Armel Le Cléac’h (Brit Air) :
Dans le coup « C’est une belle victoire car depuis le début, j’étais souvent aux avant-postes. J’ai toujours été dans les bons coups même si je n’ai pas toujours été le meilleur partout mais au final, je passe en tête à Portsall. C’était important car je savais que ça partirai par devant à un moment ou à un autre. Dans le golfe de Gascogne, une fois traversée la dorsale, c’était les premiers qui touchaient le vent. Plus on avançait et plus ça allait vite. Au fil de la journée, je voyais les bateaux derrière moi devenir plus petits, je savais que c’était bon signe.
Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro
Dans la complexité Pas facile à déchiffrer d’autant que la météo n’a pas forcément été celle qu’on attendait pendant les premières 48 heures. Il y a vraiment eu de tout sur cette étape, c’était assez complet. Je suis d’autant plus content de l’avoir gagnée celle-là. Elle était compliquée et longue. J’ai senti qu’à un moment j’avais mérité cette victoire, car j’ai fait quasiment la moitié de la course en tête.
Dans l’application et l’envie Je n’avais pas forcément la rage au ventre, c’était surtout l’envie de bien faire sur l’eau, de ne pas faire d’erreur. J’étais vraiment concentré sur ce que je faisais. A chaque fois que je prenais une décision, je pesais le pour et le contre. Cette nuit, quand il a fallu empanner, il ne fallait pas se tromper, j’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à tout ça. Pour gagner, il faut être présent sur tous les coups. Il faut prendre les bonnes décisions et parfois, on a une minute pour les prendre…
Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro
Yann Eliès (Generali-Europ Assistance, 2e à 14’32’’) :
« L’alarme ne s’est pas mise en route et j’ai fini à la côte. C’est une grosse erreur, j’hypothèque peut-être mon Figaro là-dessus alors qu’aujourd’hui, je serai idéalement placé. Mais c’est le jeu, ça fait partie des histoires de La Solitaire du Figaro. Après, je me suis dit qu’il fallait faire comme Damian Foxall en 1999. Il était tombé à l’eau. On l’avait ramené sur son bateau et il s’était dit qu’il fallait gagner la manche et il l’avait gagnée. Mon objectif, c’était ça, la gagner et je ne suis pas loin. Je n’ai pas à rougir de ma course. J’ai super bien navigué, je suis content de moi. Ca n’a pas été facile de se remettre de mon échouement sur la plage. J’ai bien compris qu’il s’était passé quelque chose de grave et que ce n’était pas bien pour la course. J’ai eu le sentiment que c’était terminé. Je me suis même demandé s’il fallait que je continue et puis j’ai réussi à rebondir. Ce qui veut peut-être dire que j’ai du caractère.
Stratégie claire Pour le golfe de Gascogne, le briefing de Jean-Yves Bernot nous a bien aidé. J’avais la situation bien en tête. Je sais qu’il y en a qui aiment bien faire tourner des routages, mais pour moi le scénario était clair. J’ai allumé l’ordinateur pour passer dans les cailloux mais c’est tout, je n’ai jamais fait tourner un routage. Après, quand on a un lièvre comme Armel et qu’on a la vitesse, il n’y a pas grand-chose à tenter de plus.
Des rebondissements dans tous les sens C’est vrai que le secteur Le Havre / le raz de Sein a été incroyable, ça a été vraiment une des plus belles tranches de régate que j’ai eu à faire. Il y a eu des rebondissements dans tous les sens, des coups osés. C’était sympa à faire et en même temps, je me sentais à l’aise là-dedans: les courants, les cailloux, c’est mon truc. Donc, j’ai pris beaucoup de plaisir.
Jury On va attendre Brest la décision du jury pour savoir à quelle sauce je vais être mangé. Il va falloir que je porte ça jusqu’à l’arrivée mais ce qui est sûr, c’est que j’ai encore envie de me battre. Je me sens à l’aise, je sens que je peux faire quelque chose de bien. Je suis confiant. »
Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro
Eric Peron (Skipper Macif 2009, 3e à 22 minutes et 50 secondes) :
« J’étais dans le bon tempo dès le début, tout allait bien. Après une petite boulette au large des côtes bretonnes je suis revenu à l’attaque dans le Four. J’étais bien aussi aujourd’hui. J’y croyais… j’étais bien revenu sur Armel et puis hop, le vent est arrivé et il s’est échappé. Mais bon, je suis très content de cette place. D’autant qu’il y a un peu d’écart derrière donc c’est parfait pour la suite. Cette étape c’est pour le moment mon meilleur souvenir de toutes les étapes de Figaro que j’ai faites, c’était magique. Il y avait un mélange de tactique, de stratégie. Les conditions étaient vraiment clémentes donc on a pu s’éclater. Il y avait des coups à jouer tout le temps, sans arrêt. Et puis c’était épuisant, mine de rien. On en a parlé un peu à la VHF. Les hallucinations, tout ça. Je croyais que j’avais la musique allumée alors qu’elle était éteinte. Après, je m’endormais et je croyais que j’étais sur l’autre bord. Ce n’est pas évident d’aller dormir car on a envie de ne rien rater, chaque mètre, chaque seconde… Ca rassure quand on réussi trois ou quatre coups tactique d’affilée, on se dit bon, je suis dans le match, le bateau va bien, le bonhomme aussi. Après, tout s’enchaîne. Je suis en confiance. Je savais où j’en étais avant de venir sur La Solitaire mais là, maintenant, je sais que je n’ai plus rien à craindre des autres. Et je m’autoriserai à rêver… Comme tout le monde ! »
*Un classement qui s’entend avant Jury. Celui-ci statuera notamment sur le cas de Yann Eliès lors de la session prévue à Brest.
Source : La Solitaire