A moins de 300 milles de l’arrivée, tous les scenarii restent encore possibles. Alors que la route du sud semblait jusqu’à hier une voie royale, les hommes du nord ont repris du poil de la bête durant la dernière nuit. En tête de course, Jörg Riechers (mare.de) enfonce le clou à la faveur d’un recalage judicieux. A l’inverse Bertrand Delesne (Prati’Buches) et Andrea Caracci (Speedy Maltese) voient revenir leurs poursuivants à grande vitesse. En série Bruno Simonnet (El Nono) a repris la troisième place à Jean-Marc Allaire (Baker Tilly AG2R La Mondiale). Les certitudes d’hier ont pris du plomb dans l’aile en même temps que les conditions deviennent plus instables.
On en voit la fin. Plus que trente à quarante heures de mer pour la tête de flotte. Mais, l’étape menée tambour battant aura laissé des traces dans les organismes. A vouloir tirer le meilleur parti de sa machine lancée sur les vagues, on fatigue… C’est tout d’abord l’humidité permanente, quand les vagues balayent le pont dans les surfs. C’est la vigilance qu’il fait tout le temps avoir pour éviter la sortie de route et ses casses éventuelles corollaires. Nicolas Boidevezi (GDE) en sait quelque chose, lui qui doit ronger son frein et ne peut qu’assister impuissant au retour de concurrents qu’il avait laissé loin derrière dans son sillage.
A ces petits détails s’ajoutent aussi les soucis mécaniques : ainsi Véronique Loisel (De l’espace pour la mer) se plaignait-elle de soucis de pilote récurrents qui ne lui permettaient pas d’exploiter au mieux son prototype. Ce qui n’empêchait pas la demoiselle d’aligner la plus belle vitesse au pointage de ce matin à plus de dix nœuds. La nuit a donc été marquée par un retour en force de la flotte du nord : Sébastien Rogues (Eole Génération GDF Suez) est toujours en mesure de décrocher un podium, tandis qu’en cinquième position Sébastien Picault (Kickers) continue de tenir la dragée haute aux unités de dernière génération. Un bateau qu’il connaît parfaitement, un peu de culot, une navigation sur le fil du rasoir et le voilà à une place plutôt enviable qui devrait lui permettre d’attaquer au retour.
El Nono n’est pas un rigolo
En série, l’incertitude est toujours aussi forte sur l’issue du duel entre Xavier Macaire (Starter) et Davy Beaudart (Innovea Environnement). Bruno Simonnet (El Nono) revient donc sur le podium et prouve qu’on n’a pas besoin de se prendre au sérieux pour faire du bon boulot. Ce passionné de moto qui avait découvert la Mini-Transat à l’heure des années 80, est retombé dans la marmite à l’occasion des trente ans de la course où il a retrouvé Pierre Rolland contre qui il avait couru. Du même coup, il a décidé de s’acheter un Dingo pour être présent au départ de la Transat 6,50. Et derrière l’humour décalé du bonhomme qui n’hésite pas à s’afficher en ciré jaune avec un bateau jouet d’enfant dans les bras, les résultats parlent. Vainqueur de la Select 6,50, 3ème du Trophée Marie-Agnès Péron, sa place actuelle n’a rien d’usurpée.
A l’arrière de la course Thomas Normand (Financière de l’Echiquier) comble son retard sur l’arrière de la flotte. A ce rythme, il devrait laisser plusieurs bateaux dans son sillage à l’arrivée à Horta. Enfin, Pierre Dejean (Oufti) est arrivé à Bayona. Sous gréement de fortune, il a tenu une moyenne de quatre noeuds pour rejoindre la côte espagnole. L’autonomie est aussi une des grandes vertus de la classe Mini…
Source : Les Sables Les Açores