La Solitaire du Figaro / Nicolas Lunven : "Le challenge humain est colossal" (ITW)

Le navigateur Vannetais Nicolas Lunven aborde à 27 ans sa quatrième participation à la Solitaire du Figaro, avec sur le dos la parfois très encombrante étiquette de favori de l'épreuve. Impressionnant vainqueur l'an passé, le skipper de Generali vient de clore une première partie de saison 2010 conforme au rang de ténor de la Classe où d'aucun se sont empressés de le répertorier, avec une probante victoire dans la Solo "Les Sables". C'est pourtant un jeune marin tout en humilité et simplicité qui arpente depuis le début de la semaine les pontons du Havre. Nulle pression chez ce marin qui avance avec sagesse et réflexion dans une carrière qu'il sait pavée de désillusions. Disséquée, décryptée, et digérée, sa victoire à Dieppe en 2009 est désormais rangée au plus profond de ses souvenirs.

Crédit : E Allaire
Sérénité
"Ma victoire en 2009 dans la Solitaire du Figaro m'a surtout apporté plus de sérénité dans ma manière de naviguer. Je me considère pourtant toujours en apprentissage. C'est une chose que j'ai constatée au contact de mes "maîtres", Jean Le Cam ou Michel Desjoyeaux ; en voile, on n'a jamais fini d'apprendre. Souvent en mer, la conjugaison des problématiques techniques ou maritimes débouche sur d'insolubles équations, qu'il faut pourtant résoudre. Je suis en recherche permanente d'éclaircissements. La Solitaire du Figaro est pour tout marin un champ d'expérimentation fantastique. Il me reste tant à apprendre ! Je dois progresser dans tous les domaines de la navigation en flotte et au contact, lors des phases de départ, des passages de bouées de dégagement... Peu de marins sont des stratèges nés. Il me faut naviguer toujours davantage car c'est sur l'eau que s’acquièrent les réflexes du régatier. La Météo, avec les outils de décryptage plus en plus sophistiqués à la disposition des coureurs, est un autre champ de compréhension qu'il me faut investir. Ma victoire a créé en moi une dynamique, une envie terrible d'aller toujours de l'avant. Je ne m'octroie aucun statut. La mer se fout des hiérarchies. Chaque course est une nouvelle expérience, et je retrouve naturellement en 2010 les interrogations, les problématiques qui étaient les miennes en 2009 à la veille du départ. C'est un état d'esprit salutaire ; si tout allait bien, c'est forcément que j'aurais oublié quelque chose..."

Les statistiques sont contre moi !
"Qu'espérer au départ d'une nouvelle édition que l'on vient de remporter? Les statistiques jouent contre moi. Je pars donc avec des objectifs mesurés en termes de résultat même si une victoire d’étape peut être un but (cela n’est jamais arrivé à Nicolas). Comme chaque année, lorsque l'on regarde le plateau, 10, 15 noms sautent aux yeux pour la victoire finale. La Solitaire du Figaro demeure année après année un formidable concentré de compétences, et une bataille à couteaux tirés entre les meilleurs solitaires du moment, tous terriblement proches en valeur intrinsèque les uns des autres. Je vais donc d'abord chercher la manière avant le résultat. Je sais avoir ces dernières années élevé mon niveau. Je ne veux pas inverser la courbe de ma progression. C'est là quelque chose que j'ai retenu de ma Transat AG2R du printemps dernier avec Monsieur Le Cam (6ème à Saint Barth) ; expérimenter toujours, pour continuer à progresser."

Y a d'la joie !
« Partir seul en mer, pour un mois de compétition acharnée, constitue à mes yeux un bonheur rare. Au large ou au plus près des côtes, nous allons rencontrer toutes sortes de difficultés, qu'il faudra solutionner à vue de concurrents redoutables. Le challenge humain est colossal. Pas de répit à attendre. Il faut anticiper sur les décisions techniques et stratégiques à venir, à court ou long terme, mais aussi disposer en permanence de tous ses moyens physiques et mentaux pour avoir en toutes circonstances le bon réflexe. L'exercice est rude. Il ne me fait plus peur. Il me stimule. Il me tarde d'y être. »

Source : Générali