Dès l’origine de son projet de sponsoring nautique, le groupe Safran s’est impliqué aux côtés de Marc Guillemot et des concepteurs du monocoque IMOCA Safran pour apporter son expertise et déployer des technologies spécifiques, adaptées à un voilier de course.Depuis que Marc Guillemot et les architectes (le tandem Vincent Lauriot Prévost (VPLP) et Guillaume Verdier) ont été retenus en 2005 pour mener à bien le projet, les transferts technologiques ont été constants entre eux et le groupe Safran. Regroupant un large panel de compétences dans des secteurs de haute technologie comme la propulsion et les équipements aérospatiaux, l’électronique de défense, l’optronique, la biométrie…, l’industriel a participé activement à la conception et aux évolutions de Safran, son monocoque 60’.
L’innovation en tête
Avec 13 000 brevets déposés dans le monde, la recherche et l’innovation technologique sont au cœur de l’activité des 55 000 salariés du Groupe. « Nous avons l’habitude de travailler en équipes pluridisciplinaires, en mobilisant les intervenants et les compétences spécifiques requises, explique Gérard Le Page, Président-directeur général de Safransixty. Dès que le cahier des charges a été finalisé, le Groupe s’est mis au service des concepteurs. En effet, même si nous n’avions pas d’expérience du nautisme, nous détenions des connaissances pointues sur les matériaux composites, le dimensionnement des pièces mécaniques, l’ingénierie des systèmes hydrauliques et électroniques. Dans un premier temps, notre implication s’est limitée à la validation par calcul des zones critiques de la quille pendulaire, à la maîtrise des phénomènes vibratoires, la conception des safrans en tissus tissés 3D, ou encore la mise au point d’une caméra thermique pour la détection d’objets flottants comme des growlers ou des containers… ».
Des tests grandeur nature
Mais pour qu’une technologie soit adoptée, il faut qu’elle mûrisse, qu’elle soit expérimentée et validée sur le terrain. Exemple : le système de détection d’OFNIS. Marc Guillemot n’ayant pas croisé de blocs de glace lors de son Vendée Globe, le groupe Safran l’a confié à la navigatrice Isabelle Autissier afin qu’elle puisse rapporter des images enregistrées dans le Grand Sud. L’objectif est de certifier la justesse et la résolution de la caméra afin de ne pas provoquer de fausses alarmes pouvant perturber le skipper.
Fertilisations croisées
Depuis sa mise à l’eau, la plate-forme connaît de constantes évolutions pour optimiser les performances. « Le fait que plusieurs concurrents aient adopté les mêmes concepteurs ou le même moule de coque nous flatte, mais surtout nous aiguillonne ! Il faut progresser en permanence : le thème récurrent est évidemment le gain de masse qui nous a incité cet hiver à modifier le rouf, la goulotte et le meuble de manœuvres dans le cockpit. Nous travaillons beaucoup sur la génération électrique. Deux pistes sont explorées : les hydrogénérateurs en collaboration avec Yannick Bestaven, et la pile à combustible utilisant d’autres carburants plus abordables que l’hydrogène (propane, biocarburant, gasoil). Ces deux solutions sont à la fois plus légères et plus écologiques mais ne sont pas encore au stade de maturité qui permettrait d’en faire la source principale d’énergie... ».
Les ingénieurs du groupe Safran se sont aussi penchés sur les paramètres de marche du monocoque afin d’affiner la précision des pilotes automatiques : une centrale d’acquisition de données issue de la Formule1 couplée à une centrale inertielle issue du monde des porte-avions permettent l’acquisition des données d’accélération, de gîte, de tangage et d’assiette.
Des rebonds techniques
En retour, certaines technologies développées et mises en œuvre sur le bateau pourraient ainsi, à partir du moment où les process sont validés, trouver des débouchés dans l’industrie de haute technologie telle que l’aéronautique.
Cette symbiose technologique entre ingénieurs et marins est « la marque de fabrique » qui fait l’originalité de Safran : « Les grands projets débutent toujours avec de petites équipes et nous avons l’habitude de travailler en partenariat avec d’autres industriels. Les échanges qui nous relient en permanence avec l’équipe de Marc Guillemot et les architectes constituent donc un enrichissement pour l’ensemble des intervenants du groupe Safran ! ».
Source : Safran