La Solitaire du Figaro / Dernier acte ce Lundi à 14h

Le départ de la quatrième et dernière étape de La Solitaire du Figaro 2010 sera donné ce lundi à 14h, devant Kinsale. Destination Cherbourg-Octeville (435 milles), via une bouée à aller virer en Bretagne Nord, au large de l’île Vierge. Tout est encore possible pour les 44 solitaires, d’autant que les météorologues américains et européens ne sont pas d’accord. Tous voient une étape essentiellement sous spi dans du vent de nord-ouest, mais pour les Américains celui-ci n’excèderait pas 10 à 15 nœuds alors que les Français prévoient… 10 nœuds de plus !

« Ce qui m’inquiète le plus c’est le raz Blanchard. Si nous le passons tous avec le courant favorable ça va, mais si quelques bateaux passent et pas les autres… on peut tout imaginer. » Armel Le Cléac’h (Brit Air) - leader de cette Solitaire du Figaro avec respectivement 1h17’ d’avance sur François Gabart (Skipper Macif 2010) et 1h36’ sur Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) – n’est pas tout à fait né de la dernière pluie. Il sait que la dernière sentinelle de la course peut coûter très cher… ou rapporter gros. Que si l’on s’en tient à la pure théorie mathématique, on peut gagner ou perdre jusqu’à six heures dans ce genre de « passage à niveau », soit l’écart qui le sépare du 34e, à savoir un autre héros du Vendée Globe : Sébastien Josse (Vendée). Voilà pour la théorie. En pratique, le vent devrait être assez fort pour étaler – donc il y a bien moins de 6 heures à gagner ou perdre - et Armel Le Cléac’h n’a fait que prendre du temps sur ses plus dangereux adversaires depuis le départ du Havre le 27 juillet dernier. Reste qu’il y aura près de 4,5 nœuds de « jus » à la pointe du Cotentin mercredi et jeudi matin, quand les premiers s’y présenteront.

48 heures chrono ?
Mercredi ou jeudi ? Ce sera de toutes façons véloce pour 435 milles, « mais dans le scénario rapide on peut imaginer une arrivée dès mercredi matin à Cherbourg-Octeville; dans le lent, nous ne serions alors qu’à l’île Vierge… avec encore 140 milles à couvrir » explique Sylvain Mondon, de Météo France. En fait, ou bien les concurrents réussiront à couvrir le parcours dans le même front avec 20/25 nœuds de nord-ouest et une traîne active, ou bien ils seront tellement vent arrière dans 10/15 nœuds qu’ils devront faire des empannages en mer Celtique et en Manche pour s’affranchir des 250 milles entre Le Fastnet et la cardinale Ouest Lizen Ven, dans le Nord de l’île vierge. Auparavant, il est quasiment acquis que les 45 milles entre le départ de Kinsale et le Rock du Fastnet se feront au près, dans du vent de ouest-sud-ouest (avant le passage du front qui apportera le nord-ouest) : le départ sera donc très important pour tenter de prendre le plus tôt possible le train du vent portant.

Attention à la casse
Côté parcours, retenir que toutes les marques sont à laisser à bâbord : Fastnet, Bishop Rock (qui interdit le passage dans les Scilly), Linzen Ven, puis Aurigny (les autres îles anglo-normandes sont libres). Cette étape peut-elle créer des écarts? En allant revoir le Cotentin, il n’est pas scandaleux de tenter une réponse de Normand : peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Oui il y aura des écarts si une partie de la flotte ne parvient pas à rester dans le même système météo et est obligée « d’attendre le train » du système suivant. Oui aussi donc si les heures d’arrivée au raz Blanchard, quelques milles avant la ligne, font que certains passent avec le courant favorable et d’autres pas. Oui encore si certains déchirent leurs spis. A contrario, peu ou pas d’écarts à prévoir si personne ne casse, que tout le monde reste dans le même système et passe dans le même courant au raz.

Autre donnée d’importance : « avec cette longue escale à Kinsale, ils sont bien reposés, c’est la dernière occasion d’attaquer, il y aura du vent… ils vont lâcher les chevaux, ça nous promet une étape superbe ! » s’enthousiasme Jacques Caraës. Le directeur de course pense aussi que « le premier à envoyer le spi au Fastnet prendra un avantage ». Certes, mais l’étape ne fera encore que commencer et les furieux de la conduite sous spi feront alors parler la poudre (d’escampette ?) Surtout dans le scénario rapide que résume à la hache Gildas Morvan (Cercle Vert), visiblement fan de séries TV : « 48 heures chrono, c’est du Jack Bauer ! C’est brisou ! On va envoyer du lourd ! ».

Chacun à quelque chose à gagner ou perdre dans ce rush final. Si personne n’ose ouvertement prétendre détrôner Armel Le Cléac’h (ils n’en rêvent que secrètement), pour le podium c’est une autre histoire : douze skippers sont à moins d’une heure du troisième et lorgnent sur les statuts il est vrai, enviables, de François Gabart et Thomas Rouxel. Parmi eux, on note la présence de quelques furieux de la conduite sous spi : Jérémie Beyou (BPI), Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Gildas Morvan (Cercle Vert), Erwan Tabarly (Nacarat) et une poignée d’autres marins en mal de lauriers normands… Chez les bizuths, on connaît la donne : Anthony Marchand (Espoir Région Bretagne), Yoann Richomme (DLBC) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) tiennent en 56 minutes. Ils ont promis qu’ils ne chercheraient pas à se marquer. C’est préférable en effet car à 1h43 d’Anthony Marchand, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) est en embuscade. Et il ne serait pas contre venir bousculer in extremis ce podium des rookies.

Source : la Solitaire