fait ses gammes au Pôle Finistère course au large, la pépinière à champions de Port-La-Forêt. Il y côtoie les ténors de la série Figaro, comme Nicolas Troussel. « J’ai eu un super accueil de la part des skippers. Et s’il y a pu y avoir un peu d’interrogation au départ, j’ai montré que j’étais là pour apprendre, que c’était un choix de passion et pas un coup de show-biz ».
La course entre Concarneau et Saint-Barthélémy, elle, se passe moins bien. Epuisé physiquement et psychologiquement, le tandem Jean Galfione-Gilles Favennec jette l’éponge quelques jours après le départ. « Nous étions à la rue, pas prêts pour une telle épreuve ».
Des milles au compteur
Après cette expérience, d’autres auraient plié le ciré et remisé les bottes au fond du placard. Pas lui. En grand champion qu’il est, Jean Galfione s’est remis au travail. Avec un menu copieux : manger de l’écoute, bouffer des milles. Et un enthousiasme intact. Sa reconversion dans la voile relève bien plus de la quête personnelle que de la recherche de nouveaux succès sportifs. « J’ai la chance de pouvoir vivre pleinement cette nouvelle passion. Je suis bien conscient que je démarre tard dans le bateau. Mais je veux aller au bout de ce challenge que je me suis fixé. L’important, c’est de savoir qui on est, ce que l’on fait et pourquoi. Et aujourd’hui, c’est sur l’eau que je me sens bien ».
Cette année, il s’est offert un destrier à la mesure de ses rêves. Un Pogo 40 S2, construit au chantier finistérien Structures et qui a été mis à l’eau début juillet. A son bord, il envisage de courir, en 2011, la Transat Jacques Vabre. Et, pourquoi pas, la Route du Rhum en 2014. A condition de se sentir prêt et d’en avoir toujours envie. « Il peut se passer tellement de choses en quatre années… Je n’ai pas de plan de carrière. Je progresse étape par étape ».
Ayant eu vent de son projet, plusieurs navigateurs, à la recherche d’un bateau compétitif pour le Rhum 2010, le contactent. Et c’est finalement avec Nicolas Troussel, le skipper du Crédit Mutuel de Bretagne, qu’il choisit de s’associer. « Je le connaissais pour l’avoir déjà croisé sur les pontons. On joue aussi parfois au foot ensemble ! Le courant passe bien entre nous. Ce qui m’intéresse dans cette collaboration, c’est qu’il ne s’agit pas d’une simple location du bateau. Il y a un vrai transfert d’expérience avec beaucoup d’échanges, en toute transparence. « Nico » est quelqu’un de simple, sérieux et pragmatique. Il se pose les bonnes questions et cherche juste à être efficace ».
Retour gagnant
Le 31 octobre, quand Nicolas Troussel s’élancera de Saint-Malo à destination de Pointe-à-Pitre, Jean Galfione prendra lui aussi la mer. Au départ de Cassis, il convoiera vers le Cap- Vert un voilier chargé de matériel scolaire, dans le cadre d’un projet humanitaire (lire par ailleurs). Ensuite, il rejoindra les Antilles. Pour sa première transatlantique, il ramènera son 40 pieds en Bretagne. Un retour qu’il espère gagnant !
Source : Crédit Mutuel de Bretagne