La Solitaire du Figaro / Jean-Pierre Nicol 3ème à Kinsale !

Jusqu’au bout, malgré la tension extrême, la pression de la concurrence et le stress de voir s’échapper un final heureux si attendu… jusqu’au bout Jean-Pierre Nicol aura tenu bon. Pour sa quatrième participation à La Solitaire du Figaro, la première sous les couleurs de Bernard Controls, le Trinitain si habitué à la régate au contact à fait valoir ses droits sur cette troisième étape, accrochant un podium tant espéré. Troisième à Kinsale en coupant la ligne à 20h20m09s, à peine 12 minutes après le vainqueur, il récolte aujourd’hui les fruits d’un travail hivernal studieux et d’une belle persévérance.

Cette troisième étape était annoncée comme un sprint au départ de Brest ; sans doute parce qu’elle était la plus courte mais aussi et sûrement parce que comme toute étape menant en Irlande, elle risquait de se solder par une lutte à couteaux tirés de bout en bout. Dès le coup de canon libérateur lundi dernier, les fines lames engageaient le combat rapproché dans le goulet, se déjouant des courants et se sortant parfois de situations épineuses. Fidèle à son habitude, Jean-Pierre Nicol s’offrait un fauteuil aux premières loges pour le spectacle au large de la pointe Finistère. Oui mais voilà, après déjà deux entrées en scène remarquées et pas forcément suivies de conclusions à la hauteur de ses attentes, le skipper Trinitain voulait du beau, du bon, le meilleur vers l’Irlande. « C’était un format d’étape qui correspondait bien à mon vécu. Je savais que cette étape était taillée pour moi. C’était plus ce que je connaissais. Je me doutais qu’il y aurait toujours quelque chose à faire et qu’il n’y aurait pas beaucoup l’occasion de s’endormir. Ca s’est beaucoup joué sur le départ. C’est effectivement la troisième fois que je pars bien devant et cette fois-ci j’ai su attendre mon heure et rester lucide. J’ai profité de toutes les occasions pour me reposer afin de garder un bon état de réflexion, de bout en bout. Dès que j’étais un peu devant, j’en profitais pour faire une sieste en me disant qu’il fallait rester frais pour attaquer et rester au contact ».

Savoir ne pas perdre !
Amputé de son grand spi dès la première nuit de course, Jean-Pierre voyait l’arrivée sur Wolf Rock, l’entrée en Mer Celtique et le passage au près avec soulagement et pugnacité. Sans se trouver perturbé outre mesure par les variations capricieuses du vent, le skipper de Bernard Controls poursuivait une partition sans fausse note et sans céder aux sirènes du stress et de la pression. Virant le Fastnet en septième position, il ne perdait jamais la tête de flotte de plus d’un mille, laissant alors parler tout autant ses talents de régatier que le travail entrepris au large ces dernières saisons et tout particulièrement cet hiver sous la houlette du Centre d’Entraînement Méditerranée et de Franck Citeau. Ni l’arrivée toujours capricieuse le long des côtes irlandaises, ni cette soif de conclusion sur le podium, ni les derniers milles sous spi n’auront eu raison du mental de Jean-Pierre. « Sous spi ce matin, je me suis d’autant plus appliqué à tirer les bons bords que je n’avais plus le grand. C’était chaud mais j’avais tellement envie de cette fin là. L’Irlande est toujours compliquée. Il y a toujours beaucoup d’incertitudes et je sentais que plus on approchait de l’île et plus la pression montait. Au final je me rends compte que la clé est là, dans le fait de savoir ne pas perdre, de ne pas lâcher le morceau avant la fin. Je vais m’en servir comme étape de référence dans ma jeune carrière ! ».

Heureux, soulagé et récompensé pour son engagement, Jean-Pierre Nicol va désormais pouvoir recharger ses batteries au coeur de la verte Irlande et panser les plaies d’un bateau qui à souffert. Ses nuits seront certainement très douces et pleines de la satisfaction d’un travail bien fait et de cette troisième place qui en fait aujourd’hui un marin comblé.

Source : Jean Pierre Nicol