Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro
On savait déjà que la compagnie Brit Air exploitait de très bons avions de ligne, on sait désormais qu’elle dispose aussi d’un avion de chasse. Voici Armel Le Cléac’h, déjà vainqueur à Gijón, qui épate son monde. Passé le premier hier soir à la bouée SN1(Grand Prix GMF Assistance) au large de Saint-Nazaire, le vainqueur de l’édition 2003 est impressionnant. « Il tire les bons bords, appuie où ça paie exactement au bon moment… et va très vite », explique Sylvain Mondon, de Météo France, en étudiant les trajectoires du « Chacal ». Impressionnant en effet de voir le vainqueur de l’édition 2003 prendre un mille en trois heures (entre 8h et 11h ce matin) à un Jérémie Beyou (BPI), vainqueur de La Solitaire en 2005 et qui avait traversé presque tout le golfe de Gascogne en tête. Le combat des chefs est splendide. A 16h, Beyou avait d’ailleurs grignoté de nouveau sur Le Cléac’h… qui restait 0,9 mille devant.
Duel des chefs et duel des bizuths
François Gabart (Skipper Macif 2010, 3e à 1,2 mille) est lui aussi aux premières loges : 600 mètres derrière Jérémie Beyou, il confirme tout le bien qu’on pense de son jeune talent. Bien sûr tant que la ligne n’est pas franchie, tout peut encore arriver. Y compris un arrêt buffet jamais impossible dans le goulet de Brest, où le trio de tête est attendu en milieu de nuit, entre minuit et 5h. Dans un vent de Ouest-Nord-Ouest qui souffle encore pour une dizaine de nœuds au nord des Glénan, à 57 milles de l’arrivée, Armel Le Cléac’h précède sept bateaux qui peuvent encore croire à un possible podium.
Au passage, 4e à Gijón, François Gabart risque de faire lui aussi une excellente opération au général. Ses plus proches rivaux à ce titre sont relativement loin : Eric Péron (Skipper Macif 2009) est 23e et surtout 6 milles et demi derrière lui, Yann Eliès (Generali-Europ Assistance) est 10e, à 4,60 milles du leader donc à 3,40 milles de lui. Avec Armel Le Cléac’h, François Gabart pourrait donc bien être un des grands bénéficiaires de cette deuxième étape partie de Gijón mardi matin.
Dans le groupe de tête, on a droit encore à un duel d’exception entre… deux bizuths ! Le jeune Portugais Francisco Lobato (ROFF/Tempo Team, 6e à 2,70 milles de Brit Air) prouve de manière éclatante que sa dernière place en Espagne n’était qu’un accident de parcours. Anthony Marchand, lui, fait honneur à son partenaire : 4e à 2 milles et à moins d’un mille du podium provisoire, il prouve qu’il y a effectivement de l’« Espoir en Région Bretagne » et est repassé devant Francisco Lobato à 16h… Chapeau, les rookies !
Talonnage pour Morvan, abandon pour Duthil
Trois autres bateaux sont encore à la lutte et peuvent espérer être dans les clous des temps de passage estimés du « bon wagon » : 18h à Penmarc’h et 21h pointe du Raz, pour une ETA à Brest toujours imaginée entre minuit et 5 h du matin. Il y a là Fabien Delahaye, le meilleur bizuth 2009 (Port de Caen-Ouistreham, 5e), un autre « ex » vainqueur de La Solitaire, à savoir Kito de Pavant (Groupe Bel, 7e) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire, 8e). Le vent de Ouest-Nord-Ouest devrait mollir lentement mais ils auront aussi avec eux un courant favorable (1,5 nœud dans le raz de Sein) qui les aidera à rentrer dans la rade et le goulet de Brest… Les attardés – car il y a des écarts, 5 milles dès le 15e Nicolas Lunven (Generali) – pourraient, eux, profiter d’un retour du vent par le Sud-Ouest pour recoller et limiter les dégâts.
Des dégâts, matériels, il y en a eu un peu sur le bateau d’un autre favori : Gildas Morvan (Cercle Vert) a talonné à Groix ce matin et devra sortir son Figaro de l’eau à Brest pour réparer bulbe de quille et varangues.
Pour Frédéric Duthil, en revanche, la course est hélas terminée. Le skipper de Bbox Bouygues Telecom a jeté l’éponge ce matin après avoir ressenti une vive douleur dans son coude droit, qui était en cours de consolidation après une fracture. Frédéric a rejoint Lorient. (Plus d'explications ici)
Gildas Morvan (Cercle Vert) à la vacation de 14h00 :"cela a fait boum"
« À Groix, j’étais avec un groupe de bateaux, on s’amusait à virer au ras des falaises. J’étais devant ce paquet-là, tout allait bien mais je n’ai pas bien regardé la carte et il y avait un caillou en plein milieu. Je suis rentré dedans, cela a fait boum. Je l’ai vu mais trop tard. Le bulbe est un peu abîmé et j’ai des varangues un peu décollées . Il y aura un petit chantier à Brest. Ça fait un peu comme à la première étape, je ne fais pas les bons choix tout de suite. Mais depuis la SN1, j’ai bien navigué, c’est sympa de revenir sur quelques bateaux. Et il y a encore pas mal de boulot ; des bascules de vent, des pointes à passer, donc, il y aura du sport jusqu’à l’arrivée. »
Source : La Solitaire