La Solitaire du Figaro / Armel Le Cléac'h : " Ce n'est que le début"

En skipper avisé, Armel Le Cléac'h ne fanfaronnait pas hier matin avant de prendre le départ de la deuxième étape de la Solitaire. Vainqueur à Gijon à bord de BRIT AIR, Armel préfère attendre Brest, puis Kinsale, puis l'arrivée finale à Cherbourg pour manifester, ou non, sa satisfaction.

Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro


Avoir les jambes à chaque fois
Décidément, le skipper de BRIT AIR aime bien faire référence au tour de France vélo. Probablement parce que c’est un sport très physique, comme l’est cette Solitaire du Figaro. «Ce n’est que le début. On a quatre cols à franchir et il en reste trois. Il va falloir avoir les jambes. Je me suis bien reposé, nous avons eu trois vraies nuits à Gijon et je suis frais pour ce nouveau parcours. Il paraît court sur le papier (385 milles), mais ça va être laborieux jusqu’au bout. Ce sera assez complet, il va y avoir pas mal de choses à faire : du jeu, des changements de voiles… Ce sera complexe finalement, bien plus que le long bord de ‘tout droit’ qu’on imagine vers SN1 (la marque de passage au large de Saint-Nazaire). Je ne tiens pas compte de mon classement à Gijon, pour moi les compteurs sont de nouveau à zéro. Tout peut basculer sur une étape, j’en sais quelque chose. Je dois seulement me concentrer pour la suite et ne pas penser au classement. »

Maîtrise et tactique
La pétole, hantise des navigateurs. D’innocentes petites bulles d’air qui peuvent ruiner, en quelques heures, des jours et des nuits de lutte. «Tu vois les copains se barrer dans un petit couloir de vent et toi, tu restes là, désarmé, impuissant» ose à peine imaginer le skipper de BRIT AIR. Et justement, ils ont rendez-vous avec au moins deux zones sans vent. La plus dangereuse se profilant peu avant l’arrivée, alors qu’ils auront déjà bien sollicité leurs organismes. «En baie d’Audierne, avant le Raz de Sein, il faudra être lucide parce que même si on est en mortes-eaux, là-bas, il y a toujours au moins trois ou quatre nœuds de courant, sans vent, c’est calamiteux ».

Il reste que l’essentiel de cette étape est un plat de choix quand on est gourmand comme ‘Le Chacal’. Parce qu’à part l’indigeste pétole, il va y avoir deux passages de fronts avec pas mal de vent et de la pluie, de la tactique, de la maîtrise, des choix de voile très précis, comme de trajectoires. Bref, du jeu ! Une étape exigeante comme les aime Armel, de celles qui lui permettent de révéler tout son talent à la barre de BRIT AIR.

Au large d’Arcachon
Comme prévu, la pétole était hier au rendez-vous du crépuscule. Il a fallu traverser la dorsale avant le retour d’un vent peu régulier obligeant les marins à constamment adapter leurs réglages. Toute la flotte évolue ce matin, sous grand-voile haute et génois, au reaching, à une vitesse moyenne proche des 7,5 nœuds. Un durcissement des conditions est annoncé dans la journée, avec une mer inconfortable et de nombreux changements de voiles. Le deuxième jour de course va être humide et venté. BRIT AIR évolue en 10ème position, au-dessus de la route directe, dans un groupe emmené par François Gabart, à 5,80 milles de l’actuel leader, Jérémie Beyou.

Source : Brit'Air