La Solitaire du Figaro / Sylvain Mondon : " Ils ont fait le plus facile" (Vidéo)

Sous spi depuis l’aurore, les 45 solitaires, à la latitude de Belle-Ile, plongent bon train vers le sud, emmenés par un trio composé d’Armel Le Cléac’h, Yann Eliès et Thomas Rouxel. Mais la hiérarchie est hautement instable et évolue à chaque classement. La course au portant est passionnante et va bientôt devenir épuisante. Dans le golfe de Gascogne, une dorsale ventrue guette les marins. Il faudra la franchir et se coltiner de longues heures de petit temps. Gijón est encore bien loin…

Crédit : Courcoux Marmara / Le Figaro

C’est la mi-parcours. En distance. Mais vraisemblablement pas en temps. Car les 45 Solitaires attaquent aujourd’hui ce qui s’avère finalement être le plus gros dossier de cette première étape de 515 milles : un golfe de Gascogne occupé par une vaste dorsale, synonyme de calmes. Les derniers routages prédisent au moins 50 heures de spi et d’empannages dans le petit temps. Les premiers concurrents sont attendus à Gijón, tenez-vous bien, entre le samedi 31 juillet 18 heures et le dimanche 1er août 6 heures…

« Se donner des baffes »
En course, la panne de carburant est souvent plus redoutée que l’excès de vent. Se retrouver planté au bord de la route, les voiles faseyantes, avec la peur de voir ses adversaires démarrer sur la voie d’à côté est une situation épuisante pour les nerfs. Et pour les organismes. Pas question d’aller dormir, il faut veiller pour faire marcher, choisir où empanner pour ne pas se faire prendre dans les tentacules de l’anticyclone. Le manque de « zef » appelle parfois l’excès de zèle. Déjà éprouvés par 48 heures de course côtière entre la Normandie et la Bretagne, les coureurs vont devoir puiser dans leurs ressources et « se donner des baffes » comme disait Jérémie Beyou ce matin, pour rester éveillés et pertinents sur les 230 milles de chemin vers Espagne. « Ils ont fait le plus facile » résume laconiquement Sylvain Mondon de Météo France….Et pour recharger les batteries avant la pétole, c’est un peu aujourd’hui ou jamais. Ce jeudi après-midi, alors que les concurrents perdent de vue les côtes françaises et que le soleil fait enfin son apparition, le vent de nord-ouest souffle autour des 15 nœuds et dans une houle en formation, certains Figaro 2 s’offrent encore de jolis surfs… Demain vendredi, ce ne sera plus tout à fait le même décor.


Sous spi, à la lutte, jusqu’au bout
Après deux jours de louvoyage, 45 spis comme autant de touches colorées ont éclos au petit matin du côté de Ouessant. Entre les chenaux et les îles, les partisans de la côte ou les dissidents du large, la bagarre suit son cours. Pour l’instant, elle n’a abouti qu’à une sorte de match nul, laissant intacts les espoirs des protagonistes. Tout le monde enchaîne bons et mauvais coups stratégiques. Depuis le premier pointage du matin, la hiérarchie a aussi connu de sacrés remaniements. Certains marins ont fait des bonds et des chutes de 10 ou 15 places entre chaque classement. Quelques-uns confessent même y perdent leur latin. Armel Le Cléac’h, quant à lui, semble maîtriser la situation. Parfaitement dans le coup le long des côtes bretonnes, le pilote de Brit Air, en tête d’escadrille, emmène son petit monde, moins d’un mille devant Yann Eliès*.  Dans ce top 5 suivent dans l’ordre Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne), Eric Peron (Skipper Macif 2009) et Karine Fauconnier (Eric Bompard Cachemire) auteur d’une superbe remontée.

La flotte s’est répartie d’Ouest en Est sur une quinzaine de milles. Jérémie Beyou (BPI), Gildas Morvan (Cercle Vert) et Yoann Richomme (DLBC) ont choisi de se démarquer au large mais ne sont pas les plus extrêmes dans cette position. A l’opposé, Nicolas Lunven (Generali) et Sébastien Josse (Vendée) glissent plus près des côtes. En distance au but, on trouve encore 25 bateaux en moins de 5 milles. Seuls Louis-Maurice Tannyères (St Ericsson), unique concurrent à avoir emprunté le Fromveur ce matin et le Portugais Francisco Lobato (ROFF/Tempo-Team) qui n’est jamais parvenu à refaire son retard du départ, sont distancés à 21 et 28 milles des leaders. Malheureusement pour eux, cet écart va se creuser car le vent profite à la tête de course.

Demain vendredi, un nouvel écueil attend la flotte aux abords de la dorsale. Pour reprendre les mots de Karine Fauconnier et de ses compagnons de route : « tout se jouera dans le golfe de Gascogne ».

*L’échouement de la veille au soir sur la plage de Primel (Finistère) n’est donc plus qu’un vieux souvenir pour le skipper de Generali-Europ Assistance. Son cas (déplombage et utilisation du moteur pour se déséchouer) sera jugé à Brest. Ayant agi pour la sécurité de son bateau, il ne risque pas une disqualification, mais à coup sûr une pénalité en temps qui, selon le Jury de La Solitaire, se montera au minimum à 30 minutes.

Source : la Solitaire