La Solitaire du Figaro / Le Cléac'h en pôle position, verdict vers 20h (Vidéo)

Au grand large de Guernesey, quatre seigneurs s’apprêtent à affronter la dernière sentinelle : ce fameux raz Blanchard où le courant va s’inverser à partir de 18h40, en devenant défavorable. En tête dans le même mille, Armel Le Cléac’h (Brit Air), Corentin Douguet (E.Leclerc Mobile) et dans une moindre mesure François Gabart (Skipper Macif 2010) jouent la victoire d’étape. Les deux premières places du général, elles, semblent acquises. Mais il y a un match énorme pour la troisième marche du podium. Verdict vers 20h.

Crédit : Courcoux-Marmara/Le Figaro

C’est comme dans un jeu de rôle d’Heroic Fantasy, le grand combat final. Un dernier gardien du Temple à terrasser avant de toucher enfin le Graal. Voici que se dresse devant les étraves la dernière sentinelle, celle dont on parle depuis… décembre 2009, quand on a dévoilé le parcours de cette Solitaire du Figaro : le raz Blanchard. Cailloux et courants puissants, promesses de gloire ou de dégringolade en perspective.
En pointe, Armel Le Cléac’h (Brit Air) est définitivement le grand héros de cette édition 2010. Il prépare son entrée dans la légende en récoltant très probablement ce soir sa deuxième victoire dans la reine des courses, après celle de 2003 raflée devant un certain Alain Gautier pour… 13 secondes. Il n’est pas inconvenant d’imaginer non plus qu’il assortirait bien ce gros gâteau d’une troisième cerise sur quatre possibles. Cet après midi, Armel réussit à contenir tant que faire se peut les assauts d’un Corentin Douguet (E.Leclerc Mobile) survolté cette année et qui se verrait bien réussir « le casse du siècle ». Le duel de ces deux hommes est épatant.


Épatant aussi les deux Figaro Macif, à environ 2 milles derrière eux : François Gabart et Eric Péron ont également tracé une trajectoire presque idéale en Mer Celtique et en Manche. François Gabart ne doit plus être vraiment inquiet pour sa deuxième place au général qui lui semble plus promise que jamais. On pourra épiloguer longtemps sur le talent du jeune homme… qui a bien failli tout perdre au départ de Brest, quand il est descendu à pied sec sur les cailloux pour remettre son bateau échoué dans le sens de la marche ! Sauf avarie ou extraordinaire et très improbable retournement de situation, Armel Le Cléac’h et François vont donc à la fois jouer le podium de cette étape et maintenir à distance sans problème tous les autres au classement général.

Suspense pour l’étape et la 3e place du général
Outre la victoire d’étape donc, reste le cas de la troisième place au général. Et là pardon, mais comme disait la grand-mère de Jimmy Le Baut (le préparateur des deux bateaux Macif) en mangeant du crabe : « va y avoir du suce pince ! » Pourquoi ? Parce que Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) 3e au général provisoire est de ceux qui ont beaucoup perdu en tentant l’option ouest pendant la traversée : son retard au leader fluctue entre 13 et 15 milles. Sa place sur le podium est donc directement menacée par trois skippers : Corentin Douguet, Eric Péron et Gildas Morvan (Cercle Vert), en position de chasseur derrière les quatre échappés. Il y a de fortes chances pour que la troisième marche du podium final donc se joue entre ces quatre bateaux pour quelques minutes, voire quelques secondes, alors que les vitesses sont repassées au-dessus de 8,5 nœuds. Le vent se renforce en ce moment sur zone ; sous le soleil et grand ciel bleu, 15 à 17 nœuds de Sud-Ouest font accélérer la flotte. Il reste trois empannages à faire : le premier pour laisser Aurigny (marque de parcours) à bâbord, les deux autres pour doubler la pointe du Cotentin puis piquer sur la ligne d’arrivée de Cherbourg-Octeville, qu’on imagine coupée par le vainqueur d’étape aux environs de 20h ce soir.

La dernière sentinelle aura alors livré son verdict. La donné est simple : jusqu’à 18h40 les leaders ont une chance d’y trouver 3,5 nœuds de courant favorable, au pire un courant très peu défavorable. Ensuite, le robinet s’inverse et plus on y aura du retard, plus le tapis roulant sera pénalisant : 3,5 nœuds pour et 3,5 nœuds contre ne font pas du tout la même chanson…
Quoi qu’il arrive les quatre éclaireurs de cette superbe glissade depuis Kinsale mériteront tous les honneurs. Il ne sera pas interdit non plus de saluer tous les autres qui vont boucler une Solitaire une fois de plus splendide. D’ailleurs à la vacation, même les battus du jour insistaient sur le fait de prendre malgré tout du plaisir, de profiter jusqu’au bout de ces ultimes moments de navigation dans des conditions idéales. Compétiteurs d’accord, marins d’abord. On ne se refait pas.

Au pointage de 16h, Armel Le Cléac’h était toujours en tête à 45 milles de l’arrivée. Il possédait alors 0,8 mille d’avance sur Corentin Douguet et 1,7 milles sur François Gabart. Eric Péron était toujours en embuscade.

Source : la Solitaire