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Rémi Andréan (Soleto) a donc été le dernier concurrent à couper la ligne d’arrivée ce mardi à 6h24mn (TU), soit une cinquantaine d’heures après que Jörg Riechers l’ait franchie en vainqueur. Peu de temps avant lui, Marc Dubos (Cepat) en finissait lui aussi. Le navigateur, pourtant auteur d’une trajectoire limpide, reconnaissait avoir mis du temps à se mettre dans le rythme, accumulant dès la sortie du golfe de Gascogne près de 150 milles de retard sur les leaders. Difficile ensuite de retrouver un rythme adéquat, quand on sait que d’ores et déjà il va falloir batailler pour revenir au contact. D’autres n’ont pas ces états d’âme : Hugues Chollet (Dizikilepti) a mené son prototype qui date de 1992 à sa main, reconnaissant ne pas avoir fait plus d’une demi-journée de spinnaker de toute la traversée… Sa motivation ? Venir aux Açores, se prouver qu’il était capable de faire la traversée sans encombre, même s’il reconnaissait avoir trouvé le temps long et le paysage un peu monotone. Quand l’aiguillon de la compétition n’est plus là, la solitude pèse peut-être un peu plus.
Galère, retour de flamme et gammes
Fabienne Robin (Plume d’ange) était, quant à elle, fière d’avoir pu aller jusqu’au bout de sa traversée malgré quelques galères : un tableau arrière qui se délaminait, des soucis d’énergie et plusieurs voiles déchirées n’ont pas eu raison de sa détermination. Reste que pour la deuxième femme de la course, les jours à venir risquent d’être très occupés pour pouvoir repartir avec un bateau en état. Pour Chuang Guo (Green Dragon) c’est une aventure personnelle d’une toute autre nature. Sportif chinois de haut niveau, il avait été un des porteurs de la flamme olympique dans les rues de Pékin pour les jeux de 2008… Lui qui avait été embarqué sur le VOR70 du même nom de Green Dragon a pu mesurer toute la différence entre un équipage de mercenaires embarqué dans une compétition sportive sans concession et l’aventure humaine que représente le fait de mener en solitaire un voilier de 6,50m sur une traversée océanique de huit jours. On pourrait encore évoquer les soucis techniques de Jérôme Lecuna (I feel good) qui, faute de budget, a dû se résoudre à préparer son bateau à l’économie et a vu son pied de mât se fissurer, de Louis Mauffret (Abri&Co Solidaires) chargé de l’administration du Chantier du Guip, qui constatait à l’arrivée ce que des heures et des heures d’entraînement pouvaient amener aux premiers, quand lui-même était encore à réviser ses gammes.
Mais vainqueurs ou non, ténors du groupe de tête ou gros des troupes du peloton, tous savent qu’ils vivent une aventure qui est proche et que c’est la somme de leurs histoires qui fait le charme des courses du circuit Mini. Dans un monde qui tend à se professionnaliser et s’aseptiser de plus en plus, c’est au final plutôt réconfortant.
Source : Les Sables Les Açores