Classe Mini / Bertrand Delesne explose les records

Avec plus de 298,8 milles parcourus en vingt-quatre heures, du 19 août à 8h00 (TU+2) au 20 août à 8h00, le skipper de Prati’Buches inscrit un nouveau record dans les tablettes : jamais un 6,50m n’a tenu une telle moyenne soit 12,45 nœuds de moyenne. Ce qui signifie des pointes à plus de seize nœuds et surtout une capacité à tenir la cadence sans jamais se déjuger… Au vu des conditions rencontrées, l’exploit prend encore plus de valeur.

Il ne faut pas se fier à l’air placide de Bertrand Delesne. Son apparence débonnaire cache en fait un redoutable compétiteur, parfaitement à l’aise quand il est en mer. Pour preuve, le nouveau record qu’il vient d’établir en parcourant près de 300 milles sur la route en vingt-quatre heures. Les calculs exacts donneront la distance parcourue qui risque d’être un peu plus longue que celle annoncée, mais jamais un Mini n’avait tenu une telle cadence. Le skipper de Prati’Buches, content de sa deuxième place à l’arrivée aux Açores, avait délibérément joué la prudence sur la première étape. Pour lui, l’essentiel était d’arriver placé, avec un bateau en parfait état, pour pouvoir attaquer à sa guise lors du retour vers les Sables d’Olonne. Force est de constater, que jusque là son plan fonctionne à la lettre. Avec plus de 50 milles d’avance sur son premier poursuivant, il est en position idéale pour voir venir avant les prochains jours qui promettent d’être compliqués.
Même motif, même punition en bateau de série. Xavier Macaire (Starter) dont on savait qu’il était particulièrement à l’aise dans la brise soutenue l’a encore démontré en reléguant ses deux poursuivants immédiats à près de vingt milles et en s’emparant de la quatrième performance au scratch, toutes catégories confondues. Compte tenu de l’état de la mer relaté par les bateaux accompagnateurs et du nombre de concurrents qui ont avoué des sorties de route totalement incontrôlées, on imagine ce qu’il a fallu de ténacité, de finesse de conduite et de résistance pour arriver à mener leurs bateaux comme ils l’ont fait.

Podiums incertains
Pour la première place de chaque groupe, la situation est, pour le moment, bien décantée. En revanche, les podiums sont loin d’être constitués. En prototype, Sébastien Rogues (Eole Génération GDF Suez) reste toujours sous la menace d’Andrea Caracci (Speedy Maltese). D’autres solitaires, s’ils ne briguent pas le classement général sont en train de réaliser une deuxième étape de très bonne facture à l’image de Lucas Montagne (ONG Conseil) qui, le premier, avait décidé de cesser de mettre du nord dans sa route et de rejoindre la route directe. Bien lui en a pris puisqu’il pointe encore en quatrième position des prototypes. D’autres soufrent visiblement beaucoup plus : ainsi Ryann Finn (Myrna Minkoff) dont la route témoigne, a priori, d’un bateau handicapé. Après une route anormalement nord, le navigateur américain avait fortement ralenti, puis repris sa route vers l’est, avant de s’arrêter à nouveau. Démâtage, souci de safran ? Toujours est-il que la direction de course a décidé de dérouter un bateau accompagnateur vers sa position. En série, Davy Beaudart (Innovea Environnement), handicapé par des problèmes de safrans, voit s’envoler la première place du classement général, tandis que Jean-Marc Allaire (Baker Tilly AG2R La Mondiale) peut commencer à rêver de la place de dauphin. Pour le podium final, rien n’est joué : Davy Beaudart peut encore espérer s’il arrive à contenir les assauts d’un groupe au sein duquel Amaury François (amauryfrancois.com) et Robert Rosenjacobson (NED 602) paraissent, pour l’heure, les mieux placés.

Savoir durer
Pour autant, on imagine que la route suivie par les solitaires ces dernières vingt-quatre heures n’a pas été un long chemin tranquille semé de pétales de roses. Les bateaux accompagnateurs parlent d’une mer creusée, de vents qui s’ils ne soufflaient pas en tempête, se distinguaient par leur caractère très irrégulier : bref, des conditions vicieuses qui n’ont pas leur pareil pour mettre à la faute un navigateur lancé à pleine vitesse. Pas étonnant dès lors que les dernières vacations fassent état de nombreux incidents de course : une vague qui remplit le bateau, lorsque lancé en survitesse, il devient incontrôlable et se couche, un spi qui bat trop longtemps et qui finit par se déchirer, un bout-dehors malmené qu’il faut réparer avant de repartir de plus belle… C’est quand la brise aura molli, que l’on pourra aussi faire le compte de ceux qui peuvent continuer d’exploiter le potentiel de leur bateau à 100% et ceux qui devront panser plaies et bosses. Les prochains jours promettent une situation complexe sur le golfe de Gascogne et la partie est loin d’être jouée. Il va falloir se montrer malin, trouver le bon chemin jusqu’à la ligne d’arrivée, éviter les pièges d’un vent capricieux. Après l’épreuve de force, il va falloir activer ses neurones. Fort comme un buffle et malin comme un singe, le vainqueur de cette édition 2010 aura révélé nombre d’atouts pour s’imposer.

Source : Les Sables Les Açores