La Solitaire du Figaro / Armel Le Cléac’h signe le doublé à Brest ! (ITW)

Ce vendredi 6 août à 2 heure 44 minutes et 40 secondes, Armel Le Cléac’h a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée devant le port de plaisance du Moulin Blanc, à Brest. Le skipper de Brit Air a mis 2 jours 12 heures 44 minutes et 40 secondes pour parcourir les 385 milles de cette deuxième étape entre Gijón et Brest, à la vitesse moyenne de 6,34 nœuds. En cette seule édition 2010, Armel Le Cléac’h double le nombre de ses victoires d’étape sur La Solitaire : de deux à quatre ! François Gabart (Skipper Macif 2010) et Jérémie Beyou (BPI) complètent le podium brestois.

Crédit : Courcoux-Marmara/Le Figaro

Il faut remonter à 1994 pour trouver pareil exploit. Et c’était alors « Le Roi Jean », Jean Le Cam qui avait enlevé successivement les deux premières étapes de La Solitaire. C’est dire la portée de ce que vient de réaliser Armel Le Cléac’h, le skipper de Brit Air, qui rafle donc cette nuit à Brest sa deuxième étape consécutive dans cette Solitaire du Figaro 2010, après son succès à Gijón (Espagne).

Deuxième du dernier Vendée Globe, déjà vainqueur de La Solitaire en 2003 – pour 13 secondes historiques devant Alain Gautier – et encore vainqueur au printemps de la Transat Ag2r qu’il est le seul à avoir remportée deux fois, Armel Le Cléac’h, 33 ans, semble être en état de grâce. S’il n’a pu contester le leadership de Jérémie Beyou pendant les trois quarts de la traversée du golfe de Gascogne entamée mardi depuis Gijón, le skipper de Brit Air a pris la tête de la course mercredi soir à Saint-Nazaire, tirant le meilleur parti d’une option légèrement à l’Ouest de la route directe qui lui a permis « d’écraser » et de passer en tête la bouée SN1 (Grand Prix GMF Assistance), aux dépends de Jérémie Beyou.

Crédit : Courcoux-Marmara/Le Figaro

Depuis, pendant tout le louvoyage pour remonter les côtes de Bretagne, Armel Le Cléac’h s’est intercalé entre la ligne d’arrivée – Brest – et ses deux plus proches adversaires, à savoir Jérémie Beyou (BPI) et François Gabart (Skipper Macif 2010). Tirant les meilleurs bords, appuyant sans cesse à bon escient pour grappiller un avantage, Armel Le Cléac’h a résisté jusqu’au bout, malgré un vent devenu très faible : moins de 5 nœuds d’Ouest dans le goulet de Brest.

Quelque 16 minutes et 55 secondes, à 03h01mn35s après lui, François Gabart prenait la deuxième place de l’étape à Brest, suivi de Jérémie Beyou à 03h07mn53s.

A la descente des bateaux :
Armel Le Cléac’h (Brit Air), vainqueur de l’étape et leader du général :
L’arrivée
« C’est une bonne habitude ce champagne… C’était intense jusqu’au bout, le goulet de Brest n’en finissait plus, je le trouvais interminable! J’étais un peu stressé, mais franchir la ligne en vainqueur encore c’est top, je me sens très heureux
L’étape
« Il y a eu finalement beaucoup de changements de voiles à faire, de choix de trajectoires. J’ai su être opportuniste et garder l’initiative : souvent je mettais le spi en premier, le solent en premier… à chaque fois je m’apercevais que les autres avaient un petit peu de retard… et j’ai pu tenir jusqu’au bout. J’ai eu beaucoup de travail pour contenir François (Gabart) et Jérémie (Beyou) avec qui je me suis échappé. Ça me permet de conforter ma place de leader au classement général, tant mieux ! »
« C’était une étape physique pendant tout le long bord jusqu’à Saint-Nazaire, où on a eu jusqu’à 35 nœuds de vent. Ça nous changeait de la première étape… après la bouée ça tapait beaucoup, il fallait barrer, c’était difficile de dormir. Le secret c’était tenir. Heureusement à Groix la mer s’est calmée et j’ai pu me reposer un peu, par siestes de 20 minutes. Sur l’étape, j’ai du dormir 3 ou 4 heures maximum en tout. »
« A Gijón, je n’étais pas bien parti. je touche la bouée et dois réparer, mais ensuite je n’ai fait que grappiller et le lendemain matin, je voyais que les voiles derrière moi s’éloignaient, d’autres qui ne tenaient pas la cadence. »
La victoire
« Je suis super fatigué, mais aussi super content car on enchaîne les victoires avec Brit Air cette année : Transat Ag2r, Trophée SNSM, et là deux étapes sur La Solitaire. Ça prouve que le travail fait avec toute l’équipe du centre d’entraînement de Port-la-Forêt a fini par payer. J’ai bien retrouvé les automatismes et petits points de repère du Figaro… au final ce sont des détails qui comptent. C’est drôle, car cela fait deux étapes très différentes : sur la première « on » était en tête presque tout le temps, ce n’était pas le cas sur celle-ci. »
Le leadership au classement général
« Jérémie (Beyou) aussi a gagné deux étapes l’an dernier. Je me sens vraiment bien mais on n’est qu’à la moitié du parcours. Il faut faire attention à ne pas tenter de contrôler. Je ferai plutôt le bilan à Kinsale. L’idée est de continuer à naviguer comme « on » fait, à être en phase avec le bateau et prendre du plaisir sur l’eau. »

Crédit : Courcoux-Marmara/Le Figaro

François Gabart (Skipper Macif 2010), 2e à 16’55’’ à du leader
« Super. Les deux étapes qu’on vient de se faire sont extraordinaires. Le premier soir on était dans la dorsale avec la pétole, le lendemain dans 30 nœuds, le surlendemain on est en T-shirt dans Les Glénans. C’est ça La Solitaire. Pouvoir enchaîner autant de trucs différents dans une même étape. En plus, j’ai bien navigué. Après le départ, je n’étais pas forcément dans les premiers et les 24 premières heures, il a fallu se battre pour faire avancer le bateau. Jérémie me passe cette nuit à Belle-Ile et ensuite, on s’est tiré la bourre toute la journée. En arrivant dans le goulet, on était à trois longueurs et en arrivant dans la rade, j’ai réussi à lui prendre quelques mètres… Depuis la première étape, ce sont mes meilleures places dans La Solitaire… Ce qui est super agréable pour moi c’est que j’ai l’impression d’avoir progressé. Je gère le bateau, je suis tout de suite dans les coups. Par rapport à l’année dernière, je ne suis pas la même personne et pour un sportif, c’est super agréable de se sentir meilleur qu’avant. Armel est sacrément bon mais c’est sûr aussi qu’il est prenable. »

Crédit : Courcoux-Marmara/Le Figaro

Jérémie Beyou (BPI), 3e à 23’13 du leader
 Je n’ai rien trouvé de mieux que de voler le départ encore une fois. Je pars de derrière et du coup, les autres te marquent un peu moins mais en même temps, ça te met un stress supplémentaire. Dans la remontée du golfe de Gascogne, j’ai été bien dans mon schéma alors que les autres se sont un peu trop éloignés de la route. J’en ai profité. Après, il fallait que j’arrive à tenir mon avance sans que les autres écrasent, mais ça n’a pas suffit. J’ai eu des problèmes de génois. L’étai creux a cassé, le solent est passé à l’eau, que des m… Quand je me suis vu en tête au classement, je me suis dit « tiens, je referais bien la même que l’an dernier où j’avais aussi volé le départ et gagné l’étape ». Mais voilà… les deux gars de devant ont fait du bon boulot. Ils se sont recalés au bon moment, ont bien navigué sous spi, bien anticipé les fronts. Il y a meilleur que moi devant donc il n’y a pas à rougir. Moi, j’ai tout donné. Mais il ne fallait pas que ça dure plus car j’aurais pu me faire croquer par ceux de derrière. Belle bagarre avec François mais j’étais cuit, j’ai fait des bêtises. Donc malgré tout, 3e, c’est très bien. Il reste encore deux étapes mais ça va être compliqué parce que le Chacal (surnom d’Armel Le Cléac’h) a l’air bien en forme. Bravo à lui parce qu’il est vraiment bon. Il a un peu plus de vitesse que les années précédentes et il met moins d’extrême dans ses routes »

Source : La Solitaire